Le Directeur général de l'Observatoire d'études géopolitiques de Paris, Charles Saint-Prot, a publié une analyse sur la décision unilatérale de l'Algérie de rompre le contrat d'approvisionnement de l'Europe en gaz via le gazoduc Maghreb-Europe (GME) passant par le Maroc. Dans cette analyse publiée sur le site « Theatrum-Belli », Saint-Prot affirme que cette décision de ne pas reconduire le GME « est une nouvelle escalade qui s'explique par la situation désastreuse du régime algérien face à une opinion publique de plus en plus hostile ». « Fin août 2021, l'Algérie a rompu ses relations diplomatiques avec le Maroc, puis en septembre le survol de l'espace aérien algérien a été interdit aux avions marocains, le non-renouvellement du contrat aux termes duquel l'Algérie alimentait en gaz l'Espagne et le Portugal par un gazoduc passant par le Royaume du Maroc décidé par le régime algérien le 31 octobre est un nouveau pas dans une escalade qui ne s'explique que par la situation désastreuse du régime algérien face à une opinion publique de plus en plus hostile », rappelle le géopolitologue. Pour lui, « tout le reste, notamment les prétendus griefs d'Alger contre Rabat, n'est que faribole ; il ne s'agit que de balivernes sans intérêt ». Et de poursuivre que la crise économique et sociale que connaît l'Algérie sera « accentuée » par la décision « irrationnelle » du régime algérien, laquelle favorisera encore l'immigration vers l'Europe, notamment vers l'Espagne ou l'Italie, faisant observer que le peuple algérien voit s'envoler une manne de 13 millions de mètres cubes vers l'Europe alors qu'il vit des jours de plus en plus difficiles. Outre la population algérienne, « c'est bien une bonne partie des nations européennes qui paiera le prix de la décision d'Alger », car croyant viser le Maroc, la fermeture du gazoduc Maghreb-Europe constitue une "menace grave" pour l'approvisionnement énergétique de la partie occidentale du continent européen et pour les citoyens des divers pays européens à l'heure où les prix sont en hausse, estime-t-il. Toutefois, souligne Saint Prot, « tout à sa haine de son voisin marocain, le régime algérien, se soucie comme d'une guigne des Européens ». En réalité, dit-il, « le régime algérien est comme une poule dont on a coupé la tête : il court dans toutes les directions sans savoir où il va ». « Il déteste le Royaume du Maroc et la France parce que ce sont des nations plus que millénaires alors que l'Algérie est née en 1962 et, après une atroce guerre civile, le régime a fondé une pâle légitimité sur une position anti-marocaine qui faisait le jeu de ses amis du bloc communiste qui rêvaient, selon le mot de Lénine, de tourner l'Europe par l'Afrique », note le Directeur général de l'OEG. Revenant à juste titre sur la question du Sahara, il rappelle que l'Algérie et le bloc de l'Est ont « créé artificiellement », en 1975, le conflit sur le Sahara marocain en alimentant la fiction du séparatisme. Saint Prot soutient ainsi que « a crise a rebondi après la reconnaissance par les Etats-Unis de la souveraineté marocaine sur le Sahara marocain, les multiples revers diplomatiques algériens en Afrique et une panoplie de résolutions des Nations unies défavorables à Alger et à ses séides séparatistes ».