Les ministres arabes et africains de l'Agriculture ont adopté, mardi à Charm El Cheikh, en Egypte, un Plan d'action conjoint (PAC) pour le développement de l'agriculture et de la sécurité alimentaire dans le monde arabe et en Afrique. Au terme de leur réunion, les ministres ont décidé d'établir au sein de l'Organisation arabe pour le développement agricole (OADA), une unité de facilitation qui "doit coordonner et fixer les domaines prioritaires en matière de collaboration susceptibles d'être mis en oeuvre sur le court et le moyen termes". La mise en place de cette unité afro-arabe de facilitation du PAC devra notamment faire fonction d'Organe consultatif spécialisé pour la "réduction des conséquences négatives qui résultent des investissements étrangers directs et des entités qui ont des intérêts contradictoires", évaluer les besoins en matière de ressources humaines et institutionnelles du PAC. Elle deviendra aussi une source de données sur les politiques d'investissement dans les pays dans lesquels les investissements du PAC sont proposés, identifiera les zones où il y aurait des divergences potentielles entre les politiques des Etats membres de la Ligue arabe et de l'Union africaine (UA) afin qu'elles soient examinées par les autorités appropriées, et soumettra des rapports biannuels à l'UA et à l'organisation panarabe. Servant de catalyseur, l'Unité de facilitation proposée servira de maillon aux fins d'établissement de liens entre les institutions privées et publiques des deux régions, en vue de la mise en place d'exploitations commerciales conjointes dans le cadre de co-entreprises ou individuelles sous-forme de sociétés en commandite simple ou sous-forme de société anonyme. Dans ce sens, les ministres ont demandé à la Commission de l'UA, au secrétariat général de la Ligue arabe et à l'OADA d'élaborer une proposition exhaustive concernant la structure et le mandat de l'Unité de facilitation afin d'être soumise au 2ème sommet arabo-africain, prévu fin 2010 en Libye. Ils ont affirmé que le Plan d'action conjoint devrait traiter des questions environnementales transfrontalières "de manière coordonnée, si l'on veut atténuer les incidences des insectes et des maladies, de la déforestation, de la désertification, de l'utilisation inefficace des ressources en eau, et de la perte de la biodiversité". Ils ont ainsi appelé les pouvoirs publics des pays africains et arabes à établir notamment un réseau avec les institutions existantes, en tant qu'action prioritaire, dont l'objectif est d'assurer une gestion durable des ressources naturelles, encourager les pays membres à mettre en oeuvre les Conventions, Initiatives, Protocoles et Traités internationaux et régionaux en matière environnementale et adopter des positions communes afro-arabes sur les conventions internationales. Ils ont demandé aux organismes arabes et africains d'élaborer une proposition fixant les modalités et les mécanismes de financement du PAC. Ils se sont, par ailleurs, déclarés "préoccupés" par la crise financière mondiale et les effets conjugués des conditions économiques, politiques et environnementales dans le monde, notamment les changements climatiques, le réchauffement global, la désertification, la sécheresse et les inondations qui n'ont fait qu'exacerber la situation actuelle en matière de sécurité alimentaire dans les deux régions. Les ministres ont également souligné que la productivité agricole dans les deux régions est affectée par plusieurs facteurs, dont la pauvreté des petits exploitants, le niveau technologique inadéquat, l'accès limité à des coûts raisonnables aux technologies agricoles et le faible accès aux marchés et aux services de développement des affaires, ainsi que l'absence de projets viables pour les entrepreneurs des petites et moyennes entreprises. Tout en mettant en avant les richesses que recèlent les régions arabe et africaine, ils ont relevé que la réduction de l'insécurité alimentaire et de la malnutrition devrait être basée sur une vision commune à long-terme ayant pour fondement un partenariat solide entre les deux régions. Les responsables arabes et africains ont insisté dans ce sens sur la nécessité d'accorder une attention particulière au rôle prééminent de l'agriculture en tant qu'instrument fondamental pour un développement durable, ainsi que pour la réduction de la pauvreté et garantir la sécurité alimentaire. Soulignant la difficulté à laquelle font face les pays africains et arabes dans le financement durable du développement agricole et de la sécurité alimentaire, ils ont appelé à la création d'un Fonds conjoint afro-arabe pour l'investissement agricole. Les responsables arabes et africains ont estimé que l'établissement de partenariats entre les différentes catégories d'investisseurs pourrait être une alternative acceptable pour le financement de programmes de développement agricole et de la sécurité alimentaire. Ils ont réaffirmé aussi la nécessité de résoudre le problème du développement de l'agriculture et de la sécurité alimentaire par "la promotion de la coopération et de la fraternité afro-arabe". Initiée conjointement par la Commission de l'UA et la Ligue arabe, cette rencontre vise à élaborer un programme de travail conjoint pour tirer parti des possibilités qui existent dans le monde arabe et en Afrique pour assurer la sécurité alimentaire et soutenir le développement de l'agriculture dans les deux régions. Cette réunion a porté notamment sur la stratégie de l'Union africaine relative à la promotion de l'agriculture et la sécurité alimentaire, la stratégie des pays arabes sur le développement durable de l'agriculture et de la politique foncière en Afrique. Le document de référence intitulé "situation et perspectives de l'agriculture et de la sécurité en Afrique et dans le monde arabe" a été aussi au menu des discussions. La tenue de cette Conférence ministérielle, à laquelle le Maroc était représenté par le ministre de l'Agriculture et de la Pêche maritime, M. Aziz Akhannouch, reflète l'intérêt de l'UA et de la Ligue arabe pour jeter les bases pratiques d'une coopération fructueuse dans le domaine du développement de l'agriculture et de la sécurité alimentaire.