A Dakar, théâtre des pires affrontements que le Sénégal ait connus depuis des années ces dernières semaines, les violences continuent de se produire, malgré la libération, lundi, d'Ousmane Sonko, opposant du président actuel Macky Sall sur fond d'une affaire de viol et de trouble à l'ordre public. L'arrestation de M. Sonko la semaine passée a déclenché 5 jours de manifestations ponctuée de heurts, de vandalisme et de violence armée, faisant au moins 10 morts parmi les manifestants. A l'occasion du 8 mars, un sit-in organisé par des femmes a été organisé place sacré-coeur. La police n'a pu le disperser qu'avec beaucoup d'efforts Pour calmer les manifestants violents, un dispositif impressionnant de l'armée a été déployé à travers divers points stratégiques de Dakar, comme sur la place de l'Indépendance par exemple et le Plateau, siège des grandes institutions, dont la présidence, placée sous haute protection. Il s'agit également des véhicules blindés surmontés de mitrailleuses et de snipers. Par ailleurs, depuis le début des manifestations, des casernes de la gendarmerie ont fait l'objet d'attaques menées par des manifestants, souligne un communiqué de la Gendarmerie nationale sénégalaise. La brigade de Diaobé notamment, a été pillée et ses véhicules incendiés. A cet effet, relève-t-on de même source, la Gendarmerie nationale a appelé les manifestants à ne pas "annihiler tous els efforts consentis pour préserver leur sécurité et celle de leurs biens", rappelant que les casernes contiennent des objets explosifs, des armes et des munitions, qui pourraient constituer un danger pour la population. Le président sénégalais Macky Sall a appelé lundi soir à l'apaisement et annoncé un allègement du couvre-feu en vigueur contre le Covid-19, après plusieurs jours de heurts qui ont continué à secouer la capitale malgré la libération du principal opposant Ousmane Sonko. "Tous, ensemble, taisons nos rancoeurs et évitons la logique de l'affrontement qui mène au pire", a dit M. Sall, brisant sur la télévision nationale un silence de plusieurs jours. Répondant à de nombreux appels en ce sens, il a annoncé le raccourcissement de trois heures du couvre-feu en vigueur depuis début janvier dans les régions de Dakar et Thiès. M. Sonko, troisième de la présidentielle de 2019 et pressenti comme un des principaux concurrents de celle de 2024, a été arrêté le 3 mars officiellement pour trouble à l'ordre public, alors qu'il se rendait en cortège au tribunal où il était convoqué pour répondre à des accusations de viol portées contre lui par une employée d'un salon de beauté dans lequel il allait se faire masser pour, dit-il, soulager ses maux de dos.
* Sénégal : de violentes manifestations secouent Dakar, un climat de peur et d'instabilité s'installe (vidéos)