Le dialogue "Média et Société", lancé le 1er mars, a bouclé, mardi, son premier mois par les onzième et douzième auditions avec la Ligue marocaine de défense des droits de l'Homme (LMDDH, fondée en 1972) et le Forum "Al Karama" des droits de l'Homme. Dans ce cadre, la délégation de la LMDDH, conduite par son président, Me Abdelkader Alami, et son secrétaire général, M. Azhari, a longuement exposé devant les membres de l'Instance du dialogue, l'historique des activités de défense de la liberté d'expression conduites durant ces décennies par l'organisation et ses positions de principe, notamment sur le référentiel de droit qui doit encadrer ce secteur, ainsi que les pratiques et réactions de la part des pouvoirs publics et de la justice, qui ont jalonné l'histoire de la presse marocaine, indique un communiqué de la coordination du dialogue "Média et Société". Passant en revue la période passée marquée par une omniprésence de la censure préalable, par la fermeture et la suspension des journaux, Me Alami a plaidé pour la promotion d'une presse "responsable qui respecte la société et ses valeurs" et qui s'autorégule au moyen d'un "conseil national composé de professionnels à l'instar des avocats et d'autres métiers". Après avoir souligné la nécessité de constitutionnaliser aussi bien la justice, en tant que "pouvoir indépendant" que "le droit du citoyen à l'accès à l'information", la délégation de la LMDDH a particulièrement développé sa vision quant au rôle et à la place des médias dans la société marocaine. A cet égard, et au gré de la discussion avec les onze partenaires constituant l'Instance du dialogue Média et Société, les cinq représentants de la Ligue ont défendu la nécessité pour les médias "d'accompagner le développement de la société marocaine, de donner la primauté à la règle de droit dans toutes ses prestations, y compris dans son légitime recours à la justice quand elle est injustement ou illégalement attaquée, et de respecter ses règles professionnelles et déontologiques dans le but de munir le citoyen d'une information utile, et surtout de qualité et promotionnelle de ses valeurs et de sa culture". Pour sa douzième audition, l'Instance du dialogue a tenu une séance avec une délégation du Forum "Al Karama", conduite par son président Me Mustapha Ramid, qui a axé son intervention sur trois registres illustrés par des cas de jurisprudence récents mettant en cause les relations entre la presse, les pouvoirs publics et la justice. A cet égard, Me Ramid a présenté un exposé critique des pratiques journalistiques, de moins en moins respectueuses de l'éthique et de la déontologie, "souvent provocatrices pour les institutions, usant de fausses informations et cédant à des traitements précipités". Il a, dans ce sens, regretté les nombreux écarts relevés par rapport au droit et à la législation qui ont marqué les réactions de l'exécutif et de la justice, dans le traitement des "délits de presse" découlant des pratiques de nos médias ces dernières années. Des réactions de pouvoirs publics qui "hélas, a estimé Me Ramid, ont témoigné souvent d'un abus de pouvoir, tout en révélant les grandes confusions et imprécisions qui meublent nos différentes législations, notamment le code de la presse, le code pénal et le code de procédure pénale et qui, de ce fait, se prêtent à des jugements et à des procédures de saisie et de poursuite souvent dommageables pour la liberté d'expression en général, pour la liberté de la presse en particulier et pour la consécration réelle et irréversible de la démocratie dans ce champ qui est "cardinal pour la promotion de l'Etat de droit". Par ailleurs, compte tenu de l'agenda des parlementaires appelés à rejoindre bientôt les travaux de la session du printemps, l'Instance en charge de la conduite du dialogue Média et Société, a décidé de reprendre ses auditions durant la première semaine d'avril. A ce jour, l'Instance a déjà pu programmer, pour le début du mois prochain, des auditions avec la direction de l'agence Maghreb Arabe Presse et avec la direction de la Société nationale de radiodiffusion et de télévision (SNRT), tout en finalisant la programmation d'auditions avec de hautes instances, comme le Conseil consultatif des droits de l'Homme, la Haute Autorité de la Communication Audiovisuelle (HACA) et le Conseil de la Concurrence. L'Instance est composée des représentants du Syndicat National de la Presse Marocaine (SNMP), de la Fédération Marocaine des Editeurs de Journaux (FMEJ), du ministère de la communication et des présidents des groupes parlementaires, aux deux Chambres du parlement: Groupe Istiqlalien pour l'unité et l'égalitarisme, groupe socialiste, groupe Authenticité et modernité, groupe de la mouvance populaire, groupe du Rassemblement National des Indépendants, groupe de Justice et Développement, groupe Constitutionnel et groupe de l'alliance des forces démocratiques et progressistes.