La province de Zagora, en proie à une grave crise hydrique, subit les conséquences de cultures intensives non adaptées, comme celle de la pastèque rouge. Face à la dégradation des oasis et à l'exode rural, les appels des associations pour des mesures strictes restent sans effet concret, aggravant une situation déjà critique. La province de Zagora traverse une crise hydrique sans précédent, exacerbée par les effets combinés des changements climatiques et d'une sécheresse persistante qui affecte la région depuis plusieurs années. Le climat de plus en plus erratique a conduit à des périodes de chaleur extrême, une pluviométrie réduite et des températures plus élevées que la normale. Autrefois confrontée à une simple pénurie d'eau, la région se trouve désormais en proie à un véritable déficit hydrique, menaçant gravement ses écosystèmes et sa capacité de production agricole. Cette situation alarmante résulte non seulement de ces changements climatiques, mais aussi d'une surexploitation des ressources en eau, en grande partie causée par l'introduction de cultures intensives et non adaptées, comme celle de la pastèque rouge, qui consomment d'énormes quantités d'eau. Ces cultures, totalement étrangères à l'écosystème local, ont profondément modifié le paysage de la région. Elles ont contribué à la dégradation des oasis, une zone emblématique de la province, entraînant une réduction significative de leur superficie. Les oasis, auparavant verdoyantes et source de biodiversité, se sont peu à peu asséchées, menaçant ainsi non seulement la faune et la flore locales, mais aussi les sources d'eau souterraines. L'irrigation excessive nécessaire à la culture de la pastèque rouge a également asséché les nappes phréatiques, aggravant la crise de l'eau. Ces perturbations écologiques ont des répercussions dramatiques sur les cultures traditionnelles, notamment les dattiers, qui, bien que résilients, ne peuvent survivre à un manque d'eau prolongé. Cette culture, symbolique de la région et principale source de revenu pour de nombreuses familles, est désormais menacée par la concurrence des cultures intensives. De plus, de nombreuses familles ont été contraintes de migrer, à la recherche de meilleures conditions de vie ailleurs. Ce phénomène d'exode rural a renforcé la pression sur les zones urbaines voisines, et la région de Zagora se trouve de plus en plus dépeuplée, ce qui aggrave encore la situation économique et sociale. Dans ce contexte critique, l'Association Les Amis de l'Environnement s'est mobilisée pour alerter les autorités. Elle a déclaré à Maroc Diplomatique avoir saisi le gouverneur dès août dernier, exigeant une interdiction stricte des cultures de pastèques et de melons dans la région. Selon l'association, ces pratiques agricoles ne sont pas « naturelles » à Zagora et nuisent gravement aux cultures stratégiques, telles que celle des dattiers. Considérée comme emblématique de la région, la culture des dattiers constitue également une source de revenu essentielle pour de nombreuses familles locales. Malgré l'adoption de deux arrêtés par le gouverneur lors de la précédente saison agricole, l'association déplore que ces cultures intensives continuent de prospérer. Pire encore, l'extension de ces cultures, loin d'être freinée, semble s'accélérer, exacerbant la pression sur les réserves en eau de la région. L'association appelle donc à une intervention urgente des autorités pour stopper cette tendance et préserver à la fois les ressources hydriques et la durabilité de l'agriculture locale. À titre de comparaison, les provinces voisines de Tinghir et Tata ont pris des mesures beaucoup plus fermes, optant pour une interdiction totale des cultures des pastèques et des melons. Ces décisions, bien que courageuses, soulignent le manque de mesures suffisamment strictes à Zagora, où la situation continue de se détériorer. L'exemple de ces provinces pourrait servir de modèle pour une gestion durable des ressources naturelles et pour protéger les écosystèmes fragiles de la région, tout en assurant un avenir plus prospère pour ses habitants.