Le ministre des Habous et des Affaires islamiques, M. Ahmed Toufiq, a souligné, mardi à Rabat, que les recherches sur l'islam dans le monde contemporain doivent se focaliser sur l'identification des besoins ressentis dans le domaine religieux par la masse des citoyens, ainsi que sur les politiques visant à les satisfaire, comme cela est de mise dans les autres domaines de la gestion publique. Intervenant à l'ouverture d'un colloque international sur "l'islam dans le monde contemporain: horizons et perspectives", le ministre a ajouté que ces recherches ne doivent pas traiter uniquement de l'apport des tenants de la mouvance réformiste en terre d'islam ou se contenter d'une lecture actualisée des anciens textes. Il a, de ce fait, appelé à examiner la question centrale relative à la mise en adéquation du crédo selon lequel l'islam reste valable par delà les vicissitudes du temps, et le constat de l'existence de pesanteurs qui grèvent la réalisé de la vie collective, à différents niveaux, et ce en rapport avec l'essence même du fait religieux. le ministre a souligné que l'organisation de cette rencontre traduit l'intérêt accordé par les pays islamiques et le monde occidental aux questions touchant l'islam, en vue de favoriser une meilleure appréhension des questions qui se posent au niveau des Etats et des sociétés. Et d'affirmer que l'organisation de cette rencontre démontre aussi que l'échange de points de vue entre les experts demeure le meilleur moyen d'amorcer un dialogue entre les cultures en vue d'apporter les solutions à certaines questions touchant à la religion, selon une approche académique pertinente, loin des crispations et des prismes déformants. Le ministre a, d'autre part, souligné que le Maroc vît une expérience modèle en matière de gestion du champ religieux, dont la Commanderie des croyants représente la pierre angulaire, affirmant que la religion au Royaume est enracinée au cÂœur de la Oumma, de l'Etat et de la société. De son côté, l'ambassadeur du Royaume-Uni au Maroc, M. Timothy Morris, a souligné la nécessité pour l'Occident et l'Europe en général de comprendre l'Islam, en particulier en Grande-Bretagne, qui compte près de 2 millions de musulmans, estimant que l'ignorance demeure "l'ennemi juré", surtout dans un monde marqué par la rapidité de la diffusion de l'information, souvent d'une manière erronée. Le diplomate a mis en relief la contribution historique de l'islam à la construction de la civilisation humaine, ajoutant que le Maroc a été un berceau historique florissant du savoir dans le monde islamique et une terre respectueuse des religions monothéistes. Il a rappelé que l'Université Al-Qaraouiyine, fondée 4 siècles avant celle d'Oxford, représente un centre de rayonnement scientifique et historique qui a exercé une influence marquante sur l'Europe, des siècles durant. Pour son part, le professeur Abdou Filali Anssari de l'Institut pour l'Etude des Civilisations musulmanes à Londres, a indiqué que cette rencontre, organisée par le ministère des Habous et des affaires islamiques et le British Council, en collaboration avec la faculté des lettres et des sciences humaines de l'Université Mohammed V-Rabat, est une expérience exemplaire en matière de coopération entre le Nord et le Sud sur la base du discours académique, catalyseur d'un dialogue social élargi, ce qui ouvre la voie à des approches scientifiques qui ne sauraient admettre l'a priori de l'existence d'un conflit entre l'islam et le monde moderne, mais qui se focalisent sur l'analyse des défis auxquels font face des sociétés où vivent les musulmans, soit comme majorité ou comme minorité. Cette rencontre a pour objectif d'examiner les défis posés au monde moderne, en matière de traitement des questions touchant aux repères identitaires et religieux, notamment les questions auxquelles font face les leaders politiques, les acteurs de la société civile et les citoyens dans leur vie quotidienne.