Conformité avec le droit international et articulation autour du concept de développement Si le droit international ne définit pas de manière précise le terme de ressources naturelles, toutes les analyses s'accordent à le lier à la notion de l'utilité pour l'homme, qu'elle soit actuelle ou future et qui tiendrait compte, selon certaines sources, des circonstances technologiques, économiques ou sociales. Cependant, en raison de la pression exercée sur les ressources naturelles, de l'émergence des concepts de soutenabilité et de durabilité, des défis environnementaux globaux, la notion de ressources naturelles gagnerait à couvrir également les écosystèmes et leurs services rendus. L'accès et l'exploitation des ressources naturelles sont régulés par différents instruments du droit international et par plusieurs cadres normatifs volontaires. Ces derniers, sous forme de soft law, en parfaite convergence avec les fondamentaux du droit international, permettent de répondre à des défis en perpétuel renouvellement, notamment ceux liés au concept du développement durable, dans sa définition la plus large Quel référentiel utiliser ? En mettant le focus sur les ressources naturelles du Sahara marocain, suite à leur instrumentalisation par les détracteurs de notre intégrité territoriale, l'objet de ce document est d'apporter des arguments en faveur de la légitimité du Maroc à disposer de ces ressources. L'argumentaire retenu repose sur une vision multidimensionnelle qui intègre de manière analytique et croisée les différentes facettes du droit international, et qui tient compte de l'interdépendance entre les différents instruments internationaux et leur complémentarité avec les soft law. Les instruments analysés car jugés les plus pertinents concernent la déclaration universelle des droits de l'homme ; la charte des nations unies qui reconnait le principe de la primauté des intérêts des habitants et leur prospérité ; le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels basé sur deux principes clés : la primauté des droits des populations d'une part, et le consentement de ces populations d'autre part. Dans la fiche d'information No33 du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme (questions fréquemment posées concernant les droits économiques, sociaux et culturels), il est clairement précisé que divers acteurs nationaux ont des rôles importants à jouer dans la réalisation des droits économiques, sociaux et culturels : les Etats, la société civile, le secteur privé ainsi que les institutions nationales de défense des droits de l'homme. Le principe de la souveraineté permanente sur les ressources naturelles (résolution 1803 de l'Assemblée générale des Nations Unies) stipule que cette souveraineté doit s'exercer dans l'intérêt du développement national et du bien-être de la population. Selon la Déclaration sur le droit au développement (résolution 41/128 de l'Assemblée générale des Nations Unies), le droit au développement est un droit à la fois individuel et collectif. Cette déclaration place l'être humain au coeur du processus de développement. Partant du fait que même les entreprises privées doivent également contribuer à la réalisation du droit au développement, la Déclaration sur le droit au développement se trouve connectée aux Principes directeurs relatifs aux entreprises et aux droits de l'homme. Par ailleurs, la fiche d'information No37 du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme (Le droit au développement : questions fréquemment posées) met en exergue le lien entre le droit au développement et le développement durable en soulignant que le droit au développement continuera d'orienter l'agenda 2030 des Nations Unies pour le développement durable. Enfin, les Principes directeurs de l'ONU relatifs aux entreprises et aux droits de l'Homme « Référentiel Ruggie » permettent de différencier entre le rôle des Etats qui doivent protéger les droits de l'Homme et de mettre en place des dispositifs de recours pour réparer les préjudices relatifs au non-respect de ces droits en entreprises, et le rôle des entreprises qui doivent les respecter. Aperçu sur les ressources naturelles du Sahara marocain Les ressources naturelles des Provinces du Sud sont constituées par les ressources halieutiques, les phosphates, les produits agricoles et les ressources hydriques. Les écosystèmes sont également concernés car en plus des services rendus, ils impactent la disponibilité de certaines ressources listées ci-dessus (foncier agricole, littoral, oasis, zones Ramsar et sites d'intérêt biologique). Avec environ 58 000 emplois directs et 115 000 emplois