L'Ambassadeur du Maroc en Autriche, Lotfi Bouchaara, a été élu lundi premier vice-président de la Commission sur la Prévention du Crime et la Justice Pénale (CCPCJ), lors de l'ouverture des travaux de la 26ème session de ladite commission qui se prolongent jusqu'au 26 mai. Durant ce mandat d'une année, le diplomate marocain aura pour mission de négocier l'adoption de dix résolutions onusiennes au sein d'un comité ayant trait à des thématiques relatives au terrorisme, à la cybercriminalité, la traite des personnes ou encore la promotion de l'approche genre et la lutte contre la criminalité transnationale organisée. Les résolutions seront ensuite transmises pour adoption au conseil économique et social des Nations-Unis (ECOSOC). Dans une intervention devant les participants, M. Bouchaara a, d'emblée, relevé que les travaux de cette 26 ème session s'ouvrent dans un contexte international difficile marqué par une instabilité sécuritaire dans plusieurs régions du monde et l'apparition de nouvelles menaces transnationales, ce qui suppose un renforcement de la coopération régionale et internationale pour y faire face. Tout en soulignant que la convention des Nations Unies sur la criminalité transnationale organisée et la convention des Nations- Unies sur la lutte contre la corruption constituent des cadres juridiques et pratiques dont peuvent s'inspirer les Etats membres pour l'adoption ou la mise en conformité de leurs législations nationales en matière de la prévention et de lutte contre toutes les formes de crime organisé, il a fait remarquer que ces conventions ne peuvent jouer pleinement leur rôle que par le biais d'une coopération régionale et internationale et d'une assistance technique appropriée et adaptée aux besoins spécifiques des pays en développement. Evoquant les efforts déployés par le Maroc, il a mis en avant les réformes menées dans le pays pour un renforcement de ses actions en termes de lutte contre les différentes formes du crime organisé particulièrement la traite des personnes, l'immigration illégale, la cybercriminalité, le blanchiment d'argent, la corruption et le terrorisme. Ainsi le Maroc, conscient des enjeux actuels, a adopté en 2016 le projet de loi 27-14 relatif à la traite des êtres humains ayant pour objectif d'adapter la législation nationale aux standards internationaux, notamment au Protocole sur la traite des personnes de la convention de Palerme, a-t-il rappelé, avant de préciser que la politique du gouvernement marocain est fondée sur le principe de la solidarité en vue d'accueillir les migrants selon une approche humaine et intégrée qui protège leurs droits et préserve leur dignité. Il a fait savoir, à ce propos, que le Maroc a lancé en décembre dernier une deuxième opération de régularisation des migrants, de la même envergure que celle de 2014 et ce, aux fins de régulariser 25.000 migrants illégaux. Après avoir indiqué que le Maroc reste préoccupé par la situation sécuritaire en Afrique, particulièrement dans la zone sahélo-saharienne, devenue un terreau propice au développement du trafic de drogue et du commerce illicite des armes, M. Bouchaara a mis en garde contre la prolifération de ces trafics qui a un impact direct sur la stabilité et le développement humain dans le continent africain et constituent également une menace sérieuse pour la sécurité tant bien sur le plan national, régional qu'international. D'où, pour lui, l'absolue nécessité d'une coopération régionale effective, se félicitant des efforts déployés par le CEN-SAD (communauté des Etats sahélo-sahariens) pour le renforcement des frontières et le déploiement des patrouilles conjointes entre les pays membres visant à une lutte contre le crime organisé et le terrorisme. S'agissant du phénomène de la cybercriminalité, il a noté que les autorités marocaines ont procédé au renforcement du potentiel matériel et humain des services de sécurité chargés de la lutte contre cette nouvelle forme d'activité criminelle de plus en plus prégnante. Il a par, ailleurs, réaffirmé l'engagement du Maroc dans la lutte contre le terrorisme qui est l'expression de sa complète adhésion au combat mené par la communauté internationale, ajoutant que cet engagement se traduit au niveau national par une stratégie préventive, multidimensionnelle et proactive, conjuguant approche holistique et initiatives pionnières et intégrant les volets importants de la sécurité et de la justice, mais également les dimensions importantes du développement humain et de la préservation de l'identité culturelle et cultuelle. Mais il n'en reste pas moins que la lutte contre le terrorisme est une responsabilité commune et partagée de la Communauté internationale qui exige un engagement global et inclusif et l'adoption d'une approche privilégiant le multilatéralisme et le renforcement de la coopération interrégionale, régionale et internationale, a-t-il affirmé. Il y a lieu de signaler sur ce registre que le Maroc copréside actuellement aux côtés des Pays-Bas le Forum Global de Lutte contre le Terrorisme (GCTF), dont il est membre fondateur, et est également coprésident avec les néerlandais du Groupe de Travail sur les combattants étrangers et de l'initiative conjointe avec les Etats-Unis d'Amérique sur la Sécurité des Frontières. Il a aussi évoqué les efforts déployés par le Maroc dans la lutte contre la radicalisation et l'extrémisme violent particulièrement en faisant de la formation des Imams une de ses priorités et en prônant les idéaux du dialogue, de la tolérance et de la modération. M. Bouchaara qui représente également le Maroc auprès des organisations internationales basées à Vienne, a également relevé l'ampleur grandissante des phénomènes de l'immigration illégale, de la traite des personnes et du trafic de drogue et d'armes, estimant qu'il convient, pour y faire face, de renforcer la coopération interétatique et une plus grande implication des organisations régionales et internationales. En somme, une coopération solidaire et inclusive entre tous les acteurs concernés, en l'occurrence les Etats, les différentes organisations régionales et sous régionales et les institutions internationales. il s'agit aussi, selon lui, de mettre en place une stratégie globale et intégrée visant à neutraliser la criminalité transnationale organisée, freiner les activités illicites des réseaux mafieux et améliorer le climat de sécurité dans les pays et les régions concernées, a-t-il ajouté avant de souligner que le meilleur rempart contre la criminalité transnationale organisée, au-delà de la coopération interétatique et de l'implication du système onusien, réside pour chaque Etat dans la promotion d'un développement humain durable, la mise en place d'institutions démocratiques stables et légitimes et une gouvernance respectueuse de l'Etat de droit aux plans économique et social. La Commission pour la prévention du crime et la justice pénale (CCPCJ) a été créée par le Conseil économique et social des Nations-Unis dans sa résolution 1992/22, à la suite d'une demande de l'Assemblée générale formulée dans sa résolution 46/152, en tant que commission technique. Le Conseil a assigné des mandats et priorités à la CCPCJ dans sa résolution 1992/22, insistant, entre autres, sur une action internationale pour combattre la criminalité nationale et transnationale et l'amélioration de l'efficience et de l'impartialité des systèmes d'administration de la justice pénale. En outre, la CCPCJ offre aux Etats membres un forum d'échange d'expertise, d'expériences et d'informations en vue de développer des stratégies nationales et internationales et d'établir des priorités dans la lutte contre la criminalité.