Le candidat au second tour de la Présidentielle tunisienne, Kaiss Saed, a annoncé, samedi, son intention de ne pas faire campagne et ce, pour des « raisons éthiques » liées à la poursuite de l'incarcération de son rival Nabil Karoui. « Nous avons décidé de ne pas faire campagne pour le second tour de la présidentielle, afin d'éviter l'ambiguïté liée à la question de l'absence de l'égalité des chances », a-t-il précisé dans un communiqué en référence à l'affaire d'incarcération de Karoui, détenu en prison depuis le 23 août dernier. Le candidat au second tour a ajouté qu'il est persuadé que le principe de l'égalité des chances doit également prendre en considération les moyens mis à disposition des deux candidats à la Présidentielle. « Ces moyens sont en réalité démesurément inégaux », a-t-il déploré, soulignant sa détermination à assurer, pleinement, ses responsabilités et honorer ses engagements. Dans ce sens, Kaiss Saied a réitéré son appel à la vigilance face aux « tentatives désespérées de déstabilisation du processus électoral. La campagne électorale pour le second tour de la présidentielle anticipée du 13 octobre en Tunisie, a démarré jeudi pour prendre fin le 11 octobre. Ce scrutin, qui se déroulera les 11, 12 et 13 octobre dans les circonscriptions électorales de l'étranger, opposera le candidat Kaïs Saïed, soutenu par le parti Ennahdha, au président du parti « Qalb Tounès » Nabil Karoui, arrivés respectivement premier avec 18,7 pc des suffrages et deuxième (15,5 pc) au premier tour de la présidentielle. La campagne électorale de Karoui lors du premier tour de l'élection présidentielle anticipée a été menée, en son absence, par son parti « Qalb Tounes » (au Cœur de la Tunisie). Poursuivi depuis 2017 pour blanchiment d'argent et évasion fiscale, le magnat des médias a été placé en détention préventive le 23 août. Toutes ses demandes de libération ont été rejetées jusque-là. La date de son arrestation, 10 jours avant le début de la campagne, avait suscité des interrogations sur une « instrumentalisation de la justice par le politique ». Le parti de Karoui, mais aussi l'Instance Indépendante Supérieure des élections en Tunisie (ISIE), des observateurs internationaux, et nombre de responsables politiques avaient appelé à ce que le candidat incarcéré puisse faire campagne de façon équitable pour le second tour. Au 1er tour de ce scrutin marqué par la participation de 26 candidats, au moins 70.000 agents et cadres de la sécurité nationale ont été déployés dans les différentes régions du pays, pour assurer le bon déroulement du vote. Environ 48.000 agents, qui ont été déployés dans les centres de vote, les centres de collecte, les sièges centraux et bureaux régionaux de l'Instance supérieure indépendante des élections (ISIE), ont été chargés de la sécurisation des opérations de vote et de dépouillement, des personnalités présentes, des invités, des journalistes, des observateurs et aussi de tous les candidats en lice. Les autres agents ont été déployés dans toutes les régions du pays afin de garantir la sécurité générale. Ce scrutin se déroule sous la supervision d'observateurs issus d'organismes étatiques, de la société civile et d'instances internationales attendus à travers tous les bureaux et centres du vote de la République, afin de veiller au bon déroulement du processus électoral. « Quelque 12000 observateurs sont présents à cet effet », selon l'ISIE qui fait état de la présence d'observateurs représentant notamment la Ligue arabe, le parlement arabe, l'Union européenne et l'Institut EISA, ainsi que l'Union générale du Travail tunisienne (UGTT) et les organisations de la société civile « Aatid », « Mourakiboun » et « Ana Yakidh ». Le nombre de bureaux de vote s'élève à 13.834 dont 13.450 bureaux à l'intérieur du pays alors que les électeurs tunisiens inscrits sur les listes électorales sont au nombre de 7,88 millions.