Au Maroc on se préoccupe des élections. En Algérie, le régime militaire fomente de sombres desseins belliqueux pour la Région contre le gré de son peuple. Il devient clair que plus la situation économique et sociale se détériore en Algérie et d'autant plus les généraux algériens ébruitent sournoisement leurs actes malveillants, voire leurs bottes, en direction du Maroc. La dernière décision en date, sortie de la tête du clan des généraux hostiles au Maroc, a été de fermer l'espace aérien algérien à destination du Maroc et de provoquer de nouvelles incursions militaires à l'Est du Royaume. Le Maroc continue de conserver son sang froid face à ces provocations car les peuples marocain et algérien veulent la paix et non la guerre. Mais, les récentes incursions de l'armée algérienne sur le territoire marocain à l'Est du Royaume doivent alerter l'opinion publique internationale de la gravité de la situation en Algérie. Une montée crescendo dans l'hostilité envers le Royaume Etant habitué de ce côté ci de la frontière à des décisions « arbitraires, chaotiques et irrationnelles » de la part du pouvoir militaire algérien, la nouvelle de la fermeture unilatérale de l'espace aérien n'a pas surpris plus que cela Monsieur tout le monde au Maroc. Le voisin de l'Est dominé par le régime militaire en perte de légitimité nous aura tellement habitués à une adversité agressive depuis plusieurs décennies que l'on en serait presque indifférent. Mais la progression et la gravité des actes diplomatiques hostiles, unilatéraux allant crescendo ces derniers mois, par des gouvernements algériens aux abois au plan interne, sont à même d'inquiéter légitimement les marocains. La décision de fermer l'espace aérien au Maroc constitue un « signal fort » et « très préoccupant » du désarroi des dirigeants algériens. Elle traduit clairement une externalisation de l'incapacité du gouvernement algérien à résoudre la situation interne. La stratégie de « camouflage » des généraux algériens pour reprendre un terme militaire consiste de plus en plus en un transfert indécent des problèmes internes sur l'ennemi idéal de l'extérieur que représenterait le Maroc. Un ennemi inventé et construit méthodiquement dans l'imaginaire collectif depuis des décennies par le pouvoir militaire algérien. Cultiver l'idéologie de la menace externe, une recette vieille comme le Monde En effet, le fantasme de « l'ennemi marocain », qui a été malheureusement ancré par les médias officiels algériens et par la rhétorique gouvernementale, depuis des générations auprès de l'opinion publique algérienne, risque d'être transformé en terreau fertile par les généraux actuels pour de sombres desseins inavoués. Mais malgré les provocations aux frontières de la « nomenklatura militaire » et ses actes hostiles, la solidarité entre les deux peuples, mise à l'épreuve par un destin commun, saura surmonter la nouvelle stratégie guerrière du pouvoir algérien à court d'arguments. Voilà qu'après « rappel d'ambassadeur », ensuite « rupture unilatérale des relations diplomatiques », décision grave en soi au plan diplomatique, car elle serait l'étape qui pourrait précéder une « déclaration de guerre », une nouvelle décision surgit de fermer l'espace aérien aux aéronefs en provenance ou à destination du Royaume. Une telle décision est aussi surprenante que celles qui l'ont précédé mais peut-être moins inattendue. En langage diplomatique, la fermeture de l'espace aérien, est généralement associée à une sanction économique, consistant à gêner les flux de personnes et de marchandises transitant par l'espace aérien algérien vers le Maroc. Une sorte d'embargo qui ne dit pas son nom. Mais, politiquement, il s'agit d'un acte éminemment hostile ne devant intervenir entre deux pays qu'en cas de menace réelle venant notamment « du ciel ». Le Royaume n'est dans aucun cas une menace pour « l'Algérie Sœur » L'idée que le Maroc puisse constituer une quelconque menace a été réfutée à plusieurs reprises avec la meilleure bienveillance possible, par la voix de son illustre représentant, Sa Majesté le Roi, la plus haute autorité de l'Etat marocain, réitérée lors du dernier discours du Trône. Feu Hassan II disant à son époque à la veille de la guerre en Irak, que l'on sait quand une guerre commence mais on ne sait jamais quand elle finira. Il n'y a aucune raison pour que les peuples algérien et marocain se fassent la guerre. Ils aspirent au contraire depuis toujours à la paix, la fraternité et la construction d'un espace maghrébin fait de projets