Après avoir dénoncé le nouveau Pacte européen sur l'asile et la migration, Oxfam pointe du doigt, cette fois-ci, les politiques migratoires de l'Union européenne (UE). L'ONG britannique considère que ces politiques privilégient l'intérêt de l'UE par rapport aux besoins et aux droits des migrants. Le nouveau Pacte européen sur l'asile et la migration est une nouvelle réforme qui pourrait remplacer le règlement de Dublin adopté en 2015 et que certains pays du bassin méditerranéen critiquent sévèrement depuis de nombreuses années. Avec ce nouveau pacte, la Commission européenne espère faire l'unanimité. La protection des frontières se veut désormais plus rigoureuse. Bruxelles propose, en effet, plus de contrôles, plus de rapatriements et envisage même de supprimer les quotas de réfugiés. Ce pacte, soutenu notamment par la France et l'Allemagne, divise les ONG, dont Oxfam qui accuse Bruxelles de s'incliner devant les « gouvernements anti-immigration », alors que ceux-ci considèrent que ces politiques sont beaucoup trop souples, notamment, l'Autriche et la Hongrie, qui ont déjà affirmé qu'ils ne se plieront pas au « mécanisme de solidarité obligatoire » voulu par l'UE. Le but de l'UE est de faire face à l'afflux migratoire qui, souvent, ne touche que les pays de la méditerranée et de mettre en place un plan pour le retour des migrants vers leur pays d'origine. Une approche, qui selon Oxfam, donne la priorité au contrôle des gouvernements et à la sécurité des Etats plutôt qu'à la mise en place de mesures globales de gestion de la mobilité humaine qui tiennent compte du développement, des droits fondamentaux et des besoins individuels. De ce fait, cette ONG britannique considère que les récentes politiques de l'UE ont établi de mauvaises normes de protection dans les pays d'Afrique du Nord pour les demandeurs d'asile et renforcé la discrimination quotidienne des migrants. En revanche, Oxfam veut montrer, à travers son dernier rapport intitulé « Le véritable intérêt commun », que l'UE externalise la gestion des frontières vers les pays d'Afrique du Nord, et les personnes réfugiées et autres migrantes en paient le prix en fin de compte. Un partenariat pour contrecarrer le racisme et la xénophobie À cet effet, l'organisation appelle à ce que toutes les parties reconnaissent et traitent les incohérences à l'œuvre et leurs effets néfastes sur les groupes vulnérables. L'Union européenne doit ainsi collaborer avec les pays du Maghreb, selon Oxfam, pour promouvoir un développement durable basé, en partie, sur la mobilité humaine, sur les transferts de fonds, et sur des chances égales pour sortir de la pauvreté. La coopération entre l'Union européenne et ses voisins doit favoriser le respect des droits humains et du droit international, en les plaçant au centre des intérêts mutuels. En l'absence d'un partenariat, ces politiques ne feront que créer et enraciner la xénophobie, le racisme et ignorer les libertés et les droits fondamentaux. L'ONG établit également une liste des recommandations aux Etats membres de l'UE, à savoir, « Travailler avec les pays du Maghreb dans le but de promouvoir la conformité au droit international des réfugiés dans toute la région méditerranéenne », « Interdire l'utilisation de fonds de l'Union européenne à des fins allant à l'encontre du droit international relatif aux droits humains », « Effectuer et publier régulièrement des évaluations sur l'impact des politiques migratoires européennes sur les populations les plus vulnérables », et « Eviter de rendre l'aide aux pays partenaires conditionnelle à leur coopération avec les demandes de l'Union européenne concernant les retours et réadmissions ou la gestion des frontières ». Par ailleurs, Oxfam propose aux gouvernements marocain et tunisien d' « entamer de toute urgence une réforme de la législation nationale sur le droit d'asile afin d'établir une procédure de demande d'asile rapide, efficace et conforme au droit international des réfugiés, et créer des systèmes d'asile nationaux pour favoriser la pleine intégration sociale et économique des réfugié-e-s » et de « réformer la législation migratoire nationale afin d'offrir une protection accrue aux personnes concernées et créer des opportunités d'intégration et d'accès à la citoyenneté, conformément au Pacte mondial des Nations unies pour des migrations sûres, ordonnées et régulières, qui a été ratifié lors de la Conférence intergouvernementale de Marrakech en 2018 ».