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Santé: La pénurie de médicaments s'intensifie en France
Publié dans Maroc Diplomatique le 06 - 01 - 2023

La pénurie de médicaments qui touche les pharmacies de l'Hexagone ne cesse de s'accentuer, alors que le pays fait face cet hiver à une triple épidémie: un Covid et une bronchiolite en dents de scie, et une grippe à des niveaux élevés.
Cette pénurie, à laquelle l'industrie pharmaceutique admet être confrontée de longue date, frappe désormais des médicaments largement utilisés. Deux molécules phares retiennent l'attention à savoir l'amoxicilline, l'antibiotique à large spectre principalement utilisé en cas d'otite ou d'angine bactérienne, et le paracétamol, l'antidouleur emblématique omniprésent dans les armoires à pharmacies.
Selon les laboratoires, ces ruptures de stocks en médicaments à répétition ont des origines multifactorielles, notamment la capacité de production insuffisante, les difficultés sur les lignes de production de matières premières venant principalement de Chine, actuellement confrontée à une vague épidémique de Covid-19, ou encore les défauts de qualité sur les médicaments.
« Les tensions d'approvisionnement touchant les formes pédiatriques de paracétamol et de certains antibiotiques devraient persister encore quelques semaines au moins, le temps que les mesures prises par les autorités sanitaires portent leurs fruits », avait souligné, mi-décembre, le ministère de la Santé.
Pour le paracétamol, la situation était alors toujours « complexe », et allait prendre « un peu de temps pour se normaliser sur les formes pédiatriques », avait indiqué le ministère de la Santé lors d'un point presse.
Sur les autres formes pour adultes, « la situation est devenue plus confortable », indiquait-t-il. Toutefois, la situation reste toujours alarmante, à tel point que mercredi l'Exécutif a décidé d'interdire la vente en ligne de produits à base de paracétamol et ce, jusqu'à la fin de janvier.
Interrogée par la MAP, Emma, pharmacienne à Suresnes (région parisienne), confirme que la pénurie dans sa pharmacie, comme dans plusieurs pharmacies de l'Hexagone, concerne principalement les antibiotiques les plus prescrits en France, principalement l'amoxicilline sous forme pédiatrique (buvable), qu'elle reçoit en quantités très limitées.
« Il me reste plus qu'une boîte d'amoxicilline avec un concentration très faible", regrette-t-elle, faisant savoir que les autres concentrations, qui sont souvent très sollicitées, sont en rupture depuis plusieurs mois.
Outre l'amoxicilline, la pharmacienne fait également état d'une pénurie de paracétamol, de sirop pour la toux, du Gaviscon, bien connu contre les brûlures d'estomac, et de quelques médicaments pour les maladies cardiovasculaires.
Et d'espérer que cette pénurie soit à l'origine d'une forte mobilisation des autorités et d'un changement de consommation des médicaments chez les Français, qui selon elle, pèsent inutilement sur l'offre de médicaments en période hivernale.
Pour faire face aux tensions d'approvisionnement, l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a envoyé il y a quelques semaines aux pharmaciens des indications quant à la distribution du paracétamol. Parmi elles, limiter la distribution à deux boîtes par patient en l'absence de prescription, reporter une partie des prescriptions vers des médicaments génériques et vérifier à ce que les patients ne fassent pas des réserves inutiles.
L'ANSM a aussi autorisé les pharmacies disposant d'un laboratoire à produire elles-mêmes de l'amoxicilline pédiatrique. L'Agence du médicament a indiqué qu »à titre exceptionnel et temporaire », les pharmaciens sont autorisés à délivrer une préparation magistrale d'amoxicilline en remplacement des « suspensions buvables en flacon dosées à 125 mg/5 ml et 250 mg/5 ml majoritairement prescrites en ambulatoire chez les enfants ».
Aux yeux des industriels, cette situation de rupture des stocks "menaçante", qui ne se fait pas ressentir qu'en France "mais dans toute l'Europe", illustre plus que jamais l'urgence de la fabrication dans l'Hexagone de ces médicaments et de limiter la dépendance de l'industrie pharmaceutique à l'Asie, qui fournit au continent des principes actifs (ou API pour Active Pharmaceutical Ingredient), coeur du réacteur des médicaments.


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