communs. Le Maghreb enterré devant le nouvel envoyé spécial du Secrétaire Général des Nations-Unies Or, s'il fallait un coup de grâce à une prétendue idée du Maghreb dans le contexte de tension actuelle, il aura été asséné fatalement par cette décision. En fait, le pouvoir militaire indique aux yeux du monde, que le Maghreb, il n'en a cure, du moins tant que le gaz et le pétrole coulent à flots. Mais jusqu'à quand ? L'idée maghrébine aurait pu en effet servir de levier diplomatique supplémentaire au nouvel envoyé spécial fraichement nommé par le secrétaire Général des Nations-Unies pour relancer les négociations prévues pour débloquer la situation entre le Maroc et l'Algérie sur la question du Sahara. Une solution à cette question dans le cadre d'un Maghreb unifié doté d'un espace de libre circulation des hommes et des marchandises, respectueux des souverainetés nationales et des sensibilités régionales, aurait été une option moins conflictuelle que celle préconisée par la junte algérienne. Créer une situation pour fonder un nouveau récit historique de légitimation du régime militaire Il y a donc lieu de s'inquiéter car il s'agit d'une escalade dans l'hostilité diplomatique qui pourrait préjuger de l'étape suivante ou plutôt du « coup d'après ». A savoir provoquer un conflit armé sous de fausses accusations et des prétextes préfabriqués. C'est un classique pour « l'usage interne » dans un régime dictatorial délégitimé aux yeux du peuple. Avec la panoplie des mécanismes qui s'ensuivent « appel à l'unité du pays », « mobilisation contre la menace venant de l'extérieur », etc. Le peuple algérien cédera t-il à une énième manœuvre dilatoire des généraux pour détourner son attention ? Certainement que non. Mais, le pari d'un conflit armé même subi par le Maroc, pourrait réalimenter, aux yeux des généraux, un nouveau récit historique destiné à reconstituer la légitimité perdue du régime militaire algérien. La glorieuse lutte pour l'indépendance ayant été « surexploitée » depuis une soixante d'années et ne fonctionne plus aux yeux du « Hirak ». De nouvelles manœuvres dilatoires après l'instrumentalisation de la crise sanitaire par le pouvoir algérien En effet, le pouvoir algérien après avoir instrumentalisé la crise sanitaire au lieu de l'affronter, pour faire taire la rue et gagner du temps face au « Hirak », apparaît à l'affût d'une nouvelle porte de sortie de la crise interne grave qui menace le « système » dans sa globalité. Aussi, ce même système, pourrait-il être tenté par une montée en gamme dans les manœuvres dilatoires, l'ultime manœuvre, celle d'un « quitte ou double » en déclenchant un conflit avec le Royaume où ses populations ne cherchent qu'à vivre en paix dans ses frontières. Il n'est pas anodin de noter que la décision de la fermeture de l'espace aérien intervient en outre au moment où la priorité des marocains ces jours ci est plutôt orientée sur les spéculations concernant la composition du nouveau gouvernement issu des dernières élections. Du côté marocain, on construit la démocratie. Du côté du régime militaire algérien on manœuvre pour le pire scénario pour la Région afin de sauver un système politique défaillant. Un système qui a atteint les limites de l'insupportable sous les oripeaux idéologiques de la libération des peuples. Lamentable scénario d'une fin de régime à l'agonie mais que le peuple algérien lucide saura contourner. La communauté internationale devrait dire stop à la logique de guerre régionale rejetée par le peuple algérien La communauté internationale devrait se réveiller et dire stop à cette dangereuse tendance belliqueuse d'un certain clan de généraux en Algérie qui se déchire en interne dans une concurrence acharnée pour le pouvoir, non sans réprimer férocement les voix populaires du Hirak, ceux de la révolte en Algérie en passant par un purgatoire de l'armée sans précédent avec jugements hâtifs et case prison à la clé. Non, ni le peuple marocain, ni le peuple algérien ne veulent ni la violence, ni la guerre. Le Hirak algérien l'a signifié par ces manifestations pacifiques depuis plusieurs années malgré la répression et les violences politiques qu'il subies. Le peuple marocain l'a signifié le plus officiellement possible à plusieurs occasions par la voix de son Roi. Les deux peuples ne céderont pas à la tentation du régime algérien d'entraîner dans sa chute, et son peuple, et le peuple marocain et ceux de toute la Région en provoquant un conflit armé au cœur de l'espace euro-méditerranéen Méditerranée. (*) Economiste