Les leaders des principaux partis politiques en course pour les élections générales se livrent déjà une bataille farouche avant même le lancement officiel de la campagne électorale, à travers des meetings et des déclarations aux média. Par Hanane Berrai Placées sous le signe du changement, les élections générales en Grande-Bretagne revêtent cette année un caractère spécial, eu égard principalement à la conjoncture économique du pays. Un énorme déficit budgétaire à combler, une relance économique difficile et des grèves qui paralysent le secteur public, autant de questions auxquelles le Labour, qui gouverne depuis 13 ans, devra faire face en cette période électorale. Samedi, le Premier-ministre et chef du Labour, Gordon Brown, a annoncé la couleur en déclinant les cinq engagements du parti. Brown, qui a accédé au poste de Premier-ministre, suite à la démission en 2007 de son prédécesseur Tony Blair, a promis à l'électorat en cas de victoire d'améliorer le niveau de vie des familles, de protéger l'économie, de créer un million d'emplois, d'imposer davantage de contrôle sur l'immigration et de maintenir les investissements dans les domaines de la sécurité, l'éducation et la santé. Mais la priorité sera accordée à la relance économique. "Quand les gens demandent quelles sont mes trois priorités pour le pays, je leur répond: continuer sur la voie de la relance, continuer sur la voie de la relance et continuer sur la voie de la relance", a affirmé le dirigeant travailliste dans un discours prononcé devant des militants réunis à Nottingham. Selon Brown, assurer la relance de l'économie ou l'anéantir, c'est le choix auquel le pays va faire face dans les semaines à venir. Le Royaume-Uni est resté en récession au dernier trimestre 2009, après six trimestres de contraction, soit bien après la France, ou l'Allemagne, et certains experts voient planer encore les risques d'une rechute. Brown a également assuré que le scrutin, prévu par de nombreux spécialistes pour le 6 mai, serait "le choix le plus important" que les Britanniques devraient faire entre "l'austérité" promise, selon lui, par l'opposition conservatrice, et la "prospérité" que leur assurerait le Labour. En réaction à ces propos, les partis de l'opposition ont considéré que ces promesses "sont dénuées de sens après des années d'échec du parti au pouvoir". Les Conservateurs sont confiants que l'électorat "ne peut pas croire" à ces promesses, alors que le parti libéral démocrate estime que tous les engagements que le Labour pourrait prendre "ne sauraient faire oublier son échec". David Cameron, le leader conservateur, a martelé devant des militants rassemblés à Milton Keynes (sud-est) que "l'économie s'est enlisée, la société s'est enlisée et tout le pays s'est enlisé avec Gordon Brown". "Nous avons besoin de changement pour faire bouger notre économie, notre pays et notre société", a-t-il ajouté. Le leader conservateur, qui articule lui aussi son programme électoral autour de la relance économique, est allé même jusqu'à taxer Brown, lors d'un show télévisé, de "faiblesse" étant donné qu'il était incapable de mettre un terme au 2ème mouvement de grève au sein de la compagnie aérienne britannique, British Airways. Toutefois, le Labour a gagné la confiance de plus en plus de Britanniques après la présentation, le 24 mars dernier, du budget qui prévoit, selon Alistair Darling, ministre des Finances, des réductions des dépenses publiques "plus profondes et draconiennes" que celles imposées par l'ancien Premier ministre Margaret Thatcher durant les années 80. Un dernier sondage, publié vendredi, a révélé que 33 pc des personnes interrogées faisaient davantage confiance aux travaillistes sur la gestion de l'économie, contre 27 pc pour les conservateurs. Cette course électorale qui s'annonce rude vu l'écart très réduit entre les deux grands rivaux, Labour et Tories, ne devrait, selon plusieurs analystes, guère surprendre par les programmes qui y seront présentés mais plutôt par les résultats, sous-entendant par là la possibilité de voir le Labour délogé du Downing street.