Les négociations entre le Maroc et le Polisario sont revenues à la case de départ. Un cinquième round est déjà prévu. Quelques jours avant le démarrage des négociations, le Polisario use à satiété de la presse algérienne pour insulter l'avenir alors que les généraux algériens poussent les séparatistes à s'installer dans la zone tampon de Tifarity. Une escalade que le Maroc ne pourra jamais admettre. Si le ton a durci avant même le début du 4ème round des négociations, la clôture des discussions n'a apporté rien de concret. Récit. C'est parti pour un cinquième round des négociations entre le Polisario et le Maroc. «La date n'a pas encore été fixée mais les membres de la dream team sont formels, la porte n'a pas été fermée. Nous allons attendre le rapport du Conseil de sécurité de l'ONU pour décider de la date », a précisé Taib Fassi Fihri. Les traits tirés, mais apparemment satisfaits, les négociateurs marocains se sont prêtés de bonne grâce à la tradionnelle conférence de presse dans les locaux de la mission marocaine auprès de l'ONU. Pour confirmer ce que l'on savait déjà, à savoir que le Polisario a tout fait pour que les négociations reviennent à la case départ. «Nous sommes venus animés par toute la bonne foi du monde, nous sommes convaincus que la sincérité de notre démarche et la viabilité de notre proposition, auront le dessus tôt ou tard. Nous sommes décidés à donner le temps au temps pour cela. Mais nous n'accepterons jamais aucune menace de quelle que nature qu'elle soit», a martelé, de son côté, Yassine Mansouri, le patron de la DGED. C'est en substance le discours tenu par Chakib Benmoussa devant les membres de la délégation du Polisario. «Animée par la même bonne foi, la même détermination et le même attachement sincère aux Résolutions 1754 et 1783 du Conseil de Sécurité, et conformément à ce qui a été convenu lors du troisième round des négociations, la délégation du Royaume du Maroc participe à ce quatrième round, partageant en cela la ferme volonté de la communauté internationale de veiller à ce que ce nouveau round marque le point de départ pour des négociations réelles et substantielles». En donnant le coup d'envoi des négociations entre le Maroc et le Polisario, le ministre de l'Intérieur, Chakib Benmoussa, a par la même occasion résumé l'état d'esprit qui prévaut à Manhasset pour les trois jours de discussions, du 16 au 18 mars dernier. Début des négociations Un temps maussade régnait sur la banlieue de New York, ce lundi 17 mars. La veille, la délégation marocaine conduite par la dream team, avait déposé ses bagages à la résidence de Manhasset. Enfermés à double tour, Chakib Benmoussa, Yassine Mansouri, Taieb Fassi Fihri et Khali Henna Ould Rachid, ne devaient retrouver la liberté que le mardi 18 mars dans la soirée. Près de quarante huit heures après négociations avec des polisariens, conduits par M'hamed Kheddad, bien décidés à mettre la pression à fond. La résidence “Greentree” à Manhasset, sorte de maison d'hôtes aménagée en pleine verdure et spécialement destinée aux longues et difficiles négociations, est interdite aux journalistes. Quelques caméramans, postés aux alentours de la résidence, guettent les hypothétiques apparitions de ce palais colonial transformé en véritable forteresse par l'ONU. Après une courte nuit où chacun devait prendre ses quartiers, coordonner avec ses collaborateurs et les premiers contacts avec les autres protagonistes, les délégations du Maroc, du Polisario sous le regard en principe neutre des algériens, et autres mauritaniens, devront croiser le fer jusqu'à mardi, jour où du côté marocain, les membres de la délégation conduite par Chakib Benmoussa, devait tenir sa tradionnelle conférence de presse. Pour la partie marocaine, il n'y avait rien d'autre que le projet d'autonomie marocain. L'initiative est marocaine, et, de ce fait, débattre d'un autre texte, dénature les négociations. Pour le président du CORCAS: « C'est bien le Maroc qui a