La ville d'Essaouira possède un passé et une histoire dans le vivre-ensemble et la tolérance, qui méritent d'être raconté et transmis aux nouvelles générations, a affirmé vendredi, à Essaouira, le président-fondateur de l'association Essaouira Mogador, M. André Azoulay. S'exprimant lors d'un colloque portant sur le thème « la culture au cœur de la résilience de la société marocaine : les choix et les espoirs d'Essaouira » dans le cadre de la 13è édition du Festival des Andalousies Atlantiques, M. Azoulay a relevé que l'expérience d'Essaouira en matière de vivre-ensemble et de tolérance a deux millénaires d'histoire. La Cité des Alizés a été pendant le 19è siècle, l'un des espaces politiques, culturels et spirituels phare où régnaient une convergence et une fraternité entre Islam et judaïsme, a-t-il dit. « C'est à Essaouira qu'Islam et judaïsme ont eu la proximité la plus longue et la plus lucide, nourrie, modelée et façonnée par l'enracinement des identités de l'un et de l'autre », a-t-il ajouté. Et de faire observer qu'il n'y a pas tellement d'endroits dans le monde où ce choix a été fait. « Ce qui me conforte le plus c'est que cette génération se réapproprie cette maturité », a dit M. Azoulay. Il a, en outre, fait remarquer que le Maroc a su additionner toutes les civilisations qui se sont succédées au Maroc (phénicienne, carthaginoise, berbère, juive, romaine, et arabo-musulmane) et qui ont laissé de bonnes traces. « Les Marocains ne sont pas amnésiques. Ils revendiquent toutes ses civilisations et leurs apports et ils essaient de les additionner plutôt que de les mettre en rupture », a-t-il indiqué, notant qu'avec toutes ses civilisations, le Maroc vit une magnifique richesse. « Dans l'archaïsme qui nous entoure, et la régression qui nous envahit, c'est une responsabilité de parler de cet héritage, de témoigner, de le revendiquer et de le transmettre aux générations futures », a-t-il souligné. « Ceux qui veulent la cassure et la confrontation, ils trouveront devant eux le Maroc pour leur dire notre choix, notre identité et notre réalité », a-t-il affirmé. Par ailleurs, M. Azoulay a affirmé que « la tragédie palestinienne est au cœur de nos réflexions ». « Tant que le peuple palestinien sera dans la situation actuelle, je suis un être amputé, mutilé, en danger de mon judaïsme. Comment est-ce que je peux être juif tant que le peuple palestinien n'a pas retrouvé sa liberté, sa justice et sa dignité et vivre dans son Etat a côté d'un Etat israélien ? », a-t-il dit. « Le peuple palestinien rétabli dans ses droits est le grand garant de la stabilité et de la sécurité d'Israël », a-t-il conclut. Organisée par l'association Essaouira Mogador du 27 au 30 octobre, la 13è édition du Festival des Andalousies Atlantiques met l'accent sur la jeunesse, qui s'imprègne du patrimoine marocain judéo-musulman sans oublier pour le plus grand plaisir des nostalgiques, les grands représentants de la musique andalouse. Ce festival vient enrichir l'identité culturelle et musicale d'Essaouira et mettre en valeur l'histoire de l'héritage andalou parti de son berceau hispano-marocain et porté par les conquistadors jusqu'en Amérique Latine, en traversant l'Atlantique. Ce festival s'affirme désormais comme un rendez-vous annuel d'automne pour tous les amoureux d'Essaouira et de la culture andalouse. Il célèbre l'amitié maroco-espagnole autour d'une mémoire riche et vivante, dans une ville ouverte, fidèle à ses principes fondateurs de métissages culturels et ethniques.