Le torchon brûle entre le Mali et l'Algérie, deux nations jusqu'alors partenaires dans la lutte contre le terrorisme au Sahel. Une violente altercation diplomatique vient d'éclater à la tribune de l'ONU où le Colonel Abdoulaye Maïga, ministre d'Etat malien, a fermement condamné l'ingérence de l'Algérie, accusant son voisin du Nord de dépasser les limites de la diplomatie. La genèse de la crise entre Bamako et Alger est liée aux accusations portées par le ministre des Affaires étrangères algérien, selon lesquelles les forces maliennes, prétendument appuyées par des russes, auraient causé la mort de civils lors d'opérations menées par drones. Le Colonel Maïga n'a pas tardé à répliquer, fustigeant ces ingérences jugées inacceptables et s'élevant contre les commentaires perçus comme une tentative d'Alger de s'immiscer dans des affaires purement internes au Mali. Lors de son discours, le Colonel Maïga a évoqué sans détour les événements marquants qui ont conduit à la déstabilisation actuelle de la région. Il a rappelé que « le drame du Mali remonte à l'allégeance du Groupe Salafiste pour la Prédication et le Combat (GSPC) à Al-Qaida en 2006, mouvement d'origine algérienne, qui a été exacerbé par l'intervention militaire de l'OTAN en Libye en 2011 ». Selon Maïga, le régime d'Alger aurait échoué à contenir ce phénomène, laissant s'infiltrer des éléments déstabilisateurs entraînant le chaos dans le vaste bassin sahélien. Le Colonel a également rappelé la fin de l'Accord d'Alger le 25 janvier 2024, marquant un tournant décisif dans les relations bilatérales. « L'accord est bel et bien mort », a-t-il déclaré, ajoutant que toute tentative algérienne de le ressusciter serait futile. Véritable coup de semonce, il a averti : « Pour chaque coup, le Mali répondra de manière proportionnée ». S'adressant directement au président algérien, Abdelmadjid Tebboune, le Colonel Maïga a utilisé des mots forts pour dénoncer ce qu'il appelle l'hypocrisie d'offrir « gîte et couvert » à des terroristes sur le territoire algérien. Cette déclaration, visant clairement les refuges supposés fournis par l'Algérie à des insurgés maliens, jette une ombre sur les relations de voisinage. Maïga a exhorté les dirigeants algériens à se rappeler des liens historiques qui unissent Maliens et Algériens, particulièrement la contribution du Mali à la guerre de libération algérienne. Insistant sur le fait que le Mali ne doit en aucun cas être perçu comme une wilaya ou une simple province de l'Algérie, il a lancé un appel vibrant pour que la souveraineté malienne soit pleinement respectée. Cette crise marque un point d'inflexion dans les relations diplomatiques entre le Mali et l'Algérie. Alors que la région est en proie à l'insécurité, il reste à voir comment Alger réagira aux propos enflammés de Bamako, et surtout, quelles seront les implications pour la stabilité du Sahel. L'histoire retiendra sans doute cette confrontation verbale à l'ONU comme un moment charnière où le Mali a revendiqué haut et fort sa volonté de s'affranchir de toute tutelle extérieure, affirmant sa souveraineté face aux tentatives d'ingérence. Pour Alger, c'est un camouflet diplomatique de plus.