La fin du régime Kadhafi laisse le polisario dos au mur et pose avec acuité l'impérieuse nécessité de l'unité maghrébine, "qui a trop longtemps pâti du refus systématique des séparatistes de s'engager sérieusement dans des négociations sous l'égide de l'ONU" en vue d'un règlement de la question du Sahara, souligne lundi la Gazette du Congrès américain (The Hill). "A cause de l'intransigeance et du refus systématique du polisario à négocier sérieusement, sous l'égide des Nations Unies, le conflit du Sahara se trouve empêtré dans une impasse depuis plus de trois décennies", déplore la publication américaine, dans un article intitulé: "Paix ou +poudrière+ en Afrique du Nord". Cette impasse, note l'auteur de l'éditorial, Edouard M. Gabriel, ancien ambassadeur US, "a eu pour conséquence d'exacerber les conditions de vie des séquestrés dans les camps de Tindouf et de mettre en péril la stabilité dans la région du Maghreb". L'ancien diplomate US a estimé, à cet égard, que la fin du régime Kadhafi, soutien de la première heure des séparatistes, "ouvre la voie à une plus grande intégration dans cette région, élément essentiel pour générer la croissance économique, ainsi que les conditions d'une meilleure coopération pour ce qui est des questions de sécurité". Tous ces facteurs réunis son incontournables pour assurer, à leur tour, le succès des réformes démocratiques, a-t-il dit. Conscient de cet impératif, "le nouveau leadership libyen n'a pas tardé à déclarer son soutien à la proposition d'autonomie au Sahara, sous souveraineté marocaine", a relevé Edouard Gabriel, notant que la nouvelle constitution marocaine, qui a fait l'objet d'une "très forte adhésion" des populations sahraouies, "constitue un exemple de réformes démocratiques pacifiques". De même source on rappelle que le Département d'Etat américain avait récemment souligné, dans un rapport, que le conflit du Sahara "constitue une entrave à une plus grande coopération antiterroriste" entre l'Algérie et le Maroc, "une faiblesse qu'AQMI ne manquera pas d'exploiter". The Hill rappelle, par ailleurs, que des centaines de militants du polisario avaient été recrutés par le régime Kadhafi dans le but de "faire plier la rébellion libyenne" et prendre les armes contre les forces de l'OTAN, ajoutant que des membres des séparatistes avaient également été liés à Al-Qaeda dans le Maghreb Islamique et aux trafiquants de drogues dans la région du Sahel. "A cause de six mois de guerre civile et de chaos en Libye, la région du Sahel est plus que jamais en danger", met en garde la publication américaine, en expliquant que des quantités innombrables d'armes de l'ancien régime libyen sont actuellement en libre circulation dans la région, y compris des missiles sol-air, "actuellement entre les mains d'AQMI, selon les autorités mauritaniennes". Le chef de l'Africom, le général US Carter Ham, avait à ce propos comparé la région à une "poudrière", en soulignant que la présence d'AQMI au Sahel constitue "un danger pour les Etats Unis et pour d'autres pays occidentaux".