Par Claire Jones à Londres La Banque centrale européenne a réagi la semaine dernière aux craintes de défl ation au sein de la zone euro en annonçant une baisse surprise de son principal taux d'intérêt directeur au plus bas niveau de son histoire. La BCE insiste également sur le fait qu'elle avait plus d'une arme dans son « artillerie » pour empêcher la chute des prix. Mario Draghi a ainsi renforcé sa réputation du plus audacieux des présidents de la BCE. Il a annoncé d'une manière inattendue une baisse du principal taux de refi nancement d'un quart de point le ramenant à 0,25%, entrainant ainsi la chute de l'euro par rapport au dollar. Une baisse de l'infl ation enregistrée le mois dernier à moins de la moitié de la cible de la BCE située à un peu moins de 2% a accentué les craintes que la désinfl ation, voire une période de défl ation à la japonaise, pourrait s'ajouter aux malheurs économiques de l'union monétaire. Bien que la plupart des analystes pensaient que la BCE devrait attendre décembre pour annoncer la baisse des taux, M. Draghi a affi rmé que la « zone euro pourrait se trouver au seuil d'une période prolongée d'infl ation basse ». L'euro a enregistré sa plus forte baisse en près de deux ans. Bien qu'il ait récupéré plus tard une partie de ces pertes, il est resté en baisse d'environ 0,8% le 8 novembre en fi n d'après midi à Londres, s'échangeant à 1,34 $. Les investisseurs ont applaudi la décision, propulsant les valeurs européennes à leurs sommets de cinq ans, et les rendements obligataires en dégringolade. La plupart des bourses ont fi nalement renoncé à leurs gains, mais les marchés obligataires sont restés porteurs. Ken Wattret, économiste de la zone euro chez BNP Paribas, a déclaré: «La baisse des taux est une démarche bienvenue et appropriée. Si l'on distille tout le bruit autour du calendrier et de la dynamique de la décision, il s'agit d'une faible infl ation et de l'échec de la BCE à remplir son mandat ». Le soutien à la décision de la baisse n'était pas unanime parmi les 23 membres du Conseil d'administration. Jens Weidmann, président de la Bundesbank ainsi qu'une minorité ont appelé au maintien des taux en attendant au moins la publication d'une nouvelles série de prévisions économiques par la banque centrale le mois prochain. Le conseil a également décidé de continuer à fournir des quantités potentiellement illimitées de prêts bon marché aux banques de la zone euro jusqu'au second semestre de 2015, bien que le taux de dépôt que la banque centrale paie sur les réserves des prêteurs stationnées à la BCE, est resté à zéro. M. Draghi a indiqué que si l'infl ation chute au-delà de son niveau actuel de 0,7%, la BCE avait d'autres options dont notamment celle d'imposer aux prêteurs de détenir des fonds à la banque centrale, et fournir davantage de liquidités par le biais de ses opérations de refi nancement à plus long terme. Toutefois, le président de la BCE a déclaré que le conseil n'en était « pas encore là » et que des mesures autres que la baisse des taux n'ont pas été examinées en profondeur lors de la réunion. La BCE pourrait baisser ses taux à nouveau si nécessaire. M. Draghi a déclaré également que la zone euro ne souffrait pas d'une défl ation à la japonaise, et que les mesures d'anticipation des prix à moyen terme impliquaient que l'infl ation reviendrait à la cible dans les années à venir