Le Maroc a décliné, mardi, devant les organes directeurs des Fonds internationaux d'indemnisations des dommages dus à la pollution par les hydrocarbures (FIPOL), réunis du 29 mars au 1er avril à Marrakech, les grands traits de sa vocation maritime et de sa stratégie en la matière à la faveur de l'engagement du pays à la sauvegarde de l'environnement marin dans l'espace maghrébin et euro-méditerranéen. A cette occasion, les participants, dont des représentants de 46 pays, des experts internationaux et des ONG, ont suivi un documentaire intitulé "Le Maroc maritime", qui met en exergue les potentialités maritimes du pays, notamment en termes de ressources halieutiques, de compétences humaines, d'infrastructures portuaires et de potentialités touristiques. Le film, une production de huit minutes, relève également l'importance des outils mis en place par le Maroc en vue d'assurer la sécurité maritime au large de ses côtes, la sauvegarde des vies humaines en mer, la lutte contre la pollution marine accidentelle et la recherche scientifique au service du développement maritime. Avec 3500 km de côtes et 1,2 million de km2 de zones côtières sur deux façades maritimes (Atlantique et Méditerranée), le Maroc est un pays proche de l'Europe dont il n'est séparé que par près de 7 mille nautiques (14 km) à travers le Detroit de Gibraltar. Ce Detroit constitue la deuxième route maritime dans le monde après le couloir maritime de Malacca (sud-est de l'Asie) et le premier passage maritime entre l'Océan Atlantique et la Méditerranée, en ce sens, il est traversé quotidiennement par 300 bateaux commerciaux, 500 mille tonnes d'hydrocarbures et un grand nombre de bateaux passagers. Sur ses deux façades maritimes, le Maroc compte un total de 13 ports commerciaux qui concentrent un trafic annuel de 43,1 millions de tonnes d'importations et plus de 26,1 millions d'exportations. Acteur majeur dans le nÂœud des échanges économiques mondiaux, le Maroc assure plus de 95 pc de son commerce par voie maritime et dispose d'une flotte de 15 bateaux passagers, autant de cargos et plus d'une quarantaine de bateaux avec une capacité de plus de 100 passagers, sachant que plus de trois millions de personnes passent par les ports du Royaume chaque année. Dans ce schème précisément, le complexe portuaire de Tanger-Med, opérationnel depuis juillet 2007, dispose d'une capacité de trois millions de conteneurs, qui devrait passer à huit millions à l'horizon 2016. De par sa position géostratégique au confluent des grandes routes maritimes, cette mégastructure, qui ambitionne de devenir la plus grande plateforme de transbordement en Méditerranée a traité plus de 23 millions de tonnes en 2010. Fort d'une production annuelle de plus d'un million de tonne, le secteur de la pêche maritime national, avec une valeur de huit millions de dirhams, génère l'équivalent de 1,2 milliard USD en termes d'exportations, 170 mille emplois directs et 490 mille emplois indirects. Le Maroc, qui a lancé une importante stratégie baptisée "Halieutis", ambitionne de mettre en place 16 projets structurants devant porter la contribution du secteur des pêches à 21,9 milliards de dirhams au PIB, assurer la production de 1,6 million de tonnes par an et créer plus de 115 mille emplois directs. Autant dire que le Maroc, conscient de la place prépondérante de sa vocation maritime, "est résolument engagé pour la sauvegarde de l'environnement marin au niveau maghrébin et euro-méditerranéen", avait souligné la ministre de l'énergie, des mines, de l'eau et de l'environnement, Amina Benkhadra, à l'ouverture des sessions de printemps des organes directeurs des FIPOL (basé à Londres). La ministre a relevé que l'ouverture du Maroc sur deux façades maritimes lui confère une position géographique majeure dans l'intense trafic maritime au large de ses côtes atlantiques et méditerranéennes. Cette situation favorable à la vocation maritime du Maroc et sa grande contribution au commerce international n'est cependant pas exempte de risques d'accidents pouvant engendrer des pollutions majeures, a-t-elle dit. En dépit des efforts déployés par les Etats pour parer aux risques des pollutions maritimes, les menaces persistent toujours comme en témoigne la marée noire provoquée par l'incident du pétrolier Hebei Spirit au large de la Corée du sud, a-t-elle noté. Elle a rappelé que le Maroc a échappé de justesse à une pollution du même ordre à la suite de l'explosion en 1989 au large de ses côtes atlantiques du pétrolier Kharg et la collision du pétrolier Sea Spirit près des côtes méditerranéennes. "Ces deux événements qui ont failli causé une catastrophe écologique dont les conséquences auraient été lourdes pour le pays, ont eu au moins le mérite d'attirer l'attention sur les dangers qui guettent une zone maritime fréquentée par de nombreux pétroliers et autres navires de transport de produits dangereux qui traversent chaque jour le Détroit de Gibraltar et sillonnent les eaux marocaines", a indiqué la ministre. Elle a expliqué que ces accidents, qui auraient pu causer des dégâts au potentiel halieutique national, aux sites touristiques uniques, à la diversité écologique du littoral, ont permis au Maroc de prendre la mesure de l'ampleur des conséquences néfastes que de tels incidents pourraient causer à des secteurs stratégiques pour le développement socioéconomique du pays comme la pêche maritime et le tourisme. "C'est pourquoi le Maroc a été parmi les premiers pays à adhérer aux conventions internationales pertinentes sur la sécurité de la navigation et la pollution marine", a soutenu Mme Benkhadra, relevant que, dans le sillage de son action au sein des FIPOL, le Maroc, qui est membre du Fonds de 1992, a adhéré au Fonds complémentaire de 2005 pour rejoindre les 27 pays l'ayant adopté à ce jour. "La question de la protection de l'environnement et du développement durable est, au Maroc, une volonté politique au plus haut niveau de l'Etat et une action solidaire de toutes les forces de la Nation qu'on ne peut dissocier de la mouvance mondiale pour la sauvegarde de notre planète", a-t-elle enchainé. Elle a évoqué, à cet effet, une série d'actions et de programmes lancés depuis plus d'une décennie, dont la Charte Nationale de l'Environnement et du développement durable et de nombreux textes de loi relatifs à l'eau, à l'environnement et au littoral. La décision d'organiser ces sessions à Marrakech a été prise à l'unanimité des Etats membres de cette institution, réunis lors de leur session d'automne, organisée à Londres du 18 au 22 octobre 2010. Initiative de l'ambassadeur du Maroc en Grande-Bretagne, Chrifa Lalla Joumala, la rencontre de Marrakech traitera plusieurs questions relatives aux dossiers d'indemnisations des victimes de pollutions marines par les hydrocarbures et examinera des pistes d'amélioration du régime d'indemnisation mis en place par les FIPOL.