relancé le dossier du Sahara, avec comme toile de fond l'initiative d'autonomie qui répond parfaitement aux aspirations des populations sahraouies. Une initiative conforme aux attentes de la communauté internationale et du Conseil de sécurité de l'ONU ». Même son de cloche du côté de Chakib Benmoussa, qui ne voit pas d'autre issue au dossier du Sahara, que l'autonomie et rien d'autre que l'autonomie. Double discours Or, ce plan d'autonomie auquel ni les séparatistes, ni leur commanditaires algériens ne s'attendaient à créer une véritable panique dans leurs rangs. Comme le texte est conforme aux aspirations des populations sahraouies, ce même Polisario, n'a pas trouvé autre chose que de tenir un double discours. Pour bloquer les départs massifs vers le Maroc, on sert un discours de consommation interne où on rassure les séquestrés de Tindouf sur «des négociations certes difficiles, mais qui devraient bientôt déboucher sur une solution finale satisfaisante» alors que d'un autre côté, on orchestre une campagne de communication hostile au Maroc et «sa volonté délibérée de blocage». En effet, quelques heures avant le démarrage des négociations, Mohamed Abdelaziz s'épanchait dans un entretien accordé à la Chaîne III de la Radio nationale algérienne. Le chef des séparatistes, qui a juste survolé la question des négociations à Manhasset avec le Maroc, a tiré à boulets rouges sur le gouvernement du Maroc, accusé de bloquer le processus de paix ( sic). « C'est le Maroc qui bloque alors que l'Algérie, est un pays limitrophe du Sahara occidental et du Maroc, qui n'a rien à voir dans ce conflit, et n'a pas de revendications territoriales sur ce territoire ». Autant dire que Mohamed Abdelaziz et ses lieutenants ne se font aucune illusion sur l'issue de ces négociations, bien qu'il soit pour eux primordial de participer, ne fût-ce que du bout des lèvres à une confrontation voulue par l'ONU et qui se tient sur le territoire de l'Oncle Sam. Le Polisario est venu encore une fois à Manhasset avec la même rengaine, à savoir que « la finalité des négociations est claire : une solution qui garantit le droit à l'autodétermination, qui est mentionnée dans le libellé des résolutions 1754 et 1783 adoptées en 2007 par le Conseil de sécurité ». Après avoir dirigé trois rounds de négociations depuis juin entre les deux parties au conflit, le médiateur de l'ONU, Peter Van Walsum, avait déclaré, en février dernier, qu'il n'avait pas encore trouvé de solution à ce conflit vieux de 33 ans. Lors d'une tournée dans la région, il y a quelques mois, l'envoyé personnel du Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-Moon, avait déclaré «Je n'ai pas de nouveau plan pour sortir de l'impasse ». Les négociateurs du Maroc et du Polisario se sont retrouvés à Manhasset à quatre reprises sous les auspices de l'ONU depuis juin 2007. Le Secrétaire général de l'ONU est allé jusqu'à dire, dans son dernier rapport au Conseil de sécurité sur le Sahara, qu'il n'y avait pas eu encore de «réelles négociations» entre les deux parties. À la veille de la tenue des négociations, le Maroc a souligné une nouvelle fois qu'il n'accepterait «rien d'autre» que l'autonomie pour résoudre le conflit du Sahara. Selon un membre de la délégation marocaine à Manhasset : «C'est un véritable dialogue de sourds. À la veille de ce 4ème round de négociations, nous constatons avec regret que nous tournons en rond, l'Algérie, véritable protagoniste, refuse de s'asseoir à la table des négociations et d'assumer ses responsabilités dans ce conflit». Blocage Concernant cette situation de blocage, le centre maroco-américain pour la politique, a imputé cette situation à la mauvaise foi du Polisario. Le processus, lancé en juin 2007, a «enregistré peu de progrès en raison du refus continu du Polisario de négocier de bonne foi», affirme le Moroccan American Center for Policy (MACP), dans un communiqué diffusé à Washington, à la veille de ce 4ème round des négociations de