Composante essentielle d'un riche patrimoine religieux et civilisationnel d'une ville millénaire, la mosquée de la Koutoubia à Marrakech continue de résister majestueusement à la succession des années et de jouer avec brio son rôle de taille en tant que véritable forteresse religieuse et un haut lieu de piété et de recueillement, en accueillant durant le mois sacré du Ramadan, des milliers de fidèles. Par Reda Sekkat Véritable témoin d'étapes rayonnantes de l'histoire et de la civilisation arabo-islamiques, la mosquée de la Koutoubia s'impose localement et nationalement comme une référence, en accueillant à bras ouverts de jour comme de nuit, et tout au long de l'année, des milliers de fidèles qui y viennent se ressourcer, s'acquitter du devoir divin et surtout apprécier la magie et la splendeur de l'architecture et de la décoration d'un monument historique des plus célèbres. Toutefois, ce qui confère à cette mosquée un charme particulier durant ce mois béni, et ce à l'instar d'autres mosquées de la ville, c'est l'engouement remarquable des marrakchis pour cet espace notamment pour l'accomplissement de la prière d'Al Icha et de Taraouih, au cours de ce mois béni du Ramadan. Dès les premières heures après la rupture du jeûne, ce sont des milliers de personnes qui commencent à investir l'esplanade de la mosquée ainsi que les différentes zones limitrophes, munies de tapis et de bouteilles d'eau de quoi atténuer les effets de la canicule qui sévit ces derniers temps sur la Cité Ocre, le tout dans une ambiance empreinte de piété, de tolérance, d'entraide, de quiétude et de recueillement. Pour nombre de fidèles, la mosquée de la Koutoubia présente l'avantage d'offrir une spiritualité inédite, souvent agrémentée par la façon dans de jeunes imams du genre Ouadii Chakir, déclament le Saint Coran. Dans des témoignages à la MAP, des hommes et des femmes de différents âges parmi les habitués de la Koutoubia, ont mis en avant l'attachement qu'ils éprouvent à l'égard de cette mosquée et pour preuve, disent-ils, ils n'hésitent pas à s'y rendre pour l'accomplissement de la prière de Taraouih, occasion de se rapprocher du Dieu, le Tout-Puissant, et ce malgré le fait qu'ils y viennent de loin. Ils ont tenu à souligner que pour pouvoir se procurer une place dans les premiers rangs notamment durant la période du mois sacré du Ramadan caractérisée par une forte affluence, nombre de fidèles en provenance de divers quartiers de la Cité Ocre préfèrent sortir de chez eux tôt, au moment où d'autres se réunissent à l'intérieur de la mosquée pour s'attabler, en compagnie de certains démunis, autour d'un repas du Ftour. De son côté, M. Aziz Mourid, membre du comité en charge de l'organisation et du bon déroulement des prières d'Al Icha et de Taraouih au sein de la Koutoubia, a fait observer que le nombre de fidèles qui ont opté pour la Koutoubia pour l'accomplissement du devoir religieux depuis l'avènement du mois béni s'est établi entre 25 et 30 mille prieurs, relevant que ce nombre peut s'élever jusqu'à 40 mille durant la nuit du destin (Laylat Al Qadr) ou encore à la clôture des séances de déclamation du Saint Coran. L'engouement pour la mosquée de la Koutoubia a eu pour effet direct de susciter une mobilisation de taille par l'ensemble des services concernés de la Wilaya de Marrakech ainsi que de la Délégation régionale des Habous et des affaires islamiques dans l'optique de réunir toutes les conditions nécessaires au bon déroulement de la prière notamment, en termes de confort et de sécurité des prieurs aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur de la mosquée, a fait indiqué M. Mourid, ajoutant qu'une batterie de mesures ont été prises cette année, entre autres l'équipement de la mosquée et son esplanade d'un système de sonorisation sophistiqué, le renforcement de l'éclairage, la multiplication des opérations de nettoyage et de maintenance, outre la mise en place d'un petit dispensaire mobile relevant du Croissant Rouge Marocain pour prodiguer les premiers soins en cas de nécessité aux fidèles. La mosquée Koutoubia, ou mosquée des libraires, fut débutée sous la dynastie berbère des Almoravides en 1120, mais fut profondément remaniée à partir de 1162 sous l'émir Almohade Abou Youssef Yaqoub Al-Mansur, et devint l'un des édifices les plus caractéristiques de ce style. Son nom vient du fait qu'elle se situait dans le souk des marchands de manuscrits. D'une superficie totale de 5.300 mètres, la mosquée des libraires s'organise sur un plan en T. Cette tradition existe depuis la construction de la mosquée de Kairouan au IXe siècle, et se retrouve également en Espagne. Il s'agit en fait d'un plan arabe hypostyle 1, comportant une grande cour entourée d'un portique et une salle de prière à colonnes. Les nefs sont perpendiculaires au mur de La " Kibla ", celle du centre étant plus large, et la travée qui longe le mur Kibli est également magnifiée, ce qui forme un T, d'où le nom. Le mihrab est traité comme une niche très profonde, et le minaret, haut de 69 m, est de section carrée, selon la tradition de l'occident musulman. Ses 17 nefs, soutenues par de nombreux piliers blancs, abritent l'une des plus vastes salles de prière de l'Occident musulman (90 x 60 m) pouvant accueillir jusqu'à vingt mille fidèles. Le bâtiment a été restauré dans l'esprit du monument original en 1990, sous l'égide du ministère de la Culture.