Les récentes tensions sur les marchés ont rendu plus incertaines les perspectives d'inflation dans la zone euro, selon la Banque centrale européenne (BCE). « L'exposition des banques de la zone euro aux obligations à haut risque du Credit Suisse est très limitée. De plus, dans l'Union européenne, les actionnaires absorbent toujours les pertes en premier », a indiqué Frank Elderson, membre du directoire de la BCE. « Le système bancaire de la zone euro est solide et résilient. Ses niveaux de capital et de liquidité sont solides. Nous avons mis en place le régime réglementaire post-crise, avec un encadrement rigoureux. De plus, la BCE se tient prête et dispose des outils nécessaires pour fournir des liquidités au système si nécessaire », a-t-il souligné. Ainsi, « l'inflation est trop élevée et nous devons la réduire. C'est ce qui a motivé le resserrement de notre politique monétaire », a relevé M. Elderson, notant que la stabilité financière est une condition préalable à la réalisation de la stabilité des prix, car elle est nécessaire à la bonne transmission de la politique monétaire. Lire aussi : Zone euro : Nouveau ralentissement du crédit aux entreprises en février (BCE) Les dernières projections de la BCE, finalisées début mars, prévoient une inflation globale à 2,1% vers fin 2025 et une inflation sous-jacente un peu plus élevée, à 2,2%, a-t-il fait noter, ajoutant que ces projections sont basées sur des hypothèses techniques avec une date butoir du 15 février et ne tiennent donc pas compte des évolutions récentes du marché. « Si elle s'enracine, la forte inflation que nous connaissons dans la zone euro causera des dommages considérables à l'économie et affectera principalement les plus défavorisés. La BCE doit la contrer. C'est notre mandat. Et notre principal outil de lutte contre l'inflation, ce sont les taux d'intérêt », a poursuivi M. Elderson dans une interview à El País, publiée sur le site de la banque. Et d'ajouter: « Une politique monétaire restrictive réduit l'inflation en supprimant la demande globale excédentaire. Cela conduit à un certain ralentissement économique à court terme, mais à moyen et long terme, la société dans son ensemble profite de la baisse de l'inflation. La stabilité des prix est une condition préalable à une croissance durable ». « Les taux d'intérêt sont actuellement le principal instrument que nous ajustons dans la poursuite de notre mandat de stabilité des prix, guidés par notre fonction de réaction. En complément, nous continuerons à réduire notre portefeuille obligataire de manière équilibrée », a-t-il conclu. La BCE a remonté ses taux d'intérêt à une vitesse inédite, les relevant de 350 points de base depuis juillet dernier, pour tenter de contenir une inflation ayant atteint un pic supérieur à 10% en octobre, dans le sillage de la guerre en Ukraine.