Un marché de dupes ? Occultation délibérée de l'Accord de Madrid sur la décolonisation du Sahara ; soutien international au Plan d'autonomie du Maroc ; escamotage des 18 résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU depuis 2007 ; lourde responsabilité de la France coloniale dans le partage et le tracé des frontières avec l'Algérie aux dépens et au mépris de l'intégrité territoriale du Royaume, tels sont entre autres les points essentiels que le texte publié par le Collectif d'universitaires dans « Le Monde » a explicitement rejetés avec une volonté de nous fourvoyer. Une conférence internationale pour un règlement au Sahara marocain ? A quoi bon, pourquoi faire face à l'hégémonisme et le chantage algériens que le texte en question ne cite même pas ? La publication dans les colonnes du « Monde » du jeudi 16 février d'un « appel » pour le règlement du « conflit du Sahara », signé par un collectif, nous interpelle à plus d'un titre. D'abord par le contenu du texte dont la caractéristique essentielle est une ambivalence redoutable ; ensuite par la nature des signataires dont le moins que l'on puisse dire, quelles qu'en soient les motivations, est une volonté d'occulter la réalité historique, politique et actuelle, quand ce n'est pas la méconnaître et la falsifier tout simplement. Pour ceux qui suivent l'évolution du dossier depuis toujours, l'article du « Monde » est une injure, ni plus, ni moins. Insulte à notre pays, à notre peuple, aux efforts déployés par les Nations unies, à l'Union africaine et volonté manifeste aussi de créer une inadmissible confusion dans les esprits. Des folliculaires On commencera en effet par cette incontournable interrogation : les signataires de ce texte, que représentent-ils ? De quel magistère moral sont-ils le nom ? Qui sont-ils pour venir du haut de leur prétendue condescendance nous dire les choses avec cette ostentation, tout au plus inspirée une fois par la méconnaissance, une autre par la perfidie ? Triés sur le volet, dit-on, ils ne représentent tout compte fait qu'eux-mêmes, certains d'entre eux étant caparaçonnés dans leur culture d'intrigue et d'opposition systématique, ignorant pour les uns l'histoire du Maroc, la méprisant, la combattant pour les autres. On serait tenté de dire, sans aucun scrupules, qu'ils alimentent la sinistre 5ème colonne et relèvent surtout de cette bien-pensance de la ci-devant rive gauche parisienne, morte de sa propre mort il y a belle lurette. Il y a ensuite comme une injonction lancée dès le titre de l'article et qui nous fourvoie : « Le règlement du conflit doit désormais être pensé dans le cadre d'une conférence internationale ». Le terme « doit » nous en dit long sur cette dimension moralisante propre à ceux qui se résignent mal et ne savent guère répondre à la vraie question : pourquoi le gouvernement algérien s'obstine-t-il à combattre l'intégrité territoriale du Maroc depuis bientôt cinquante ans maintenant ? Pourquoi et comment a-t-il crée le problème du Sahara ? De cette double interrogation, découle bien entendu un faisceau d'autres questionnements. Les signataires de ce texte qui transpire bien entendu une ambiguïté certaine et alambiquée – avec une objectivité feinte – ignorent-ils à ce point que la décolonisation du territoire a été réalisée un certain 14 novembre 1975, suite à l'Accord tripartite signé à Madrid par l'Espagne, le Maroc et la Mauritanie ? Les signataires invoquent sans pudeur un « vieux conflit de décolonisation » et pèchent donc par la pire mauvaise foi. Ils deviennent les avocats pro domo de la thèse algérienne qui, parlant du Sahara, n'a de cesse d'évoquer constamment « la dernière colonie » de l'histoire. Et ce faisant piétine allégrement l'Accord tripartite, pourtant entériné par l'Assemblée générale de l'ONU un 27 décembre 1975, soit un mois seulement après sa signature. Cependant, on pourrait légitimement