Manhasset. Le MACP affirme que la proposition d'autonomie soumise par le Maroc aux Nations Unies en avril 2007, a recueilli l'adhésion de la communauté internationale, dont celle des Etats-Unis. Le centre rappelle que Washington a encouragé les parties à utiliser la proposition marocaine comme base de négociations pour parvenir à une solution politique de compromis et résoudre le conflit du Sahara. Avec la résolution du conflit du Sahara, la région connaîtrait «une plus grande stabilité économique, davantage de sécurité et une coopération internationale renforcée». Les récentes menaces des responsables du Polisario de reprendre les armes, ont néanmoins obscurci le processus de négociation. Leurs déclarations aussi provocatrices et incendiaires, ont attisé les tensions dans une région, qui est déjà vulnérable à la violence menée par les groupes terroristes liés à Al Qaïda. «Les efforts du Polisario de maintenir le statu-quo, ont mis en danger les vies de milliers de Sahraouis, qui sont actuellement séquestrés par le Polisario au Sud de l'Algérie et qui sont privés des libertés les plus élémentaires». L'objectif principal, qui préside à la proposition faite par le Maroc pour parvenir à une solution de compromis et mettre fin à ce conflit vieux de 33 ans, est justement de mettre rapidement fin à cette crise humanitaire qui n'a que trop duré. Selon le directeur exécutif du MACP, Robert Holley : «l'engagement du Maroc de négocier un compromis pour mettre fin à ce conflit, a insufflé une nouvelle vie au processus vers une résolution pacifique, un soutien ferme et clair à l'initiative marocaine d'autonomie de la part des Etats-Unis et d'autres alliés clefs au Conseil de sécurité est crucial pour la réussite de ces négociations». Même réaction du Comité spécial chargé du Sahara marocain en Europe (CSCSME) qui s'insurge contre l'ingérence «inacceptable» de l'Algérie dans les affaires intérieures du Royaume, portant ainsi atteinte à l'unité du Maghreb arabe et aux espoirs de toute la région. Dans une lettre adressée au chef de la diplomatie européenne, Javier Solana, le CSCSME dénonce les agissements de la direction du Polisario : «nous lançons un appel à un appui politique à l'Initiative marocaine d'autonomie des provinces du Sud, reconnue à juste titre par la communauté internationale, comme la seule voie crédible en vue d'une solution définitive et pacifique à ce conflit artificiel qui n'a que trop duré». Le Comité condamne par ailleurs les traitements affligeants, dont sont victimes les séquestrés sahraouis marocains sur le sol algérien, la déportation de milliers d'enfants à Cuba, et le détournement des dons et des médicaments adressés au peuple sahraoui. « La main du Maroc restera tendue à l'autre partie du conflit dans le cadre de la proposition d'autonomie qui constitue une plate-forme réaliste pour un règlement définitif du conflit », a affirmé pour sa part le responsable qui accompagne la délégation marocaine à Manhasset. Autrement dit, s'il fallait négocier jusqu'à la fin des temps, nous le ferons. Car, l'issue du conflit passe par la véritable bataille qui se joue aujourd'hui sur le terrain. Conflit artificiel Le Maroc répond ainsi aux entraves du Polisario et de l'Algérie par une nouvelle dynamique de développement lancée dans les provinces du Sud. Des projets urbanistiques sont en voie de réalisation, notamment le lancement dans les semaines à venir d'un projet de construction de 60.000 unités de logement au profit des populations de ces régions. Selon un membre de la délégation marocaine, la Communauté internationale, le Conseil de Sécurité de l'ONU en tête, sont convaincus que l'Algérie est le véritable protagoniste dans le conflit artificiel du Sahara. Le Polisario n'est qu'un instrument entre les mains des autorités algériennes. Les négociateurs Marocains ont l'impression de faire du sur place pendant que les autres parties multiplient les provocations au vu et au su de la communauté