Quelque 90 organisations (syndicats, associations, collectifs ou partis politiques) en France ont appelé à la tenue samedi de « marches citoyennes » pour exprimer « deuil et colère » et fustiger les politiques jugées « discriminatoires » contre les quartiers populaires, après la mort du jeune Nahel par un policier, qui a provoqué une vague d'émeutes dans tout le pays. Ces organisations mobilisées « pour le maintien des libertés publiques et individuelles« , demandent que le « gouvernement prenne ses responsabilités et apporte des réponses immédiates pour sortir de l'affrontement« , selon un communiqué de l'Union syndicale Solidaires, diffusé mercredi. « Notre pays est en deuil et en colère. Le meurtre de Nahel tué par un policier à bout portant à Nanterre, a mis à nu les effets de décennies de politiques publiques discriminatoires et sécuritaires ciblant notamment les quartiers populaires et la jeunesse qui y grandit et particulièrement les personnes racisées et précarisées« , note le communiqué. Parmi les mesures demandées par ces organisations, classées à gauche, figure une réforme « en profondeur » de la police, de ses techniques d'intervention et de son armement, l'abrogation de la loi de 2017 sur l'assouplissement des règles en matière d'usage des armes à feu par les forces de l'ordre, et le remplacement de l'Inspection générale de la Police nationale (IGPN) par un organisme indépendant de la hiérarchie policière et du pouvoir politique. Lire aussi : Résumé des dommages et du coût des émeutes en France (Agences) Elles veulent aussi la création d'un service dédié aux discriminations touchant la jeunesse au sein de l'autorité administrative présidée par le Défenseur des droits et le renforcement des moyens de lutte contre le racisme, y compris dans la police. Pour ces organisations, « les révoltes qui ont secoué les quartiers populaires » depuis la mort de Nahel, un adolescent de 17 ans tué par un policier à Nanterre (région parisienne), sont la résultante d'un « abandon de ces populations » et de « décennies de dérives » d'une politique du maintien de l'ordre, de lois sécuritaires et de mesures d'exception. Elles mettent aussi en cause « le racisme systémique qui traverse l'ensemble de la société » et qui n'est toujours pas éradiqué. Et de noter que l'apaisement durable n'est possible que si le gouvernement prend les mesures nécessaires pour répondre à l'urgence de la situation et aux exigences des populations concernées. Parmi les signataires du communiqué, figurent la Confédération générale du travail (CGT), l'Union Syndicale Solidaires, La France insoumise (LFI), Europe Ecologie Les Verts (EELV), Amnesty International France, la Ligue des droits de l'Homme (LDH) et Greenpeace France. En attendant les « marches citoyennes » prévues samedi, les organisations invitent à rejoindre « dans l'immédiat » les rassemblements et marches autour de ces revendications, partout dans le pays à partir de mercredi.