s'interroger pourquoi la décolonisation de l'Algérie en 1962 n'avait-elle pas nécessité une « conférence internationale » ? Après une guerre de libération qui a duré huit ans ( 1954-1962) une négociation directe engagée des mois durant entre le FLN ( Front de libération nationale) et le gouvernement français avait débouché sur les accords d'Evian et décolonisé ainsi le pays. La négociation directe entre une puissance coloniale et un pays « administré », dit-on pudiquement, est un principe sacro-saint de la Charte des Nations –unies, il est d'autant plus encouragé qu'il constitue l'exemple idéal et irénique de règlement des conflits territoriaux et de frontières. Force nous est de souligner que le règlement du conflit d'Algérie en 1962 a obéi au principe de la négociation directe entre puissance occupante et pays occupé et que le Maroc et l'Espagne – avec la Mauritanie – s'étaient inscrits en novembre 1975 dans le même esprit, le précédant algérien nous servant de jurisprudence incontournable. Les signataires de l'appel publié par « Le Monde » ne peuvent pas ne pas s'en référer, à tout le moins y penser. La question est la suivante : pourquoi ce qu'il fallait tolérer pour l'Algérie – savoir la négociation directe de paix avec la France – ne le devrait-il pas l'être pour la France ? Au passage et en filigrane, pourquoi les tenants de cette conférence internationale ont-ils fugacement effleuré la question des frontières maroco-algériennes, tracées arbitrairement par le pouvoir français de l'époque, arrachant des territoires entiers au Royaume, les concédant non moins arbitrairement à l'Algérie qui, optique démentielle, a vu s'agrandir son territoire passer de 2 Millions de mètres carrés au moment de la colonisation française en 1830 à près de... 4 Millions en 1962 ? L'annexion à l'Algérie par l'Etat français des territoires marocains comme Tindouf, Bechar, Touat, Saoura, Tidikelt a fait d'elle un pays sans « limites » géographiques, le plus vaste dans le continent. Jusqu'en 1963, les populations de Tindouf, marocaines à mille pour cent, revendiquaient leur marocanité et leur attachement à notre pays, elles étaient ensuite violemment réprimées par l'ANP ( Armée nationale populaire) conduite par Houari Boumediene. Jusqu'à nouvel ordre cette question des frontières est à l'ordre du jour, quand bien même le fameux Sommet réunissant en janvier 1969 à Ifrane feux Hassan II et Houari Boumediene aurait entériné un accord tacite – disons un consensus – sur cette question, les engageant à éviter tout casus belli... Le gouvernement français d'Emmanuel Macron pourrait-il donc passer outre le mésusage de la règle de droit et reconnaître la légitimité de la revendication du Maroc ? A savoir, comme l'a fait l'Espagne en 1975, l'appartenance historique, géographique, politique, économique et anthropologique du Sahara au Royaume du Maroc ? Défenseur de toute évidence de la thèse algérienne, ne devrait-il pas, et le Comité signataire de l'appel du « Monde », Archives militaires françaises de Vincennes en main, se pencher sur la problématique des frontières du Maroc et de l'Algérie pour dégager une fois pour toutes la vérité et la sortir de ses limbes ? Enfin pourquoi dessaisir les Nations unies du dossier alors qu'elles s'efforcent depuis des décennies à trouver une solution juste et durable, à tout le moins consensuelle ? On le répète : que pourrait régler une conférence internationale que n'a pas réussi l'ONU a régler ? Il nous semble en effet qu'il s'agit-là ni plus ni moins d'un marché de dupes, une formule à l'emporte-pièce qui ne tient compte d'aucun paramètre et sacrifie davantage à l'ivresse fantasmatique d'intellectuels en « chaise longue », sans prise sur la réalité et l'irréversibilité de l'engagement concret et durable du Maroc et le tropisme expansionniste d'une Algérie prise dans son vertige de grandeur impériale.