Des experts et responsables politiques africains ont souligné, jeudi à Tanger, la nécessité de réformer le Conseil de sécurité de l'ONU (CS-ONU) et d'œuvrer à améliorer les mécanismes de financement des organisations régionales au sein du continent. Lors d'une table ronde placée sous le thème « CS-ONU, CPS-UA, CERs et interventions étrangères: Quelles stratégies pour mieux faire face aux multiples crises actuelles et construire la souveraineté stratégique de l'Afrique? », organisée dans le cadre de la 15è édition du Forum international MEDays, les participants ont plaidé pour une refonte du conseil de sécurité de l'ONU, afin d'inclure le continent africain et d'adapter le conseil aux changements de paradigmes dans la géopolitique internationale. Les experts ont également indiqué que les organisations régionales au sein du continent, ainsi que l'Union africaine, peinent à agir efficacement pour faire face aux différentes crises auxquelles font face les pays africains, notamment à cause d'un manque de ressources financières qui limitent leurs actions. Intervenant à cette occasion, le ministre tchadien des affaires étrangères, des Tchadiens de l'étranger et de la coopération internationale, Mahamat Saleh Annadif, a dénoncé un certain rapport de force au sein du CS-ONU, qui empêche la prise de certaines décisions, en pointant du doigt « la politique de deux poids, deux mesures » de l'institution internationale. Lire aussi : Compensation: les dépenses ramenées à moins de 8 MMDH en 2026 Le ministre s'est également interrogé sur le leadership du Conseil onusien, ainsi que de la Cour pénale internationale, qui « visent à protéger les Etats et les populations, mais s'attaquent essentiellement aux petits Etats », appelant à une réforme de ces institutions pour une prise de décision plus juste et plus équitable. De son côté, le ministre-conseiller du président de la République du Sénégal, Mankeur Ndiaye, a estimé que la question de la réforme du Conseil de sécurité est complexe et difficile à mettre en place, nécessitant une ratification de tous les pays et dépendant des cinq membres permanents du Conseil. Au niveau continental, M. Ndiaye a mis en avant la multiplicité des organisations régionales africaines, qui dépassent largement le nombre de régions dans le continent, ce qui provoque un chevauchement dans leurs prérogatives, appelant à repenser leurs missions et à les rationaliser pour une plus grande efficacité. Pour sa part, l'ancien ministre des affaires étrangères, de la coopération et des Burkinabès de l'extérieur, Alpha Barry, a indiqué, qu'à l'instar du G5 Sahel qui s'est « heurté aux défis des moyens financiers et à la méfiance des Etats africains, ou du plan d'action de l'UA pour le Sahel qui n'a jamais abouti », l'organisation panafricaine ainsi que son conseil de paix et de sécurité sont limités par leur manque de financements, qui comptent essentiellement sur des ressources étrangères, ce qui mine leur autonomisation. Sur cette question de financement, l'ancien ministre kényan des affaires étrangères, Raphael Tuju, a souligné que les paradigmes géopolitiques sont basés sur un rapport de force économique, notant que si le continent africain a un poids économique important, alors « la justice aurait été de son côté » au niveau des institutions internationales. Organisée par l'Institut Amadaeus, cette édition du Forum MEDays, qui se tient, du 15 au 18 novembre, sous le Haut Patronage de SM le Roi Mohammed VI, réunit plus de 200 intervenants de très haut niveau, parmi lesquels des chefs d'Etat et de gouvernement, des décideurs politiques, des chefs de grandes entreprises internationales et des personnalités internationales de premier plan venus de plus d'une centaine de pays.