Les représentants d'ONG mauritaniennes ont demandé, mercredi lors d'une conférence de presse à Genève, que la vérité soit faite et que justice soit rendue concernant le cas de centaines de disparus civils mauritaniens dans les camps du "polisario" à Tindouf. Lors de cette conférence de presse, tenue au Club Suisse de la Presse, M. Moussa Mouctar Said, de l'ONG "El Wafa pour les droits de l'Homme" a rappelé qu'entre 1979 et 1990, des centaines de Mauritaniens ont disparu. Il a précisé que ces disparitions ont été connues grâce aux témoignages de certains parmi les rescapés mauritaniens revenus au pays et qui avaient fait état de la disparition de leurs concitoyens. Les familles des victimes et les orphelins des disparus réclament aujourd'hui le retour de leurs proches ou que leur sort soit élucidé, a-t-il insisté. Intervenant au nom de l'Agence internationale pour le développement, Mme Delphine Bourgeois, a attiré l'attention sur les graves violations des droits de l'Homme commises dans les camps de Tindouf en Algérie. "Sollicités à plusieurs reprises par une ONG mauritanienne, nous nous sommes rendus en Mauritanie pour entendre et rencontrer des ex-détenus du groupe séparatiste du +polisario+", armés par l'Algérie, ainsi que des familles de personnes enlevées et séquestrées qui ont pris l'initiative de rendre enfin publics des faits qui ont touché leur dignité, a-t-elle précisé, soulignant que ces faits, gravés à jamais dans leur mémoire, se rapportent à la torture, à la violence, à l'humiliation, au viol et à l'enlèvement, en l'absence de toute protection internationale. Elle s'est dite "sidérée" et "scandalisée" de constater que des traitements aussi inhumains et d'une telle cruauté pouvaient encore persister en ce début du 21ème siècle. Ces violations, a-t-elle expliqué, varient entre enlèvements, disparitions forcées, détentions arbitraires, génocide et sévices physiques et psychologiques et rappellent les camps de séquestration dignes des époques les plus sombres de l'histoire. C'est de cet enfer que les victimes mauritaniennes ont témoigné et certaines ont accepté de venir jusqu'à Genève pour raconter leurs souffrances, a ajouté Mme Bouregois, qui a demandé à ce que le Conseil des doits de l'Homme de l'ONU, qui tient actuellement sa 13ème session, soit saisi de cette question et que justice soit rendue aux victimes.
M. Cherif Tidjert, président d'une Association humanitaire mauritanienne, a relaté, pour sa part, le calvaire de son frère, disparu dans les camps du "polisario" depuis 1979, ajoutant que la famille de la victime n'a connu la vérité sur son sort qu'en 1997 lorsque les rescapés mauritaniens des camps du "polisario" ont commencé à rentrer au pays. "Selon les témoignages que nous avons pu avoir, mon frère a été torturé à mort après avoir été emprisonné en octobre 1982", a-t-il dénoncé, ajoutant que son Association demande à être aidée pour sensibiliser l'opinion publique internationale sur cette question afin que la vérité éclate. M. Mohamed Val, représentant d'une ONG mauritanienne de défense des droits de l'Homme et rescapé des geôles du "polisario", a déploré que le drame des victimes des disparus des camps du "polisario" perdure depuis une quinzaine d'années. Il a rappelé avoir fait partie des centaines de jeunes mauritaniens qui "se sont retrouvés dans des centres où nous étions détenus entre 4 et 7 ans dans des conditions inhumaines indescriptibles", a-t-raconté. Les représentants des ONG mauritaniens ont appelé, à cette occasion, le Conseil des droits de l'Homme à se saisir du cas des disparus des camps du "polisario" et demandé à ce que le sort des victimes soit élucidé et à ce que des réparations soient accordées aux rescapés.