La Banque centrale européenne a annoncé le 10 mars, le renforcement de sa politique accommodante avec l'annonce de nouvelles mesures. Plusieurs analystes et économistes doutent de l'efficacité des dites mesures avancées. La Banque centrale européenne (BCE) est déterminée à tout prix à atteindre son objectif et redonner de la croissance à la zone euro. En effet, la BCE a dévoilé il y a un peu plus d'une semaine une série de nouvelles mesures destinées à relancer l'inflation et l'activité. Une annonce conforme à ce que prévoyaient les économistes, convaincus que Mario Draghi, le président de la BCE, frapperait fort. Nouvelles mesures de la BCE Ainsi, la première mesure annoncée par le président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, qui a surpris la plupart des observateurs, est une baisse du principal taux directeur de la BCE de 0,05% à 0%. En d'autres termes, le loyer de l'argent est désormais nul. De même, le taux de prêt marginal est passé de 0,30% à 0,25%. Et si nécessaire, les taux directeurs pourraient descendre encore plus bas, a fait savoir Mario Draghi. La seconde mesure phare de la BCE consiste en un rééquilibrage de son programme de rachats de dettes publiques, avec le renforcement du quantitatif easing (QE). Entamé en mars 2015, ce dernier consistait jusqu'à la dernière modification à des rachats de 60 milliards d'euros mensuels de titres de dettes, essentiellement publics. Mario Draghi a ainsi annoncé que ces achats seront dorénavant de 80 milliards d'euros mensuels de titres par mois. Notons que l'achat des actifs sera élargi à d'autres types d'actifs, à savoir des obligations d'entreprises les mieux notées par les agences de notation. La troisième mesure clé, elle, concerne la baisse du taux de dépôt, de - 0,3 % à - 0,4%. Cela équivaut à augmenter la taxe sur les banques qui laissent dormir des liquidités à court terme auprès de la BCE. Cette mesure a pour objectif d'inciter les banques à augmenter leurs prêts à l'économie, mais en décourageant les capitaux tentés de se placer en zone euro, le taux de dépôt négatif vise également à tirer la monnaie unique à la baisse face aux autres devises afin d'encourager le commerce. Ce qui est de nature à favoriser les exportateurs européens et à augmenter le prix des produits importés. Enfin, la BCE a également lancé de nouveaux targeted longer-term refinancing operations (TLTRO), ces prêts de long terme réservés aux banques de la zone euro qui prêtent à leur tour à l'économie. Doute sur l'efficacité des mesures Plusieurs des intervenants dans la sphère économique et financière internationale, ont un doute quant à l'efficacité des nouvelles mesures entreprises par Mario Draghi car en effet depuis le lancement du (QE), la zone euro n'a pas connu d'amélioration économique et cela se reflète d'ailleurs sur sa croissance qui est proche de zéro. De même, l'inflation a du mal à revenir. Ainsi, la plupart des économistes, à l'image d'Olivier Delamarche, pointent du doigt les mesures de la Banque centrale européenne, cause essentielle d'après ce dernier de la déflation. De son côté Philippe Béchade, rédacteur en chef à la Bourse au quotidien, co-fondateur de «CercleFinance.com» et chroniqueur sur BFM-Business et Sputnik a tweeté au lendemain de l'annonce des mesures : «La BCE confirme que tout ce qu'elle met en place est un gigantesque Ponzi où le seul gagnant est la banque, qui spécule sur les dettes d'Etats». Le doute sur le retour positif de ses nouvelles mesures peut venir aussi du cas japonais. En effet, le Japon n'a cessé depuis 2011 de renforcer ses mesures de politique accommodante. Cela n'a donné au final qu'une récession du Japon et de la déflation. Pour certains experts, la BCE pourrait prendre des mesures plus agressives encore pour lutter contre ce phénomène. D'autres soulignent que les causes de l'inflation faible échappent en grande partie au champ d'action des banques centrales qui ont usé de tous les leviers pour faire face à la crise. La BCE revoit à la baisse ses prévisions d'inflation et de croissance La Banque centrale européenne a abaissé lors de son annonce des nouvelles mesures, en date du 10 mars, ses prévisions d'inflation et de croissance concernant la zone euro pour 2016 et 2017, prenant acte notamment de la faiblesse du cours du pétrole. Sa prévision d'inflation pour l'année en cours passe ainsi de 1% à 0,1% et de 1,6% à 1,3% pour 2017. Concernant la croissance du PIB, elle devrait être inférieure à ce qu'escomptait jusqu'ici la BCE, soit 1,4% en 2016 et 1,7% en 2017. Auparavant, elle tablait sur une croissance de 1,7% en 2016 et de 1,9% en 2017.