indirects, le secteur de la pêche constitue un pilier important pour l'économie locale. L'activité couvre les quatre segments de l'activité littorale, la pêche artisanale, la pêche côtière et la pêche hauturière. De nombreux programmes formation- insertion sont réalisés pour faciliter l'intégration, notamment des jeunes, dans ce secteur. La valorisation avale est également en pleine expansion avec la mise en place de nouvelles unités de conserves et de plats élaborés. Constituant à peine 1,6% des réserves nationales, les gisements de phosphates de Phosboucraa restent de taille moyenne et leurs couts d'exploitation et de maintenance sont plus élevés que ceux du Nord du Royaume. Le minerai subit une perte de l'ordre de 10% lors de son transport par un convoyeur long de 100 km. L'entreprise était déficitaire jusqu'en 2008 et l'exploitation était à l'arrêt entre 1976 et 2008. Aujourd'hui, Phosboucraa est le premier employeur de la région avec une majorité pour les habitants locaux (2200 emplois dont 88% originaires de la région). Sur le plan financier, tous les bénéfices sont investis localement et l'entreprise s'est engagée dans de grands programmes d'efficacité hydrique et énergétique et d'actions sociétales selon les meilleurs standards internationaux de la RSE. Dans le cadre du nouveau modèle de développement des provinces du sud, d'importants investissements créateurs d'environ 1200 emplois sont lancés : projet de développement industriel intégré jusqu'à la production d'engrais (16,8 milliards DH) et construction d'une technopole avec un pôle formation et innovation dédié au milieu saharien et à la préservation du littoral (2 milliards DH). En plus de l'élevage et en raison de l'aridité des provinces du Sud, la production agricole reste peu diversifiée ; il s'agit essentiellement de primeurs (tomates et melons) pour environ 14 000 emplois directs. En relation avec le secteur agricole, il faut souligner le cas particulier des ressources hydriques dans un contexte de contraintes climatiques sévères car ces provinces sont parmi les régions les plus arides du monde. En effet, la politique hydrique du Maroc dans ces territoires est exemplaire ; le recours aux eaux non conventionnelles a été systématisé depuis 1975, avec des projets de dessalement et de déminéralisation très capitalistiques. Les projets de dessalement, liés aujourd'hui aux énergies renouvelables, permettent d'accompagner le développement urbain et la croissance économique et contribuent à la préservation des nappes phréatiques de la région. De nouvelles stations de dessalement sont programmées dans le cadre du nouveau modèle de développement des provinces du sud pour accompagner le développement de projets agricoles à Boujdour et à Dakhla. En privilégiant le recours au dessalement, le Maroc crée une ressource naturelle vitale et critique et la met aux services des populations et des territoires. L'accès aux ressources naturelles du Sahara marocain et le droit international Concernant le principe de la primauté des intérêts des habitants tel qu'il est reconnu par la charte des nations unies, le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels et le droit au développement tel qu'il est souligné par la déclaration sur le droit au développement, rappelons que l'Etat marocain est le premier investisseur, premier employeur et premier contributeur au PIB de ces provinces. L'investissement public dépasse la moyenne nationale et a permis le développement des infrastructures (routes, aéroports, ports, écoles, centres hospitaliers...). Avec un taux de pauvreté de 3,3% contre 4,8% au niveau national, ces provinces se classent à la troisième position, après la région de Casa-Settat et de Tanger-Tétouan-Al-Hoceima. La contribution annuelle de l'Etat à la lutte contre la pauvreté serait de l'ordre de 4,6 milliards de DH. Les taux d'alphabétisation des habitants, d'accès des populations à l'électricité, à l'eau potable ou à l'assainissement sont parmi les plus élevés du Maroc. Concernant le principe de consentement des populations, il se matérialise par plusieurs constats. D'abord les taux élevés de participation aux élections dans ces régions (79% en 2015 et 76% en 2016). Ensuite le large exercice de consultation des populations conduit par les services de la Commission européenne et le Service Européen d'Action Extérieure dans le cadre de l'accord agricole entre le Maroc et l'Union Européenne. Et enfin l'élaboration du Nouveau modèle de développement des provinces du sud selon une démarche participative et transparente basée sur une consultation à toutes les étapes et sur tous les aspects. Dans le même