Le Maroc affronte une crise sans précédent dans le secteur céréalier. En proie à une sécheresse depuis six ans, la Royaume doit se résoudre à importer jusqu'à 75 % de ses besoins annuels en céréales, soit plus de 10 millions de tonnes. Ce triste constat met en exergue l'absence d'une politique céréalière claire et efficace sous le gouvernement d'Aziz Akhannouch. La campagne agricole de 2023-2024 s'annonce désastreuse. Avec une production céréalière prévue autour de 2,5 millions de tonnes, soit une chute vertigineuse de 54 % par rapport à l'année précédente, le Maroc replonge dans les affres de la crise de 2007. Cette année-là, seulement 2,4 millions de tonnes avaient été récoltées, une situation alarmante qui n'a, semble-t-il, pas suffi à inciter une restructuration durable du secteur agricole. Le principal acteur pointé du doigt reste la politique gouvernementale, jugée inexistante ou du moins inadéquate face à la gravité de la situation. Le règne climatique défavorable impose une refonte stratégique, qui se fait toujours attendre. La désertification progressive et la multiplication par cinq de la fréquence des sécheresses ces dernières décennies exigent une réponse urgente que le gouvernement ne semble pas prêt à fournir. Cette situation se répercute lourdement sur l'économie nationale. Selon le Haut-Commissariat au Plan, les activités agricoles ont décru de 5 %, pesant sur un PIB auquel le secteur contribue à hauteur de 14 %. La superficie ensemencée a également diminué de 42,5 %, tombant à 2,5 millions d'hectares, un indicateur supplémentaire de la crise qui étrangle le monde rural et les petits exploitants. Lire aussi : L'ONICL lance un nouveau système déclaratif pour les céréales et légumineuses L'inquiétude est d'autant plus grande que les marchés mondiaux ne sont pas non plus propices. La guerre en Ukraine et les conditions climatiques similaires dans d'autres régions productrices ont propulsé le prix du blé à son plus haut niveau en neuf mois, compliquant davantage l'accès à cette ressource stratégique pour le Maroc. Les contrats à terme sur le blé, notamment à la Bourse de Chicago, ont connu une hausse de 3,3 %, impactant directement la facture des importations marocaines. En tentant de pallier la faiblesse de la production de blé, le Maroc s'oriente vers des cultures plus résistantes, comme l'orge. Cependant, ce changement ne peut être qu'une mesure temporaire, si des solutions pérennes et ambitieuses ne sont pas adoptées. Les 1,2 million d'agriculteurs céréaliers marocains attendent de nouvelles directives qui restent dans les limbes de l'action gouvernementale. Cependant, les acteurs du marché interpellent le gouvernement à prendre de sérieuses décisions pour élaborer une politique céréalière à long terme, impliquant non seulement des investissements technologiques mais aussi une meilleure gestion des ressources en eau. Un renforcement de l'accompagnement technique et économique des agriculteurs est de mise, afin de favoriser des pratiques agricoles durables et résilientes face aux défis climatiques croissants. L'histoire ne plaide pas en faveur de l'inaction. Pendant ce temps, et bien que des activités non agricoles aient enregistré une augmentation de 3,2 %, portées par les industries extractives, le principal moteur de l'économie nationale est sérieusement enrayé. La communauté internationale, alertée par cette crise, suit attentivement l'évolution de la politique intérieure du Maroc, espérant des réformes qui introduisent plus de résilience dans un secteur crucial. En l'absence de réponses claires de la part du gouvernement Akhannouch, le pays se retrouve au bord d'une crise alimentaire aux conséquences économiques et sociales potentiellement dévastatrices. Face à une communauté agricole exaspérée et un climat qui ne laisse aucun répit, le Maroc doit impérativement réfléchir à son avenir et à sa capacité de garantir l'autosuffisance alimentaire dans un environnement de plus en plus précaire.