RPS, une société de conseil en environnement basée au Royaume-Uni, a annoncé avoir obtenu un contrat d'assistance au projet de gazoduc Nigeria-Maroc, une initiative ambitieuse visant à alimenter l'Afrique de l'Ouest et l'Europe en gaz naturel nigérian. Le contrat, attribué par l'Office national des hydrocarbures et des mines (ONHYM) du Maroc et la société publique nigériane du pétrole (NNPC), porte sur la mesure des conditions météorologiques et océanographiques en mer le long du tracé proposé pour le gazoduc pendant un an. L'équipe de MetOcean de RPS apportera son soutien depuis le nouvel atelier MetOcean de RPS à Newbury, au Royaume-Uni. Le projet de gazoduc Nigeria-Maroc, qui a été conçu politiquement en 2016 lors d'une visite d'Etat du roi du Maroc Mohammed VI au Nigeria, prévoit la construction d'une extension vers le Maroc du gazoduc ouest-africain (GOA) en fonctionnement depuis 2010, qui relie les zones gazières du sud du Nigeria au Bénin, au Togo et au Ghana. Le gazoduc devrait traverser 15 pays ouest-africains jusqu'au Maroc, puis rejoindre l'Espagne et l'Europe via la Méditerranée. Lire aussi : Les startups africaines défient la crise du capital-risque Soutenu par l'OPEP avec l'accord de 13 pays d'Afrique de l'Ouest, le projet de gazoduc vise à stimuler l'accès à l'énergie dans la région, en monétisant les ressources en gaz naturel, en garantissant la sécurité énergétique, en favorisant la transition énergétique avec des carburants plus propres et en établissant une voie d'exportation alternative vers l'Europe. Le projet pourrait également renforcer la coopération régionale et la relation Sud-Sud entre le Maroc et le Nigeria, deux puissances économiques africaines. Le coût total du projet est estimé entre 25 et 30 milliards de dollars. Le gouvernement fédéral nigérian a donné son accord en juin 2021 pour que la NNPC conclue un accord avec la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) pour la construction du gazoduc. La NNPC a indiqué sa volonté de commencer la construction à partir de la prolongation du GOA. Le projet peut être conçu en différentes phases, ce qui permet de réduire les besoins initiaux en financement. Toutefois, la question du financement reste cruciale et aucun accord n'a été conclu à ce jour avec les banques ou les institutions financières régionales ou internationales. Le Nigeria, membre de l'OPEP, dispose d'énormes réserves en gaz, les premières en Afrique et les septièmes au niveau mondial. Le Maroc, quant à lui, cherche à diversifier ses sources d'énergie et à réduire sa dépendance aux importations. L'acheminement du gaz nigérian à l'Afrique du Nord alimente depuis longtemps de nombreux intérêts, l'Algérie ayant notamment mené des discussions en 2002 pour un projet similaire de pipeline traversant la région du Sahel. Le projet de gazoduc Nigeria-Maroc est donc un projet stratégique pour les deux pays et pour la région, mais il présente aussi des défis techniques, financiers et géopolitiques. Sa réalisation pourrait prendre plusieurs années, voire décennies.