Les bureaux de vote ont commencé à accueillir les électeurs tunisiens dimanche à 8H00 dans le cadre du second tour des élections législatives anticipées. Près de 8 millions de Tunisiens sont appelés aux urnes pour ce second tour des élections législatives anticipées, qui constituent la « dernière étape dans le cadre du processus de mesures exceptionnelles, lancé par le président tunisien, Kais Saïed, le 25 juillet 2021. Quelque 131 circonscriptions sont concernées par ce second tour des élections législatives avec un nombre total d'inscrits sur le registre électoral de 7.853.447, dont 5.827.949 inscrits volontairement. La proclamation des résultats préliminaires du deuxième tour aura lieu, au plus tard, le 1er février 2023. L'Instance Supérieure Indépendante des élections (ISIE) annoncera les résultats définitifs des élections législatives après la fin des délais de recours, au plus tard, le 4 mars 2023. Le premier tour de ce scrutin, qui s'est déroulé le 17 décembre dernier, a été marqué par une abstention record de près de 90%. A l'issue du premier tour, 23 candidats dont 3 femmes ont été élus sur les 154 sièges que compte la future Assemblée des Représentants du Peuple (parlement). Plusieurs formations politiques et organisations de la société civile avaient appelé à l'annulation du 2ème tour de ces législatives, dont sont exclus les partis politiques à la faveur d'un code électoral, « taillé sur mesure » introduisant le scrutin uninominal à deux tours. Selon un grand nombre d'organisations et d'analystes, les Tunisiens sont conscients que le futur parlement, dépourvu de toute compétence, à la faveur de la concentration de tous les pouvoirs par le président de la République, n'en sera qu'une simple boîte d'enregistrement et que les députés seront cantonnés dans un rôle de figuration. En dépit de l'ambiance délétère qui règne, l'Instance supérieure indépendante pour les élections semble est résolue à mener ce processus à son terme. En dépit des critiques acerbes qui lui ont été adressées, au sujet de sa perte d'indépendance, l'Instance met l'accent sur rôle technique estimant qu'elle n'est pas influencée par les tiraillements politiques. Le porte-parole de l'instance assure que « Nos préparatifs sont engagés et nous ne sommes pas concernés par les appels politiques qui ne nous concernent en rien ! » A rappeler que plusieurs partis et organisations nationales, dont la puissante centrale syndicale, l'Union Générale Tunisienne du Travail, ont appelé à l'annulation du second tour des législatives, estimant que l'abstention record de près de 90%, est un grand désaveu populaire pour le processus démarré le 25 juillet 2021, quand le président Kais Saïed avait gelé le Parlement et limogé son Premier ministre, s'emparant de tous les pouvoirs. En dépit de cette situation, experts et observateurs mettent l'accent sur l'opposition qui reste « faible et divisée », entre d'un côté le camp laïc et progressiste, et de l'autre le FSN, coalisé autour d'Ennahdha. Ils soutiennent que dans cette configuration, il y a peu de chances qu'elle s'unisse tant que ne sera pas résolue la question Ennahdha dont la majorité des Tunisiens la rende responsable des échecs économiques et sociaux de la dernière décennie. Pour certains partis politiques, dont le Front de Salut National, le fiasco électoral va compliquer les négociations entre la Tunisie et le Fonds monétaire international (FMI) pour un prêt de près de 2 milliards de dollars, dont le pays a un besoin urgent.