Les caractéristiques dont jouit le Maroc lui "confèrent une place de choix" sur la carte du cinéma mondial en tant que destination de plus en plus prisée des productions étrangères, a affirmé le cinéaste marocain, Mohamed Oumouloud Abbazi. -Propos recueillis par Nadia El Hachimi- De par ses sites naturels, ses décors exotiques et son capital humain, "le Royaume a été depuis toujours une terre de prédilection pour le cinéma et les productions étrangères", a souligné ce cinéaste lors d'un entretien accordé à la MAP à l'occasion de la présentation de son dernier film "Itto Titrit" à Washington. + D'Orson Welles à Oliver Stone+. "Le Maroc a séduit des grands metteurs en scène à commencer par David Lean et Orson Welles, qui ont tourné des joyaux du cinéma classique au Royaume et cette tradition s'est perpétuée avec des cinéastes comme Oliver Stone", a affirmé ce réalisateur, issu de la première génération de cinéastes marocains de l'après l'indépendance. En effet, poursuit Abbazi, les facteurs n'ont pas manqué d'attirer les créateurs de renom et de promouvoir "une solide industrie cinématographique se trouvant au carrefour de toutes les cultures". Selon lui, "la tradition de l'ouverture sur le cinéma international s'est confirmée depuis les années 70 par la formation de professionnels locaux et la mise en valeur des atouts du Royaume", qui ne se résument pas seulement aux paysages esthétiques et à une lumière généreuse. Ce natif de Khémisset, ayant fréquenté, tout à tour, l'Ecole de Cinéma au Maroc, l'université de Californie à Los Angeles (UCLA) et la très prestigieuse Université d'Harvard, n'a pas manqué de rappeler "l'importance du capital humain marocain". Les marocains, explique-t-il, ont toujours fait montre d'une grande hospitalité à l'égard de toute Âœuvre cinématographique ayant besoin de sa présence.
+Un cinéma national en plein renouveau
M. Abbazi, auteur de plusieurs films et documentaires sur le Maroc depuis les années 60, n'a pas manqué de souligner la contribution du Royaume à travers son fonds de soutien à l'essor du cinéma marocain et à l'implantation d'une industrie cinématographique locale en pleine croissance. Et d'ajouter que cette vocation cinématographique "s'est consolidée par une série de mesures dont la mise en place de structures d'accueil professionnelles et l'assouplissement des procédures administratives". Le Cinéma marocain, selon lui, a également connu un nouveau souffle grâce à l'"émergence d'une jeune génération de cinéastes qui ont de bonnes idées", offrant du "sang neuf" et de la "vigueur" à l'industrie cinématographique marocaine. Pour Abbazi, cette génération mérite "toute la confiance" de la scène cinématographique marocaine, étant donné leur haut niveau de formation mais surtout "leur volonté de représenter dignement le Royaume". "Il ne faut pas s'arrêter en cours de route, le cinéma marocain est appelé à faire de grandes choses", a-t-il assuré, notant que la qualité des films actuels "lui vaudront peut être un oscar au cours des vingt prochaines années".
+ Abbazi, figure renommée du cinéma marocain Depuis ses premiers débuts dans les années 60, Abbazi s'est découvert une vocation pour les questions sociales qui ont marqué le Maroc d'après l'indépendance. Une tendance clairement affichée dans ses courts métrages comme "Le Rêve de Mimoun", "Mon Fils Larbi", ou encore "Un arrangement". Dans les années 70, ce réalisateur marocain a prêté ses compétences aux cinéastes étrangers de passage au Maroc dont Richard Attenborough, Robert Wise, John Huston, Franco Zefirrelli, Giuliano Montaldo et Kenzo Takada. Aujourd'hui du haut des ses soixante-douze ans, Abbazi est à la fois témoin et contributeur à la promotion du cinéma marocain. Sa dernière Âœuvre "Itto Titrit" représente à ses yeux "un retour aux sources" et "un hommage à la lutte du Royaume pour l'indépendance dans les années 1955-1957". "Ce film illustre les valeurs de fierté et de tolérance qui ont toujours fait la spécificité du Royaume", a-t-il souligné, se disant "fier" d'avoir pu présenter "une partie de leur histoire" à la communauté marocaine établie aux Etats-Unis. Itto Titrit, qui retrace la lutte d'une petite fille pour le savoir afin d'échapper au mariage précoce, donne un "aperçu historique sur le développement des droits des femmes au Maroc", a-t-il ajouté. Ce long-métrage, qui a remporté le prix de la meilleure photo au Festival du Film à Tanger en 2008, est le troisième à l'actif du cinéaste après Melwad Lhih (1982) et trésors de l'Atlas (1997).