Les fausses informations autour de l'épidémie de Covid-19 se répandent comme une traînée de poudre. Ces intox ou fake news sur le coronavirus se propagent dans tous les milieux sociaux, et il est parfois difficile de discerner ce qui relève d'une information scientifique avérée, de la rumeur pseudo-scientifique ou de l'inquiétude démesurée. Qu'en est-il de leur impact sur l'état psychologique des Marocains ? Jamais le nombre d'infox, rumeurs, théories complotistes n'aurait été aussi important. Est-ce le fait du confinement, d'une inquiétude collective, ou du temps accru passé sur les réseaux sociaux ? Les réseaux sociaux devenus premier vecteur des fausses informations, qui font désormais ravage et n'épargnent personne, même les plus avertis ne sont plus à l'abri et peuvent aussi contribuer, des fois, à diffuser des informations fallacieuses en partageant avec leurs proches ce qu'ils reçoivent, induisant ainsi les foules en erreur. Contacté par MAROC DIPLOMATIQUE, Reda Mhasni psychologue clinicien et enseignant de psychologie explique que « les motivations peuvent être de bonne ou de mauvaise foi, mais l'impact est négatif le plus souvent. Généralement, la personne qui partage les infos est une personne qui est proche de son interlocuteur, que ce soit un ami, une collègue ou un membre de la famille, pensant bien faire en informant ce destinataire ». Ce psychothérapeute évoque aussi ce qu'il appelle « l'épidémie de la peur », liée au stress que génèrent les fake news. « Par exemple, quand on apprend que grâce à une technique x le monde a trouvé un traitement au coronavirus, une information qui nous donne de l'espoir et puis on part vérifier de sources sûres la véracité du contenu qu'on a reçu, mais une fois on se rend compte que ce n'est pas vrai, on est de nouveau déçu, chose qui fait amplifier l'angoisse liée à cette pandémie », souligne-t-il. En revanche, nous observons une certaine «dramatisation» de la situation, qui provoque des attitudes anxiogènes, notamment, des comportements qui en découlent, comme « l'approvisionnement en masse ». Alors, comment vivre avec et faire face à l'incertitude ambiante ? Comment gérer ses angoisses ? Pour ce psychologue clinicien, les gens devraient faire appel à leur esprit critique, prendre le temps de s'informer directement de sources d'information officielles et crédibles et sortir de la passivité en devenant acteur à la quête de la vérité. « C'est une période nouvelle, on n'a pas de référence intellectuelle par rapport à ce qui se passe, il est très important d'accompagner ce changement avec une attitude constructive », rétorque-t-il. Reda Mhasni considère ainsi que les fake news constituent une locomotive de l'épidémie de la peur et appelle les médias à user de leur crédibilité pour endiguer la propagation des infox. « Je crois que les autorités réagissent très bien mais les médias devraient aussi accompagner ces efforts. Le nombre de personnes arrêtées pour diffusion de fake news n'est pas continuellement commenté par les médias, pour avoir un impact de dissuasion sur les populations », indique-t-il. Ces pratiques n'échappent pas aux brigades spécialisées marocaines. C'est pour cela qu'une série d'arrestation a été annoncée dernièrement. Plus de 8.612 personnes ont été arrêtées, dans le cadre de la lutte contre les fake news portant atteinte au sentiment de sécurité chez les citoyennes et citoyens et pour garantir l'application de l'état d'urgence sanitaire.