L'intervention de la force publique dans le campement de Gdim Izik et dans la ville de Laâyoune lors des troubles, "s'est faite sans que l'on ait tiré la moindre balle", a affirmé, lundi à Rabat, le ministre de l'intérieur, M Taieb Cherqaoui . S'exprimant lors d'une conférence de presse conjointe avec le ministre des affaires étrangères et de la coopération, M. Taib Fassi Fihri, le ministre de l'intérieur a indiqué que "les forces de l'ordre se sont trouvées confrontées à une situation difficile d'autodéfense", ce qui explique, a-t-il dit, "les douloureuses pertes humaines enregistrées dans leurs rangs". Dans sa présentation de la chronologie des événements qu'a connus la ville de Laâyoune, durant la journée du 8 novembre, M. Cherqaoui a fait savoir que cette intervention a fait dix morts dans les rangs des forces de l'ordre, dont un membre de la Protection civile, et 70 blessés parmi celles-ci, alors que quatre civils ont été blessés. Un seul civil, a-t-il dit, a trouvé la mort durant la même journée à son heurt par un véhicule dans l'une des artères de la ville de Laâyoune où se sont déroulés les troubles. Un deuxième civil devait décéder suite aux complications d'une pneumonie aigue selon un rapport médico-légal. "Cette intervention a eu lieu après épuisement de toutes les voies de dialogue sérieux pour trouver une solution à une situation inacceptable au regard de la loi et qui exigeait de l'Etat d'intervenir pour protéger la sécurité et la quiétude des citoyens et imposer le respect de l'ordre public et libérer les habitants du campement", a ajouté le ministre. Il a signalé que les forces de l'ordre, composées des éléments de la gendarmerie royale et des forces auxiliaires, qui sont intervenues de façon pacifique, se sont heurtées à une résistance violente de la part de milices qui ont fait usage de différentes armes: jets de pierres, bouteilles incendiaires, bonbonnes de gaz, armes blanches ... Les forces de l'ordre, a précisé le ministre, ont procédé à l'évacuation du campement en moins d'une heure, assurant la protection nécessaire à la population pour son évacuation et restaurant l'ordre public. Par la suite, "ces milices ont transféré les affrontements dans la ville de Laâyoune, où elles ont incendié des bâtiments et des biens publics et porté préjudice aux propriétés d'autrui", a souligné M. Cherqaoui, indiquant que les forces de l'ordre ont fait face à ces actes en recourant aux seuls moyens classiques de dispersion des manifestations pacifiques, malgré la violence qu'elles ont subie. M. Taieb Cherqaoui a signalé que 77 individus ont été déférés devant la justice, dont six devant le tribunal militaire, alors que 64 autres sont soumis à l'enquête judiciaire et sept autres ont été relaxés. Il est à préciser que 13 parmi ceux-ci ont des antécédents judiciaires. Dans une seconde phase, a-t-il ajouté, 36 autres individus ont été déférés devant la cour, dont 20 repris de justice, ce qui porte à 33 le nombre de repris de justice. Après avoir évoqué les circonstances dans lesquelles le campement de Gdim Izik a été installé pour exprimer des revendications sociales relatives particulier au logement, à l'emploi et pour bénéficier des cartes de promotion nationale, il a affirmé que les pouvoirs publics ont choisi de permettre aux citoyens d'exprimer leurs revendications sociales dans le cadre de la liberté d'expression et décidé d'entamer un dialogue avec les membres de la dénommée "coordination du campement " dans le cadre d'une série de séances. Le ministre a indiqué que le dialogue avec "la coordination du campement" a débouché sur un accord au sujet de toutes les doléances. Toutefois, les membres de cette dernière "s'évertuaient à mettre constamment en cause, au fur et à mesure de l'avancement des consultations, les accords précédemment convenus tout en se livrant à toutes sortes de provocations dans l'intention de provoquer l'intervention de la force publique et entrainer des dérapages et faire des victimes parmi les citoyens". Ces agissements, a-t-il dit, ont été mis en échec par les autorités publiques qui ont privilégié le dialogue. Les autorités publiques, a-t-il noté, avaient recueilli des informations faisant état de restrictions et tracasseries imposées à des journalistes étrangers ( Jeune Afrique et Reuters ), soumis a un interrogatoire par les milices qui contrôlaient le campement . Celles-ci recouraient à la menace et à la violence physique et psychique à l'encontre des personnes qui se sont installées dans le campement, en particulier les personnes âgées, les femmes et les enfants pour les empêcher de quitter les lieux ou démonter leurs tentes. Le ministre a fait savoir que le campement comprenait différentes catégories de personnes: les familles démunies et en situation précaire, mais aussi des repris de justice, des recherchés et des trafiquants, en plus d'un groupe d'opportunistes qui a établi son emprise sur les occupants du campement et usé de toutes sortes de manoeuvres pour faire avorter le dialogue. Devant l'absence de volonté de parvenir à une solution ou à un compromis, malgré la disposition affichée par les pouvoirs publics pour la satisfaction immédiate des revendications de la population nécessiteuse, les autorités, a dit le ministre, ont décidé d'intervenir pour mettre un terme à cette situation illégale et assurer la protection aux habitants du camp, faits otages par une bande criminelle et un groupe d'opportunistes servant un agenda politique étranger.