La nécessité d'explorer davantage les opportunités de coopération et de partenariat entre le Maroc et l'Espagne dans différents domaines et le besoin de revisiter l'histoire commune aux deux pays, constituent les grands constats qui se dégagent des débats de la 1ère rencontre sur les "Dialogues de voisinage dans un monde global ", tenue jeudi à Casablanca. La plupart des intervenants, lors de cette rencontre, initiée par la Fondation espagnole Tanja et l'institution espagnole Circulo de Economia (Circle d'Economie), ont, en effet, relevé l'essor commercial et économique formidable qu'ont connu les relations maroco-espagnoles, durant la dernière décennie, et les opportunités d'échanges ou d'investissements qui restent à explorer. Cet essor, a-t-on noté, contraste avec l'image du Maroc en Espagne, d'où le besoin de revisiter l'histoire, pour des relations fondées sur une vision d'avenir. Le nombre d'entreprises opérant au Maroc dépassent le millier et le monde d'affaires espagnol ne peut rester indifférent à ce genre de débat sur le dialogue maroco-espagnol et les relations multidimensionnelles bilatérales, a-t-on également fait remarquer. Dans ce registre, M. Omar Azziman, président de la Commission consultative de la Régionalisation, a, d'abord, souligné l'excellence des relations politiques, économiques, commerciales et culturelles entre les deux pays et leur bonne évolution durant la dernière décennie notamment. Cette évolution, a-t-il fait remarquer, est confortée par l'effort d'universités, d'intellectuels, de milieux académiques, d'ONG, d'écrivains et de grands journalistes espagnols de renforcer l'amitié, le dialogue et le rapprochement avec le peuple marocain et d'Âœuvrer à l'intégration des émigrés et pour l'épanouissement de l'Islam. Cependant, a-t-il indiqué, se fondant sur des enquêtes faites en Espagne et au Maroc, au moment où l'image de l'Espagne au Maroc devient de plus en plus positive, celle du Maroc et du Marocain reste négative en Espagne notamment au niveau des milieux politiques radicaux, de certains partis nationalistes, de certains médias et de l'homme de la rue. M. Azziman, ex-ambassadeur du Maroc à Madrid (2004-2010), relève que dans ces cercles, qui cherchent à fragiliser les relations entre les deux pays, il y a toujours des réserves, des amalgames, des clichés et idées reçues qui reflètent une très grande méconnaissance du Maroc, malgré l'essor économique sans précédent des relations bilatérales et le flux touristique de plus en plus important. Il conclut qu'il y a moyen de dépasser cette situation et que l'histoire peut être un facteur de rapprochement, pourvu de la revisiter. Intervenant à ce sujet, M. Josep Ramoneda, directeur du Centre de la Culture contemporaine de Barcelone, président du Centre de Recherche et d'Innovation de Paris, a notamment estime nécessaire de reconnaitre cette triste " situation et confirme ce besoin de revisiter l'histoire, tout en déplorant les amalgames qui entourent l'islam et le terrorisme, le mythe sécuritaire et le mythe historique. Il a également souligné la nécessité de reconnaitre que l'occident n'a pas l'apanage de la civilisation et appelle aussi à " l'élimination des obstacles pour une reconnaissance mutuelle " et à la construction de l'avenir sur un "minimum de dénominateurs communs". A ce propos, M. Salaheddine Mezouar, ministre de l'Economie et des Finances, note l'ambition partagée de construire une relation structurée, basée sur une vision d'avenir. Dans un contexte de crise et de mutations mondiale, les deux pays sont interpellés à œuvrer à la recherche de nouvelles opportunités de coopération, a-t-il estimé, ajoutant qu'en tant que pays voisins, le Maroc et l'Espagne sont en mesure d'impulser à leur partenariat une nouvelle dynamique porteuse de bien-être à leurs citoyens. Parmi les secteurs de coopération porteurs entre les deux pays, celui de l'énergie figure en bonne place, a fait remarquer, de son côté, Mme Amina Benkhadra, ministre de l'Energie, des Mines, de l'Eau et de l'Environnement. Mme Benkhadra a souligné que le développement que connaît le Maroc dans les différents domaines suite aux grandes réformes entreprises depuis dix ans, engendre des besoins énergétiques encore plus importants. Elle a indiqué que les entreprises espagnoles, leaders dans les domaines de l'énergie éolienne et de l'énergie solaire, peuvent contribuer à la coopération maroco-espagnole en la matière et que le solaire ainsi que la Recherche-Innovation peuvent donner un réel contenu à cette coopération. Mme Benkhadra a passé en revue l'arsenal juridique adopté en matière énergétique et de l'environnement pour accompagner les entreprises et pour assurer le développement durable. La ministre a insisté sur le fait que les deux pays, constituant un pont entre les deux rives de la Méditerranée, ont un rôle important à jouer dans l'intégration régionale. Quant à M. Pedro Solbes, vice-président et ex-ministre de l'Economie du gouvernement espagnol (2004-2009), il a souligné l'importance de cette rencontre marquée par des débats " intelligents et fructueux ", à même de permettre aux deux peuples de " mieux se connaître ". Il a également souligné l'importance des relations actuelles du Maroc avec l'Union européenne (UE), relations que l'Espagne soutient encore plus, car toute évolution au Maroc ne peut que se répercuter sur son voisin ibérique, estime-t-il. Intervenant à l'issue des travaux, articulés autour de quatre séances sur " La crise globale, perspectives économiques ", les " Réalités, contraintes et opportunités du secteur énergétique ", le " Moyen de favoriser le dialogue entre voisins " et la " Vision économique Espagne-Maroc ", Mme Rosa Canadas, présidente de la fondation espagnole Tanja, s'est félicitée des débats ouverts et fructueux de cette 1ère rencontre qui ambitionne de se tenir chaque année alternativement à Casablanca et à Barcelone, siège du Cercle d'Economie. Mme Canadas a notamment estimé que le Maroc et l'Espagne se doivent d'approfondir leurs relations dans le but d'avancer vers un espace unique, notant que les alliances entre les deux pays vont au-delà de ce qu'elles représentent par elles-mêmes confortant plutôt le lien naturel entre le nord de l'Afrique et l'UE.