Le conseil des ministres égyptien a donné, dimanche, son feu vert pour introduire des modifications à la Loi électorale prévoyant un scrutin de liste pour les deux tiers des sièges des deux chambres et un scrutin uninominal pour le reste, en mettant un terme à une polémique sur le mode de scrutin à adopter lors des prochaines législatives. Selon cette loi amendée sur instructions des militaires, le nombre de députés passera de 504 à 498 pour l'Assemblée du peuple, et de 390 à 270 pour le conseil consultatif. L'amendement de cette loi est intervenu après le débat suscité au sein de la sphère politique égyptienne au lendemain de la mise en place d'un code électoral attribuant la moitié des sièges du parlement par scrutin uninominal à deux tours et l'autre moitié par scrutin proportionnel. Selon le conseil suprême des forces armées égyptiennes (CSFA), aux commandes du pays depuis la chute du régime de Hosni Moubarak le 11 février dernier, le réexamen par le conseil des ministres égyptien du projet de code électoral vise à répondre et introduire des modifications réclamées par les différents partis et forces politiques. Certaines formations politiques avaient demandé au CSFA d'organiser le vote lors des prochaines législatives, prévues en novembre prochain, selon un scrutin de liste avec représentation proportionnelle pour deux tiers des sièges et selon un scrutin uninominal pour le reste des sièges. D'autres partis réclamaient au Conseil d'organiser le vote exclusivement selon un scrutin de liste afin d'empêcher des représentants de l'ancien régime de se faire élire individuellement au Parlement. Dans une déclaration à la presse, Omar Cherif, conseiller du ministre égyptien de la Justice, a indiqué que l'objectif du nouveau code électoral est de réduire le nombre de sièges pourvus individuellement pour barrer la route aux personnes issues de l'ancien régime. Citant le président de la commission supérieure des élections, Abdelmoezz Ibrahim, le quotidien "Al Ahram" a fait savoir que le CSFA procédera à la publication, ce lundi, d'un décret fixant la date officielle des premières élections égyptiennes après la révolution du 25 janvier. Il a précisé que la commission avait présenté au conseil militaire une proposition comportant un calendrier électoral précis, ajoutant que les élections des membres de l'assemblée du peuple et du conseil de la Choura seront organisées en 3 tours, prévus du 4 octobre au 4 mars. L'ouverture des dépôts de candidatures aura lieu le 4 octobre prochain, alors que les trois phases pour les élections des membres de l'Assemblée du peuple auront lieu respectivement les 21 novembre, 7 et 27 décembre, a expliqué M. Abdelmoezz. Pour les élections des membres du conseil de la Choura, elles seront organisées les 22 janvier, 7 et 26 février, a fait savoir le président de la commission électorale, ajoutant qu'un deuxième tour aura lieu le 4 mars. Lors d'une récente rencontre avec les présidents des instances juridiques, chargée de la supervision de ces échéances, le chef du CSFA, le maréchal Hossein Tantaoui a exprimé l'engagement de " garantir des élections transparentes et libres dans les délais qui seront fixés par décret". D'après une source judiciaire, ces élections se dérouleront simultanément en trois phases afin de permettre une supervision judiciaire totale de ce processus. La même source a précisé que 50, 65 millions d'électeurs figurent sur les listes électorales en Egypte après l'instauration du vote avec la carte d'identité. Ces électeurs seront répartis sur 52.000 bureaux de vote, a ajouté la même source, relevant que 10.000 juges seront mobilisés pour la supervision de ces élections législatives. Le dernier amendement de la constitution avait instauré la supervision des élections par la justice, supprimée de la Constitution en 2007 après une percée des frères musulmans lors des législatives de 2005 avec un cinquième des sièges. Hosni Moubarak avait remplacé lors du scrutin suivant, en 2010, la supervision judiciaire par une commission centrale des droits de l'homme qui s'était révélée incapable d'empêcher les fraudes électorales massives. S'estimant victimes d'irrégularités et d'intimidations de la part du parti au pouvoir, les Frères musulmans avaient, comme le reste de l'opposition, boycotté le deuxième tour des élections de novembre.