Des organisations professionnelles d'agriculteurs sénégalais ont rejeté l'introduction des semences OGM (Organismes génétiquement modifiés), estimant que de telles cultures contribueraient à induire une dépendance de ce secteur vital dans l'économie du pays. S'exprimant lors d'une rencontre sur les OGM, organisée à Dakar courant cette semaine, les professionnels sénégalais ont affirmé que les avantages de l'introduction de ces semences ne sauraient justifier les risques relatifs à la dépendance de l'importation des semences OMG que les agriculteurs sénégalais ne sauraient reproduire localement. Selon El Hadji Ibrahima Niass, président du Cadre de Concertation des Producteurs d'Arachide (principale production agricole du Sénégal), il n'y a pas d'utilité à recourir à des semences biotechnologiques. "Nous ne voyons pas l'utilité des OGM au Sénégal. Leurs semences coûtent plus chères que les semences naturelles et sont hors de portée des paysans, qui seront obligés de s'en procurer chaque années parce qu'ils ne pourront pas les reproduire eux-mêmes", a-t-il argumenté. Dièry Gaye, représentant d'une autre organisation d'agriculteurs, plaide lui aussi contre l'introduction des OGM, malgré les avantages qu'elles offrent, notamment la résistance aux parasites des cultures, l'augmentation notable des rendements et la résistance à la sécheresse. "Les OGM restent la propriété des firmes internationales, ce qui crée forcement une dépendance. Ils peuvent quand ils veulent mettre les prix hors de portée", a-t-il expliqué. "Il est préférable de maîtriser ce que l'on produit, et ça ne sera pas le cas avec les OGM. Nous savons pas de quoi ils sont faits", a-t-il affirmé. Lors de cette rencontre, des chercheurs venus exposer les mérites des OGM n'ont pas pu ainsi dissiper la méfiance des agriculteurs sénégalais. Les exposés scientifiques ont notamment loué les nombreux avantages des OGM, notamment l'augmentation des rendements, la variété de semences à cycle court, l'augmentation des revenus des producteurs, la réduction des surfaces de terres cultivées et de l'utilisation de l'eau en plus de la résistance aux attaques virales. "Il a été prouvé que l'utilisation de la variété seule sans les autres intrants, peut amener une augmentation de 35 pc de la production. C'est pourquoi on pousse les gens à aller acheter des semences améliorées. Elles répondent aux contraintes agro-écologiques des zones de production", a plaidé Dr Mamadou Guèye, chercheur agronome. Toutefois, les chercheurs reconnaissent quelques inconvénients aux semences OGM, notamment les risques sanitaires potentiels pour les consommateurs, l'apparition d'insectes résistants aux pesticides et une menace de la biodiversité. Le Sénégal s'est doté récemment d'une loi sur la biosécurité dont l'application n'est pas encore en vigueur. Au niveau international, les OGM de maïs, de soja et de coton sont les plus répandus. En Afrique, les OGM ont déjà été introduites par des pays comme l'Afrique du Sud, l'Egypte, le Kenya, le Burkina Faso, le Ghana et la Côte d'Ivoire.