Encore une fois l'efficacité des services de sécurité du Maroc vient d'être démontrée. Preuve en a été fournie avec cette information selon laquelle, ils ont bel et bien alerté leurs homologues d'Allemagne à deux reprises, en septembre et en octobre derniers déjà, sur le risque potentiel et quasi avéré que le jeune terroriste tunisien Anis Amri s'apprêtait à commettre un attentat d'envergure. Et dont l'horreur n'a d'égale que la cécité de la police allemande face aux appels préventifs des responsables sécuritaires du Maroc. Les services de la DGST ont en effet adressé deux alertes sur l'imminence d'un acte terroriste, une première fois le 19 septembre et une seconde fois le 11 octobre, retraçant quasiment le profil du jeune tunisien qui s'impatientait de commettre son crime, leur fournissant même les détails précieux. Si les services allemands avaient pris au sérieux ces deux alertes de la DGST du Maroc, sans doute que l'attentat de Berlin aurait pu être évité et aurait épargné au peuple allemand la tragédie du 19 décembre dernier. La mise à disposition des informations de ce haut niveau par les Services de sécurité du Maroc à leurs homologues européens – et autres – s'inscrit dans le cadre d'une coopération que notre pays a faite sienne et qu'il assume. Elle constitue également le souci de partage, en plus de la diligence et de l'efficacité des systèmes de veille et d'anticipation que la DGST met en œuvre dans cette lutte antiterroriste qui implique tous les pays. Le service allemand de renseignement et de lutte contre le terrorisme était donc informé par son homologue marocain que Anis Amri, qui avait été incarcéré en Italie pendant quatre années pour motif d'appartenance au mouvement jihadiste, affinait sa stratégie pour passer à l'acte et frapper fort. Il avait l'obligation de prendre au sérieux une telle menace et surtout l'information provenant du Maroc. D'autant plus que les services de sécurité du Maroc non seulement capable d'apporter de précieux renseignements à ce niveau, mais font preuve d'une anticipation et d'une prévention à nulle autre pareille. Les pays européens confrontés depuis quelques années au fléau du terrorisme en conviennent de plus en plus et reconnaissent, expérience oblige, les avancées en la matière du Maroc. C'est une surveillance – disons une filature assidue à distance – qui a permis aux services marocains de localiser le terroriste tunisien à Dortmund où il s'était planqué avec deux autres jihadistes, dont un originaire du Maroc, auquel la police fédérale allemande a confisqué le passeport. Il voulait rallier en 2011 le champ de guerre syro-irakien et s'était rendu en Italie où il a été arrêté. Comme il voulait aussi se faire passer, une fois libéré, pour un « réfugié » en Allemagne, pays qui a accueilli un flot humain de près de 900.000 personnes. Passé dans le maillage étroit quand même, il a préparé son coup spectaculaire et foncé dans le camion-bélier sur le Marché traditionnel de Noël lundi dernier, provoquant la mort de 12 personnes et faisant des dizaines de blessés graves. Pis : au-delà de la tragédie humaine qui bouleverse encore le monde entier, cette tragédie fragilise la chancelière allemande Angela Merkel, de plus en plus contestée et mise en cause. Elle renforce le camp des conservateurs , de l'extrême-droite et le mouvement islamophobe. Tout en effet aurait dû être évité si, en effet, les responsables sécuritaires allemands avaient pris acte de manière concrète des messages que la DGST du Maroc leur avait adressé officiellement à deux reprises, en septembre et de nouveau en octobre pour les mettre en garde et attirer leur attention contre l'un des plus tragiques attentats, dans sa forme et son « modus operandi » – similaire à celui de Nice en juillet dernier – qu'ait connu l'Allemagne ces dernières années.