Le peuple marocain célèbre, lundi, le 84è anniversaire de la bataille de Bougafer, au cours de laquelle les tribus d'Ait Atta avaient infligé une cinglante défaite aux forces d'occupation françaises pour défendre la liberté et les valeurs de la Nation. Le 13 février 1933, l'armée coloniale avait mené sa première offensive contre les combattants des tribus d'Ait Atta qui s'étaient repliés dans les montagnes de Bougafer. Mettant à profit une position stratégique difficile d'accès à l'ennemi, les résistants se sont organisés pour défendre et prendre d'assaut les positions des forces ennemies. Malgré leur supériorité en armes, les troupes coloniales avaient subi une cuisante défaite lors de cette bataille qui constitue une étape importante dans la lutte du peuple marocain et du Trône Alaouite pour l'indépendance. L'académicien français, Henris Debordeau, a affirmé à ce propos que « les forces coloniales n'ont pas pu atteindre leur but car la résistance était non seulement acharnée mais encore hautement organisée ». « Les combats étaient intenses et les forces coloniales avaient subi des pertes importantes », a souligné, pour sa part, l'officier français, le capitaine Bournasel, peu de temps avant qu'il ne soit tué lors de cette bataille au cours de laquelle les forces coloniales avaient été contraintes au repli devant la résistance, la bravoure et la détermination des combattants. L'histoire rappelle que les forces d'occupation avaient fait usage dans cette attaque de l'artillerie lourde et de l'aviation pour bombarder les positions des résistants, dont le nombre ne dépassait pas 5000 éléments à Bougafer. Suite à d'intenses combats, les forces françaises ont pu encercler les résistants, leur interdisant ainsi toute communication avec l'extérieur mais sans jamais parvenir à les faire plier. Après la mort du capitaine Bournasel, l'armée française avait poursuivi les bombardements sur les pistes de ravitaillement des combattants, les abris utilisés, les rassemblements pouvant se former et les points d'eau existant à l'intérieur du massif. Face à la résistance héroïque des Moujahidines, le général Huré, qui commandait les troupes françaises au Maroc, avait décidé de prendre lui-même le commandement de l'opération et de faire appel à deux généraux pour mettre au point une nouvelle stratégie d'attaque de la montagne. « Aucune campagne coloniale, dans aucun pays, n'aurait pu briser une telle résistance de l'homme et du terrain », témoigne le romancier Henry Bordeaux. « Il fallait donc recourir à d'autres moyens pour réduire cet ennemi acharné dans son formidable bastion: le bombarder sans répit, jour et nuit, lui enlever les points d'eau, le resserrer dans son réduit et le contraindre à y demeurer avec son bétail mort, avec ses cadavres… ». La bataille entre alors dans une nouvelle phase et l'artillerie coloniale commence à pilonner la citadelle sans interruption. Un déluge de feu se déchaîne sur elle et les résistants sont acculés mais ne cèdent pas. Pour les historiens, le rôle de la femme dans la bataille de Bougafre a été décisif en ce sens que la gent féminine assurait les arrières, préparait les vivres et les munitions, de même qu'elle soutenait et vivifiait la flamme des combattants. Les femmes défiaient aussi les mitrailleuses braquées sur les points d'eau en allant y remplir leurs cruches pour approvisionner les résistants et beaucoup d'entre elles tombaient, mais d'autres arrivaient aussitôt pour prendre la relève. Après 42 jours d'enfer, les troupes françaises ont perdu 3500 hommes, dont 10 officiers. Quant aux résistants, ils ont perdu 1300 combattants et parmi les victimes figurent des enfants, des femmes et des personnes âgées. Cernés et exténués par la faim et la soif, les résistants vont se rendre mais, en dépit de la situation difficile, voire intenable, la reddition ne se fera que par la négociation. Plusieurs cas de décès avaient été enregistrés chez les enfants et les vieillards, une situation qui n'avait pas pour autant pu infléchir le moral et le courage des Moujahidines qui obligeaient les troupes coloniales à entrer en négociation avec le chef des combattants, Assou Ou Baslam, le 24 mars 1933, et un cessez-le feu a été ainsi instauré. Malgré le fait d'avoir accepté de déposer les armes, les combattants ont imposé leurs conditions, exigeant notamment que les tribus d'Ait Atta soient administrées par l'un des leurs et ce fut Assou Ou Baslam lui-même. Tout au long du processus de recouvrement de la souveraineté du Maroc, les habitants de la province de Tinghir n'ont cessé leur lutte héroïque contre les forces d'occupation, réalisant ainsi la volonté du peuple et du Trône notamment avec le retour au pays de feu SM Mohammed V, le 16 novembre 1955, et l'accession du Royaume à l'indépendance.