sens, d'après le CESE, l'investissement privé dans ces provinces est majoritairement réalisé par des acteurs locaux (60-65%). Une réponse articulée autour d'une analyse élargie au concept du développement La question des ressources naturelles dans le Sahara marocain doit être examinée de manière globale en l'intégrant dans le développement général de ces territoires et en tenant compte du caractère évolutif et complexe du concept de développement. Il s'agit de considérer à la fois la triple performance de ce dernier (économique, sociale et environnementale), et le respect des quatre piliers sur lesquels repose le secteur des ressources naturelles, à savoir la bonne gouvernance, l'intégration économique, le respect de l'environnement et du principe de durabilité et, enfin, le respect des droits des populations. Tous les indicateurs démontrent clairement l'impact socio-économique de l'investissement et des efforts consentis par le Maroc en faveur de ces territoires et de leurs habitants. Les statistiques révèlent que les ressources naturelles ne constituent en aucun cas la part prépondérante pour le financement du développement de ces provinces. Celui-ci se fait dans le cadre d'une solidarité entre les différentes régions du Royaume avec des flux du nord vers le sud. Les investissements engagés et les subventions accordées permettent de réaliser les droits économiques, sociaux et culturels conformément au Pacte relatif à ces droits. Pour relever les défis encore persistants, le Maroc a lancé en 2016 le Nouveau modèle de développement des provinces du Sud avec un montant de 77 milliards de dirhams d'investissements. Ce nouveau modèle, élaboré dans le cadre de larges consultations avec les populations de ces régions et de leurs représentants vise à doubler le produit local global, à créer 120.000 postes d'emploi et hisser les provinces du Sud en tant que passerelle régionale, hub économique africain et un lien avec l'Europe. Ce nouveau modèle repose sur des piliers majeurs, à savoir le développement économique (Secteur des phosphates, valorisation agricole, valorisation des produits de mer et de la pisciculture, tourisme écologique, eau et énergies renouvelables, infrastructures et connectivité), la promotion sociale (Création d'un Centre Hospitalier Universitaire à Laâyoune et une Technopole dans la région de Foum El Oued), la bonne gouvernance, la durabilité et le renforcement de la connectivité (Route atlantique rapide Tiznit- Laâyoune- Dakhla sur 1055 et Port Dakhla Atlantique). Le développement de ces provinces se fait selon les meilleurs standards en termes de durabilité et de responsabilité sociétale. L'accès et l'utilisation des ressources naturelles du Sahara marocain se font dans la légalité et le respect à la fois des lois et de la Constitution marocaines et du droit international. Ceci se fait en conformité avec la déclaration universelle des droits de l'homme, la charte des nations unies, le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels ainsi qu'avec la déclaration sur le droit au développement et les principes directeurs de l'ONU relatifs aux entreprises et aux droits de l'Homme. Les principes de primauté des intérêts des habitants et de leur consentement sont respectés et les activités liées à ces ressources sont menées de manière inclusive au bénéfice des populations. Quatre cas de jurisprudence confortent d'ailleurs la position du Maroc sur ce volet. D'abord l'Avis juridique des Nations Unies de 2002, considéré comme la « référence première » en matière d'activités relatives aux ressources du Sahara marocain. Ensuite, le rejet en 2017, de la requête du « Polisario » par la cour maritime du Panama suite à la saisie d'une cargaison de phosphate en provenance de la mine de Phosboucraa. Puis l'issue en 2018 de la saisie des phosphates en Afrique du Sud malgré l'acharnement de la cour sud-africaine et les vaines tentatives de vente de la cargaison. Et enfin, récemment, l'adoption d'un accord sous forme d'échange de lettres entre le Maroc et l'Union européenne (UE) afin d'accorder des tarifs préférentiels aux produits du Sahara, notamment agricoles et de la pêche. L'adoption de cet accord a été précédée par un large processus de consultation des populations locales du Sahara marocain par les services de la Commission européenne et le Service Européen d'Action Extérieure (SEAE). L'analyse de la trajectoire du développement depuis 1975 montre que notre pays a placé le principe de la primauté des intérêts des populations et leur consultation au coeur de la gouvernance politique, économique, sociale et culturelle de ses provinces du sud.