Le Plan d'Action Conjoint (PAC) pour le développement de l'agriculture et de la sécurité alimentaire dans le monde arabe et en Afrique, adopté mardi à Charm El Cheikh (Egypte), traduit la volonté des deux régions de faire front commun face aux problèmes de la sécurité alimentaire, à travers une forte mobilisation de leurs ressources. Entériné par les ministres africains et arabes de l'Agriculture, le PAC se veut un plan d'action conjoint basé sur les stratégies élaborées et adoptées par les deux régions suite à une évaluation "critique et approfondie" de la situation actuelle du développement agricole et de la sécurité alimentaire dans les pays arabes et africains. Les stratégies en matière de développement agricole durable, adoptées par l'Union Africaine et la Ligue arabe, préconisaient une augmentation significative de la productivité agricole dans l'objectif d'atténuer la pauvreté, la faim et la malnutrition. En dépit de l'augmentation de la production agricole dans certains pays membres, la production alimentaire par habitant, demeurait faible dans la plupart des pays africains et arabes "en raison d'une faible production agricole face à une démographie galopante". Selon un document distribué à cette occasion, les estimations récentes de la FAO relèvent que 923 millions de personnes dans le monde souffrent de la faim d'une manière chronique (sous-alimentées), soit 75 millions de plus par rapport aux estimations de 2005. Les chiffres de 2009 prévoient plus d'un milliard de personnes sous-alimentées, eu égard à l'augmentation vertigineuse des prix des produits alimentaires qui touchent beaucoup plus les pauvres et les personnes vulnérables. Au plan régional, l'Asie et l'Afrique subsaharienne comptent le plus grand nombre de personnes souffrant de malnutrition, soit 90 pc des personnes sous-alimentées dans le monde. A elle seule, l'Afrique subsaharienne compte 200 millions, soit 30 pc du nombre de la population totale. Quinze à seize pays de cette région africaine ont un taux de prévalence de la faim qui dépasse les 35 pc. En Afrique du Nord et au Moyen-Orient, les estimations de la FAO indiquent que 7,8 pc de la population totale font partie de la catégorie des personnes sous-alimentées. Les responsables africains et arabes de l'Agriculture ont souligné que le déficit alimentaire a contraint plusieurs pays en Afrique subsaharienne à devenir tributaires de l'aide alimentaire, ce qui crée "un cercle vicieux" de la pauvreté et de l'insécurité alimentaire. Ils ont, de même, relevé que plusieurs pays d'Afrique subsaharienne mettent l'accent sur la production et la culture de rapports au détriment de la culture de produits de base, sans compter le faible niveau de l'investissement nécessaire à l'augmentation de la production et à la transformation des produits alimentaires, notamment les produits animaliers, les céréales et la culture de tubercules. En dépit de l'adoption par le Sommet de l'Union Africaine, en 2003, du Programme détaillé pour le développement de l'agriculture en Afrique (PDDA), la situation de la sécurité alimentaire en Afrique ne s'est guère améliorée, ont-ils rappelé, ajoutant qu'un certain nombre de pays arabes, quoi que, à des degrés et dans une situation relativement meilleure, furent confrontés également au problème de la dépendance des importations des produits alimentaires, principalement à partir des pays développés. Le règlement conjoint du problème de la sécurité alimentaire, grâce aux ressources considérables dont regorgent les deux régions, était une des principales raisons de la mise en place de la coopération afro-arabe en 1977, au Caire. Les pays de l'Afrique subsaharienne possèdent de vastes superficies de terres cultivables, des pâturages, de l'eau et des forêts, représentent un énorme marché avec une démographie croissante, disposent d'une diversité agro écologie, et constituent une importante source pour le travail agricole. De leur côté, les pays arabes ont des ressources financières avec la possibilité de consacrer une partie au secteur agricole, ont relativement une longueur d'avance pour ce qui est de l'expérience et du savoir-faire et disposent d'infrastructures (marchés et commerce) et ont une meilleure connaissance dans la transformation des produits agricoles, des outils de marketing et des techniques liées à l'agriculture. Conformément au mandat accordé par le Conseil exécutif de l'Union africaine (UA) en janvier 2008, plusieurs réunions successives d'experts de haut niveau des deux régions ont été organisées à Damas, à Riyad et au Caire, en vue d'élaborer le Plan d'Action Conjoint (PAC). Compte tenu de la séparation géographique et fonctionnelle entre la culture, l'élevage dans les systèmes agricoles des pays africains et des pays arabes, le document souligne que des "efforts supplémentaires" devraient être faits pour promouvoir la spécialisation et la diversification aux niveaux national et régional, avec un échange des expériences, le transfert des technologies et des expertise, le but étant de créer une "interdépendance" entre les pays des deux régions. Les responsables africains et arabes ont appelé à adopter l'utilisation de systèmes d'irrigation améliorés et appropriés et de les étendre à de nombreux pays pour assurer une meilleure utilisation des ressources en eau, notant que l'Afrique utilise moins de 4 pc de son potentiel de ressources en eau. Pour ce faire, ils ont insisté sur la nécessité d'une coopération interrégionale pour établir un partenariat entre les pays africains et arabes. Selon des données concernant les terres arables, l'Afrique est plus nantie que la région arabe et est en mesure de cultiver ses vastes surfaces arables pour remédier à l'insécurité alimentaire et à la malnutrition dans les deux régions. "Nul doute que des mesures plus incitatives en matière d'investissement et en foncier, l'amélioration des systèmes d'irrigation et la mobilisation des ressources, permettront aux deux régions de récolter les fruits d'une augmentation de la production alimentaire et des échanges commerciaux", souligne à cet égard le document.