L'illustration n'a jamais été aussi vraie ! Ce n'est pas une caricature non plus ! Un vieux cheval est de retour, celui de Ramtane Lamamra à la tête de la diplomatie algérienne. Si d'aucuns expriment leur surprise, d'autres en revanche y voient comme son durcissement eu égard à la seule et essentielle question qui motive Abdelmajid Tebboune : le Royaume du Maroc. Voici donc une fausse découverte, un remake avec deux vieux haineux, le président de la République et son « nouveau » ministre des Affaires étrangères. Tous deux partagent l'irascible volonté de faire front au Maroc, de reprendre l'héritage de Boumediene, source nourricière d'une méprise qui, bon an, mal an, finira par devenir une « guerre de 100 ans » ou plus... Ramtane Lamamra était parti sur une note de fin de règne de Bouteflia, chassé par le Hirak. Il n'a jamais avalé son limogeage, parce que tout simplement il était en pleine guerre contre le Maroc. Il était remplacé par un certain Sabri Boukaddoum qui, aux yeux de son président, n'a pu faire face au tenace Bourita dans l'affaire du Sahara. Lamamra est un haut fonctionnaire algérien qui a su tisser des liens nombreux et précieux avec les dirigeants africains, faire main basse sur l'Union africaine, sur le Conseil de paix et de sécurité (CPS) , nommé par Bouteflika à la fois chef de la diplomatie et vice-premier ministre même de 2013 à 2017, bien introduit dans les organes de l'ONU, artisan des accords sur le Mali en 2015, n'est pas seulement un diplomate chevronné, mais un redoutable « croisé » contre le Maroc. → Lire aussi : Algérie : Nomination d'un nouveau gouvernement En février dernier, Ramtane Lamamra devenu depuis 2017 Haut représentant de l'Union africaine (UA) pour le projet « Faire taire les armes » sur le continent africain.a produit une contribution sur le thème de « l'arbitrage constructif à propos des conflits ». Il ne cesse de ruer dans les brancards en cultivant sa vocation principale : la fixation sur le Maroc ! Que Tebboune fasse appel à lui signifie ni plus ni moins que la diplomatie algérienne, en perte de vitesse sur les principaux dossiers de la région, a besoin de renouer avec de vieux démons comme ceux d'inventer les postures d'antan. Mais, le principal objectif de ce retour tient au contexte nouveau de l'affaire du Sahara marocain , avec la reconnaissance réitérée des Etats-Unis, les ouvertures successives de consulats à Dakhla, la crise maroco-espagnole qui a révélé un Maroc nouveau, pugnace et déterminé, l'exclusion de l'Algérie du dossier libyen , sa marginalisation en Afrique et dans le monde arabe, etc... Abdelmajid Tebboune , avons-nous dit, fait du Maroc sa fixation. Il a l'art de couper les cheveux en quatre. Le choix de Ramtane Lamamra n'est pas fortuit, il survient dans le sillage de la déclaration faite le général Saïd Chengriha lors du colloque international organisé il y a deux semaines à Moscou et consacré au thème de la sécurité dans le monde. Le chef d'état-major de l'armée algérienne n'avait pas de mots assez menaçants contre notre pays, que ce soit dans la capitale de Russie ou sur les confins frontaliers du Maroc. L'ère de l'insulte ignominieuse est de retour ! On peut considérer à juste titre que la nomination de Lamamra par Tebboune à la tête de la diplomatie n'est pas plus une innovation que la confirmation d'une tendance, celle d'élever d'un cran la confrontation avec le Maroc. Trois hommes sont passés maîtres dans la surenchère, un général chamarré , un diplomate élevé dans la haine et un président tout autant, tous trois incarnant le désespoir d'un régime aux abois que les jeunes algériens rejettent avec force et dont ils réclament chaque vendredi le départ immédiat. Le nouveau ministre des Affaires étrangères qui a régné sans partage sur le CPS avant d'être écarté , cédant son poste à son dauphin Ismaïl Chergui, aura donc mission d'élever le ton. C'est peu dire que sa désignation signifie que nous entrons dans une zone de haute tension, et que plus la situation intérieure de l'Algérie se détériore, plus en effet, la tentation sera grande de faire du Maroc le bouc émissaire. Stratégie suicidaire que le « trio d'Alger » fomente pour tenter en vain de construire l'unité d'un peuple et d'un pays désemparés. Suicidaire aussi parce que , le triomphe modeste, le Maroc engrange succès après succès...