Le président du Conseil français du culte musulman (CFCM), M. Mohamed Moussaoui, a appelé, mercredi, à "mettre un terme à la stigmatisation" des Musulmans et de l'Islam en France et dénoncé "l'instrumentalisation politique" de cette religion. Dans une tribune publiée par le journal français +Le Monde+, le responsable de cette instance représentative des Musulmans de France s'est élevé contre l'islamophobie et ses manifestations grandissantes par les profanations à répétition de lieux de culte et des dérapages à caractère raciste à l'occasion des débats sur le voile intégral et l'identité nationale. "Des formes de racisme et d'islamophobie se sont développées et banalisées" en France, constate M. Moussaoui pour qui de nombreux "amalgames ont provoqué des peurs, souvent irrationnelles, de tout ce qui est musulman". "L'Islam a été sorti de la sphère spirituelle pour devenir un sujet politique" à l'occasion des débats sur la burqa et l'identité nationale, "parfaites illustrations" de l'instrumentalisation de l'Islam à des fins politiques, a-t-il dit. Pour M. Moussaoui, ces débats amplifiés par "l'emballement médiatique" ont créé "un climat d'incompréhension et d'inquiétude" chez les Musulmans de France. La présence musulmane sur le sol français est "assimilée à une présence étrangère qui vient perturber le paysage français", s'indigne M. Moussaoui, alors que, poursuit-il, les sacrifices des Musulmans pour la libération de la France et leur contribution à l'essor économique de ce pays "n'ont pas reçu la considération à laquelle ils avaient droit". Il déplore également que la profanation des tombes de soldats musulmans morts pour la France n'ait pas provoqué l'indignation qu'elle méritait "en réponse à cette odieuse insulte à sa mémoire". Revenant sur les débats d'actualité, le président du CFCM rappelle son opposition au port du voile intégral même s'il comprend "le rejet que peut susciter cette pratique marginale". Au lieu de légiférer sur cette question marginale, il serait "plus judicieux" que la France se penche sur "le mal-être" des jeunes musulmans qui "tendent à se replier sur eux-mêmes, parce qu'ils peuvent se sentir non reconnus, non considérés et discriminés", a-t-il dit. "Plutôt que de dénoncer les racines sociales et politiques de certains phénomènes réels, le débat s'est de plus en plus focalisé sur leurs origines prétendument culturelles et religieuses", a-t-il ajouté. M. Moussaoui admet certes une pratique radicale de la religion par "une extrême minorité" d'individus, mais en réalité "l'immense majorité des Musulmans de France aspire à vivre sa spiritualité dans le strict respect des valeurs de la République et aspire le faire dans l'indifférence et la banalisation", à l'instar des autres citoyens de confessions ou de convictions différentes. Le président du CFCM revendique, en outre, "le droit du culte musulman en France à l'indifférence".