internationale. Ce qui fait dire a Khalli Henna Ould Rachid confie que : «le Maroc a fait vraiment ce qu'il fallait pour réduire les divergences avec les autres parties, alors que l'Algérie et le Polisario sont restés à la case départ, revenant à la situation de 1975». Pire encore, en décembre dernier, l'Algérie et le Polisario avaient organisé un congrès de ce dernier dans la zone tampon de Tifarity en violation du cessez-le-feu conclu en 1991. Fin février, les deux parties récidivent, toujours à Tifarity, en organisant des festivités de la RASD et en annonçant le peuplement de Tifarity. D'un autre côté, le Polisario a déterré la hache de guerre. L'assassinat le 23 février d'un policier à Tan-Tan en est la parfaite illustration. Le Polisario et l'Algérie ont renforcé le siège des camps de Tindouf, où ils entretiennent esclavage et torture des opposants en toute impunité. Les organisations internationales de défense des droits de l'Homme sont interdites de séjour dans cette région sous contrôle de l'Algérie. Selon une source autorisée, le Maroc n'acceptera jamais que soit changé le statut du Tifarity qui est une zone tampon. Le Maroc réagira de manière ferme et sans équivoque à toute tentative de changement de ce statut. Il demeure ouvert au dialogue sur la base du projet d'autonomie proposé et soutenu par la communauté internationale. Le Maroc espère que l'Algérie s'engage enfin dans la voie de la sagesse pour parvenir à une solution politique, juste et durable à ce conflit et s'atteler à la construction de l'Union du Maghreb. Selon la même source, la région serait à la veille de l'escalade. Comme le Maroc ne pourra jamais laisser le Polisario changer la donne sur le terrain, au cas où les séparatistes continuent leurs provocations, la zone démilitarisée sera forcément interdite au Polisario. « L'ONU doit assumer ses responsabilités, sinon l'Etat marocain va prendre ses responsabilité pour préserver son intégrité territoriale », précise-t-on. Et un responsable accompagnant la délégation marocaine aux négociations de Manhasset de nous déclarer : « après quatre rounds et environ une année de négociations, le Royaume du Maroc se doit de procéder à une évaluation. Il est indispensable d'avoir un tableau de bord pour savoir où nous allons. En effet, à la veille du quatrième round, nous constatons avec regret et amertume que nous tournons en rond essentiellement parce que le véritable protagoniste, l'Algérie en l'occurrence, refuse de s'asseoir à la table des négociations et d'assumer ses responsabilités dans ce conflit et dans cette situation de statu quo qu'elle entretient. On ne peut jouer cette pièce sans l'un des principaux acteurs. Il faudrait que l'Algérie avance à visage découvert». Lutte armée Du côté algérien, le ton est d'ailleurs à l'escalade. Mohamed Salem Ould Salek, le ministre sahraoui des Affaires étrangères, a fustigé non seulement les Nations Unies, mais également la France accusée «d'armer le Maroc, une France qui veut la guerre et qui cautionne l'instabilité dans la région du Maghreb». L'Espagne est également prise à partie par le responsable sahraoui qui rappelle sa responsabilité historique et morale, mais qui continue, elle aussi, à vendre les armes au Maroc, encourageant ainsi sa politique d'occupation du Sahara. «Nous espérons que le 2ème mandat de Zapatero reprendra la position défendue par son pays avant 2003 et qui consacre le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination». «Nous sommes loin d'un contexte de détente et de négociations responsables», tonne le responsable, soulignant que : «les Sahraouis sauront défendre leurs droits par tous les moyens possibles, y compris la lutte armée si cela serait nécessaire». La réponse aux manoeuvres algéro- polisarienne a été d'ailleurs clairement formulée par Chakib Benmoussa dès l'ouverture des négociations : «notre initiative résulte également de rencontres et de consultations avec toutes les institutions du Royaume et les