Le conseil d'école d'un lycée de Madrid, réuni mardi après midi pour décider au sujet de la situation de la jeune élève marocaine interdite d'école pour port du voile, a décidé de maintenir son règlement intérieur interdisant de "se couvrir la tête" dans l'enceinte de l'école. L'administration du lycée Camilo José Cela à Pozuelo de Alarcon (banlieue de Madrid), avait interdit, la semaine dernière, à Najwa Malha, âgée de 16 ans, d'entrer voilée en classe, lui permettant seulement de passer quelques heures de la journée dans la salle des visites afin de lui permettre de rencontrer ses camarades de classe. Pour justifier cette mesure, l'administration du lycée avait argué que le règlement intérieur de l'établissement interdit "de se couvrir la tête en classe ou de s'habiller de manière provocatrice". Le père de l'élève marocaine a présenté un recours contre cette décision devant le département chargé de l'Education de la région autonome de Madrid, première étape avant d'intenter un procès auprès du tribunal administratif. Dans un communiqué remis aux médias, la direction du lycée affirme avoir décidé, à l'issue de la réunion convoquée pour examiner le cas de l'élève marocaine, de maintenir son règlement intérieur interdisant aux élèves d'assister aux classes "la tête couverte d'un voile ou d'une casquette". La décision du Conseil d'école vient corroborer celle prise par le conseil des professeurs qui s'étaient opposés, dans leur majorité, à tout changement du règlement intérieur de l'école, en considérant que ce règlement ne pouvait pas être changé "pour une personne, encore moins sous pression". Dans des déclarations à la presse, la Conseillère de l'éducation de Pozuelo (communauté autonome de Madrid), a affirmé que "l'indépendance du lycée et le pouvoir de décision du conseil d'école seront respectés", avant d'ajouter que "c'est aux parents de la jeune élève Marocaine de décider du retour ou non de leur fille au lycée". Elle a également précisé que la jeune élève marocaine dispose "dès maintenant" d' une place dans un autre centre public et que son transfert dépend de sa famille. La décision de la direction du lycée vient porter un coup aux déclarations du ministre espagnol de l'Education, Angel Gabilondo, qui a souligné mardi que le droit à l'éducation doit être "au dessus" de toute autre considération. "Je suis en faveur à ce que l'élève (marocaine) assiste aux cours en classe", a-t-il souligné dans une brève déclaration à la presse, ajoutant que c'est le droit à l'éducation qui doit prévaloir. La situation de Najwa a provoqué, également, la réaction de l'Association des Travailleurs et Immigrés Marocains en Espagne (ATIME) qui a exprimé "son désaccord total avec cette décision discriminatoire". "Ce type de mesures ne fait qu'encourager la discrimination et compliquer l'intégration", a regretté ATIME qui a exigé de l'administration du lycée d'"assumer ses responsabilités en procédant à la réadmission de l'élève marocaine en classe", tout en lui rappellent que le droit à l'éducation garanti par la Constitution prévaut sur le règlement intérieur de cet établissement. La Fédération des entités religieuses islamiques d'Espagne (FEERI) a également dénoncé la situation de l'élève marocaine et adressé une lettre à ce sujet au ministère espagnol de la Justice.