Le statut de la femme occupe une place "non négligeable" dans la réforme constitutionnelle globale" annoncée par SM. le Roi Mohammed VI dans son discours du 17 juin dernier, même si ce qui est le plus généralement souligné par les média est un rééquilibrage des pouvoirs au sein de l'appareil d'Etat, affirme la Pr. Florence Jean, maître de conférences, directrice des études de droit à l'Université de Corse. Dès le préambule, il est proclamé que le Royaume du Maroc s'engage à "bannir et combattre toute discrimination à l'encontre de quiconque, en raison du sexe", relève l'universitaire dans un témoignage sur le projet de constitution qui sera soumis à référendum le 1er juillet. Le statut de la femme qui fait l'objet de l'article 19 de la constitution, est également abordé dans l'article 34 qui énonce que "les pouvoirs publics élaborent et mettent en oeuvre des politiques destinées aux personnes et aux catégories à besoins spécifiques. A cet effet, ils veillent notamment à traiter et prévenir la vulnérabilité de certaines catégories de femmes et de mères", souligne-t-elle. Rappelant que l'égalité en matière de droits civiques et politiques entre l'homme et la femme est déjà affirmée par l'article 8 de la constitution en vigueur, l'universitaire souligne que le statut de la femme marocaine n'est cependant pas jusqu'ici consacré dans sa globalité par le texte constitutionnel actuel. "Une part substantielle des acquis de l'émancipation de la femme se trouve dans la Moudawana réformée en 2003 (Code de la famille)", souligne-t-elle relevant que lors des dernières élections communales, près de 20.500 femmes se sont portées candidates et plus de 3400 ont été élues, alors qu'en 2003, elles n'étaient que 127. Ainsi, poursuit la Pr. Florence Jean, le premier progrès issu du nouveau texte constitutionnel est de substituer aux éléments disparates constituant jusqu'ici la condition féminine au Maroc, un véritable statut de la femme marocaine, c'est-à-dire un ensemble de principes normatifs cohérents. Et ce progrès est lui-même générateur de progrès.