forces vives de la Nation, notamment les Chioukhs, les élus, les notables, les potentialités de la société civile des Provinces du Sud, ainsi qu'avec leurs institutions collectives et instances consultatives qui les représentent. Elle fait en outre, l'objet d'une adhésion unanime de la part de toutes les composantes du peuple marocain qui, sûre de la légitimité de ses droits, est fortement mobilisée de par la solidité de son front intérieur, pour la défendre au prix des plus grands sacrifices». L'Association des Portés Disparus au Polisario Inquiétudes sur le sort des disparus Le 13 mars dernier, L'Association des Portés Disparus au «Polisario» (APDP) avait appelé, le Haut Commissariat des droits de l'homme (HCDH) à dénoncer les dirigeants du Polisario et «les tortionnaires responsables de notre tragédie». Dans une lettre adressée à la responsable des relations avec les ONG au HCDH, le président de l'APDP, Dahi Aguai, a souligné que : «800 personnes sont portées disparus au Polisario parmi lesquelles figurent cinq étrangers de nationalités américaine, française, portugaise et deux espagnoles». L'ONG sahraouie demande au Haut Commissariat des droits de l'homme de traiter le drame des disparus dans les camps de Tindouf, en Algérie, avec attention et de «dénoncer les dirigeants et les tortionnaires du Polisario pour les crimes contre l'humanité qu'ils ont commis à l'encontre des populations sahraouies». Dahi Agaui faisait partie d'une délégation d'ONG du Sahara qui s'est déplacée à Genève pour prendre part aux travaux de la 7ème session du Conseil des droits de l'homme (CDH). 4ème round de Manhasset La conclusion de l'ONU Sous le titre « fin du quatrième cycle dAes pourparlers », l'ONU a publié un communiqué dans lequel on apprend que parmi les thèmes abordés au cours des négociations, il y avait des sujets thématiques comme l'administration, la justice et les ressources. «Parmi les différentes propositions que j'ai présentées afin d'élargir les mesures de confiance, il y a eu un accord entre les parties pour explorer l'instauration de visites familiales par voie terrestre qui viendraient s'ajouter au programme existant par voie aérienne», a déclaré Peter Van Walsum, l'envoyé personnel du Secrétaire général pour le Sahara occidental. Selon ce dernier, les pourparlers de Greentree Estate, qui ont eu pour base les résolutions 1754 (2007) et 1783 (2007) du Conseil de sécurité ont également été suivis par des représentants des pays voisins, en l'occurrence l'Algérie et la Mauritanie. « Le Maroc et le Front Polisario, ont accepté de poursuivre, lors d'une prochaine réunion dont la date sera déterminée d'un commun accord », a conclu l'envoyé spécial de l'ONU. Reconnaissance de la RASD Un retrait de plus Les Seychelles ont choisi le démarrage du quatrième round des négociations pour retirer leur reconnaissance de la pseudo Rasd. Une information que la Gazette du Maroc a confirmée auprès du Secrétariat général des Nations Unies à New York. «A l'instar de la majorité des pays africains soutenant le processus onusien en cours pour le règlement du problème du Sahara, la République des Seychelles a décidé de retirer sa reconnaissance de la Rasd», précise la note-verbale de la mission des Seychelles auprès des Nations Unies, adressée au Secrétariat de l'ONU le lundi dernier. La décision de la République des Seychelles est un véritable camouflet pour Mohamed Abdelaziz et ses affidés de la chimérique Rasd comme elle représente un message clair à leurs parrains. Le retrait des Seychelles s'inscrit en effet dans la foulée d'une série noire de défections dans les rangs des pays qui avaient cédé trop facilement aux sirènes du pétrole algérien. Ce déluge de retraits et de gels des reconnaissances de la Rasd, amorcé dans une descente libre, porte à 35 le nombre de pays ayant retiré ou gelé depuis 1995 leur reconnaissance de la pseudo Rasd. Fait notable, jusqu'a présent, aucun pays membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU