Le parti travailliste britannique compte reproduire le programme électoral ayant conduit cette formation au pouvoir en 1997 sous la conduite de Tony Blair. -Par Hanane Berrai- Dans ce sens, le Premier ministre Gordon Brown, porté à la tête du Labour en juin 2007 suite à la démission de Blair, compte militer lors des prochaines élections, prévues au printemps, pour l'amélioration des services publics et la réduction de la dette colossale du pays. Selon des chiffres de l'office national des statistiques (ONS/officiel), la dette publique britannique s'élevait en novembre 2009 à 844,5 milliards de livres sterling, soit 60,2 pc du PIB. Le chef du Labour, qui semble remis de la tentative avortée de l'évincer de son poste, aspire ainsi à reproduire le succès de 1997 avec les mêmes armes, quoi que les temps aient changé depuis. Les travaillistes devront focaliser leur attention sur cinq axes (formation, emploi, santé, services sociaux et économie) qui furent la pièce maîtresse de la campagne électorale triomphale de Blair, architecte du New-Labour, la politique de renouveau qui avait permis aux travaillistes de revenir au pouvoir en 1997 après de longues années dans l'opposition. Le parti veillera ainsi, en cas de triomphe, à assurer une formation adéquate aux élèves ayant abandonné l'école et un emploi ou une formation destinée aux jeunes chômeurs. Les personnes âgées et les plus vulnérables recevront des soins personnalisés gratuits dans le cadre d'un programme de refonte du secteur de la santé, prévoyant des services plus performants en faveur des personnes atteintes de maladies incurables. Le secteur de la santé devra figurer parmi les sujets brûlants de la campagne électorale. Le parti conservateur avait déjà fait part de son intention d'accorder la priorité à ce volet, qui suscite l'inquiétude de la population en particulier suite à l'annonce par le gouvernement Brown de réduire les dépenses publiques. Le ministre britannique de l'Economie et des Finances, Alitair Darling, avait assuré lors de la présentation fin novembre 2009 du pré-budget de son gouvernement, que le secteur de la santé public (NHS) ne sera pas affecté par ces mesures. Sur le plan économique, Brown entend réduire le déficit budgétaire qui devrait atteindre 178 milliards de livres sur l'exercice fiscal 2009-2010 (près de 200 milliards d'euros, soit 12, 6 pc du PIB) en ayant notamment recours à une hausse des impôts. Ceci se traduit par une augmentation de 10 pc du taux marginal de l'impôt sur le revenu, qui sera porté de 40 à 50 pc, une hausse de 1 pc des charges sociales et une baisse des avantages fiscaux pour les retraités. Ces mesures, en particulier la décision d'imposer une taxe de l'ordre de 50 pc sur les bonus bancaires dépassant les 25.000 livres Sterling, suscite l'inquiétude des milieux financiers qui prévoient la désertion de pas moins de 9.000 hauts cadres bancaires cette année de la City en raison de la taxe jugée "exorbitante". De son côté, le chef du parti conservateur David Cameroun veut faire plus vite que son rival travailliste pour réduire le déficit de l'Etat mais sans pour autant sacrifier les services publics. Il s'est engagé à améliorer les prestations proposées par le NHS dans les zones les plus pauvres du pays. Présentant les Tories comme "le parti du NHS", le seul "véritablement engagé à protéger les dépenses de santé", Cameron a appelé à placer cette année sous le signe du changement. La course électorale s'annonce donc très acharnée entre les deux grands favoris de ce scrutin, le Labour et les Tories. Un sondage publié cette semaine par le quotidien The Times a montré que la popularité du parti travailliste a chuté à son plus bas niveau depuis septembre dernier, le labour ne recueillant plus que 28 pc des intentions de vote, contre 41 pc pour les conservateurs. Cependant, les commentateurs de la presse londonienne s'attendent à ce que cet écart se rétrécisse d'ici le prochain scrutin, ce qui donnerait un parlement où ni les Tories ni le Labour n'auront à eux seuls la majorité. Une telle situation permettrait au parti libéral démocrate de décider qui des deux grandes formations prendrait les rênes du pouvoir.