La langue de Shakespeare séduit de plus en plus les Marocains. Pour répondre à cette forte demande, les établissements anglophones pullulent dans les grandes villes. Pourquoi un tel engouement pour l'anglais ? La sociolinguiste Karima Ziamari, apporte un éclairage dans un entretien accordé au média en ligne LeMonde.fr. L'anglais gagne de plus en plus de terrain au Maroc, au détriment du français. En témoigne l'engouement des Marocains pour les établissements d'enseignement anglophones, qui pullulent dans les grandes villes du Royaume. La sociolinguiste Karima Ziamari explique les raisons, dans un entretien accordé au média en ligne LeMonde.fr. Selon la chercheuse à l'Université de Meknès, le réseau anglophone ouvre plus facilement les portes des universités anglo-saxonnes, tout en offrant une approche pédagogique différente du système français. « Poursuivre ses études en France devient inaccessible, surtout avec l'augmentation des frais d'inscription à l'université pour les étudiants étrangers. Les parents préfèrent donc envoyer leurs enfants dans des pays anglophones, où ils espèrent les diriger vers un métier de prestige », précise la socoluinguiste au journal français. La demande est donc forte. Pour y répondre, plusieurs établissements anglophones ont vu le jour. Parmi eux les prestigieuses écoles américaines installées à Rabat, Tanger et Casablanca ainsi que la British International School de Casablanca et la London Academy, constate la même source. La langue de Shakespeare est aussi présente dans l'enseignement public, renchérit Karima Ziamari. Il y a cinq ans, le gouvernement a lancé la section internationale du bac marocain, option anglais. Les matières scientifiques sont enseignées dans différents lycées publics. Les étudiants sont de plus en plus nombreux à opter pour ce choix, vu les perspectives de carrière qu'offre le bac international option anglais. Autre raison avancée par la sociolinguiste : l'anglais est une « langue neutre, ni identitaire ni liée à un passé colonial », contrairement à l'espagnol ou au français, rejetés par certains. « Le statut du français est flou et ambigu. Il est omniprésent, mais ce n'est pas une langue officielle. Il est surtout associé à une élite, qui le parle à la maison », poursuit Karima Ziamari. Certes l'anglais est de plus en plus présent au Maroc, toutefois le français reste la langue étrangère la plus dominante. Par Khadija Skalli