et aucun pays européen ne reconnaît la chimérique Rasd. Manhasset La résidence de la réconciliation Peter Van Walsum serait-il particulièrement superstitieux. Le choix du domaine de Greentree Estate pour organiser les négociations entre la « dream Team » et les polisariens n'est guère fortuit. Deux de ses collaborateurs spécialistes du dossier, Peter Van Walsum et Julian Harton, ont en effet été mobilisés au titre de facilitateurs. C'est lui qui aurait suggéré au Secrétaire général de l'ONU de faire rencontrer les protagonistes dans ce cadre de villégiature inédit. Le domaine de Greentree Estate, à Manhasset, dans le New Jersey, propriété d'un milliardaire philanthrope qui en a fait don à l'ONU après sa mort, constitue le cadre idéal, avec ses chambres, ses salles de réunion, ses boudoirs et sa restauration de luxe. Ici, dans le passé, se sont réglés de nombreux dossiers bien plus épineux que celui du Sahara, tel que le différend frontalier entre le Cameroun et le Nigeria concernant la presqu'île de Bakassi. 3questions à Brahim Bilalli«Le Polisario ne veut pas aller dans les négociations avec une volonté politique» La Gazette du Maroc : Pourquoi le Maroc a tardé pour soulever le dossier des exactions des droits de l'Homme du Polisario et de l'Algérie ? Brahim Bilalli : Le conflit du Sahara a vécu pendant longtemps sous l'influence de l'affrontement armée. Il a fallu plusieurs années pour amener les deux parties à ouvrir le dialogue sous l'égide de l'ONU. On ne peut pas isoler le dossier du Sahara de son contexte historique, car il y a des violations commises des deux cotés. C'est vrai que le Polisario a exploité la question des droits de l'Homme depuis sa création pour attirer la sympathie des ONG. Le Maroc a été décrit comme responsable des violations des droits de l'Homme de civils sous l'occupation. Il s'est rendu dernièrement compte que le dossier des droits de l'Homme est très important. Le Maroc a aussi connu une ouverture démocratique, depuis la création de l'IER, la reconnaissance des années de plomb et le processus d'indemnisation et de réparation communautaire. Partant du principe que les sahraouis qui se trouvent dans les camps de Lahmada sont des Marocains, ils ont été victimes de violations des droits de l'Homme de la part de la direction du Polisario, c'est du droit du Maroc de soumettre leurs cas devant l'opinion internationale, surtout après le retour de plusieurs d'entre eux à la patrie. C'est ce qui a poussé les représentants d'ONG sahraouis à lever le voile sur les exactions graves des droits de l'Homme dans les camps de Tindouf. Dans cette optique pourquoi avoir choisi l'Espagne pour déposer plainte contre les tortionnaires du Polisario ? Nous voulons lever le voile sur ce qui s'est passé à Tindouf en matière d'exactions, comme la torture, la disparition forcée et l'exil, ce qui a été toujours renié par le Polisario. Les victimes du Polisario n'ont jamais été réhabilitées. Concernant le choix de l'Espagne, ce pays a été l'administration coloniale du Sahara. La majorité des victimes était née à l'époque de l'occupation espagnole. La plupart des tortionnaires du Polisario sont actuellement des représentants du Polisario en Europe, en plus de l'existence d'ONG, qui soutiennent le Polisario en Espagne. À la veille de la reprise des négociations de Manhasset, le Polisario annonce encore une fois le repeuplement de la zone tampon. Que signifie cette initiative du Polisario ? Il faut signaler que la question du repeuplement de la zone tampon est en contradiction avec l'appel au retour aux armes lancé lors du dernier congrès. Cela reflète la contradiction qui caractérise le discours des dirigeants du Polisario. Surtout que l'ONU veut renforcer la volonté politique de trouver un compromis. Le Polisario ne veut pas aller dans les négociations avec une volonté politique. Il veut rester figé sur des positions vieilles de 30 ans et qui sont irréalisables actuellement.