Depuis le mercredi 3 mars, le Sénégal connaît des affrontements inhabituels. Au moins cinq personnes auraient trouvé la mort dans des heurts entre jeunes et forces de l'ordre, dans ce pays d'Afrique de l'Ouest traditionnellement stable. Le président Macky Sall a décrété le jeudi 11 mars, journée de deuil national en hommage aux personnes décédées. Sur fond de revendications anti-système, des scènes de pillage d'enseignes françaises. Que se passe-t-il au Sénégal ? Chronologie des faits Derrière cet embrasement, l'arrestation d'Ousmane Sonko qui fait l'objet d'une plainte pour viol. Ce dernier était arrivé troisième à la présidentielle de 2019, et selon lui, son arrestation ne serait qu'une manœuvre de la présidence pour l'écarter de la présidentielle de 2024. Le 3 mars, alors qu'il se rend en cortège au tribunal, de violents heurts surviendront. Cette arrestation ne serait en réalité qu'un élèment déclencheur, cachant une jeunesse en colère. Sonko sera arrêté pour trouble à l'ordre publique avant d'être relaché, mais dans la foulée, des enseignes françaises seront attaquées. Appel à l'accalmie Depuis le 9 mars, les boutiques ont rouvert et la situation semble être revenue à l'accalmie après les appels au calme du président Macky Sall et de l'opposant. Pour le président, il faut à tout prix « éviter la logique de l'affrontement » et revenir au « calme et à la sérénité ...tous, ensemble, taisons nos rancœurs et évitons la logique de l'affrontement qui mène au pire ». Il a par ailleurs appelé à laisser la justice suivre son cours en toute indépendance dans le dossier des viols présumés. Mais cette flambée de violence ne serait pas uniquement une révolte contre l'arrestation de l'opposant... elle semble s'inscrire dans une logique de rejet par certains jeunes de leur condition de vie et des relations du pays avec la France. Ainsi, des enseignes comme Total, Auchan, et d'autres supermarchés de Dakar ont été ravagés et pillés, des écoles françaises fermées, à la surprise de la population, notamment employée dans ces supermarchés et qui accuse le coup. Des questions se soulèvent alors, les anciennes puissances coloniales seront-elles toujours les coupables des maux de l'Afrique ? Ces revendications vont-elles servir les puissances émergentes sur le continent comme la Chine et la Russie ?