Les hypothèses retenues pour le projet de loi de finances (PLF) au titre de l'exercice 2022 semblent « optimistes », selon CDG Capital Insight. « Compte tenu de la dissipation de l'effet de base sur la croissance économique nationale et des tensions en cours sur les marchés des matières premières et énergétiques, les hypothèses retenues nous semblent optimistes », indique CDG Capital Insight dans une note d'analyse publiée sous le titre « Projet de loi de finances (PLF) 2022: Une loi de reprise économique et de réformes sociales« . Pour ce qui est des hypothèses d'élaboration, le PLF s'articule sur une consolidation de la reprise économique aussi bien au niveau national, particulièrement pour la composante non agricole du produit intérieur brut (PIB), qu'au niveau international, notamment chez les partenaires commerciaux du Maroc, fait remarquer l'économiste à la Direction Insight, Ahmed Zhani. Toutefois, relève-il, bien que les cours des matières premières et énergétiques retenus pour l'élaboration du projet ont été révisés à la hausse, les dernières évolutions enregistrées principalement sur le marché de l'énergie laissent présager des pressions plus importantes sur les prix. Ainsi, au niveau national après la reprise importante du PIB de 5,6% estimé pour l'année 2021, traduisant principalement le résultat exceptionnel de la campagne agricole 2020/2021, avec une production céréalière de 103 millions de quintaux (Mqx) et une reprise en « V » de la composante non agricole de 3,8% estimé pour 2021 contre –5,8% enregistré en 2020. La croissance réelle prévue pour l'année 2022 s'élève, quant à elle, à 3,2% sur la base d'une récolte céréalière moyenne de 80 Mqx, générant une régression de 0,7% de la composante agricole et un léger essoufflement des activités non agricoles en liaison avec la dissipation de l'effet de base relatif au choc covid-19 enregistré en 2020. → Lire aussi : PLF-2022: Plus de 62 MMDH pour l'éducation et le préscolaire Pour ce qui est de la demande, le PLF semble également « optimiste » malgré la détérioration du pouvoir d'achat des ménages et la situation difficile des finances publiques pour accompagner le programme ambitieux d'investissement du gouvernement, estime l'économiste. A cet égard, ledit projet de loi de finances table sur une consolidation de la reprise de la demande des ménages, principal emploi de la croissance économique nationale de 3,8% en glissement annuel, soutenu par les transferts des Marocains résidant à l'étranger (MRE) et l'amélioration des revenus agricoles et non agricoles, ainsi qu'un léger essoufflement de l'investissement mesuré par la formation brute de capital fixe (FBCF) et ce, en dépit des efforts de relance et la volonté des pouvoirs publics de renforcer l'investissement public. Ce PLF s'attend aussi à une demande étrangère toujours déficitaire malgré la hausse prévue des exportations hors phosphate et dérivés. S'agissant des prix des matières premières et énergétiques, M. Zhani juge que l'orientation des prix en 2022 semble globalement défavorable avec la forte reprise de la demande face à une pénurie de l'offre, particulièrement sur le marché de l'énergie, comme en témoigne l'évolution récente du prix du baril de pétrole qui a dépassé le seuil de 80 dollars avec des perspectives haussières. Dans ces conditions, et sur la base d'une croissance nominale du PIB de 4,4%, dont 3,2% de croissance réelle et 1,2% d'inflation, l'Etat vise à réduire légèrement le déficit budgétaire de 0,3% à -5,9% du PIB en 2022, un niveau mieux que celui fixé par la loi de finances 2021 de 6,5% du PIB grâce à des recettes fiscales encaissées plus que prévues, souligne-il. Et de noter que le PLF-2022 représente un exercice « atypique », qui intervient dans un contexte « exceptionnel », aussi bien sur le plan conjoncturel que structurel, marqué par la nécessité de la mise en œuvre de plusieurs chantiers stratégiques et de réformes. En effet, en dépit du redressement de l'activité économique en 2021 et ce, après un exercice choc de 2020, les finances publiques demeurent sous l'effet des séquelles de la crise covid-19 avec d'un côté, une perte fiscale importante comparativement à un scénario hors crise, estimée par CDG Capital Insight à plus que 40 milliards de dirhams (MMDH) sur les exercices 2020 et 2021, et des exigences de dépenses en forte hausse, principalement d'ordre social et d'investissement. De même, les équilibres des finances de l'Etat ont été fortement déstabilisés avec une détérioration du taux de couverture des charges courantes par les recettes fiscales, la montée en puissance du déficit public et la hausse importante de l'endettement au titre du budget général, particulièrement la part en monnaie étrangère, constate l'économiste. Dans ce cadre, le PLF-2022 intègre dans son élaboration plusieurs chantiers stratégiques, qui visent d'une part, une meilleure gestion des finances publiques en termes de ressources et d'emplois et d'autre part, une contribution plus efficace de ce pilier des politiques publiques à la croissance économique et à la couverture sociale des citoyens.