Présentant, vendredi 14 mai, la stratégie intégrée, globale et multidimensionnelle visant la restructuration du champ religieux, le ministre des Habous et des Affaires islamiques a insisté sur le rôle des Ouléma et la place qui leur revient dans la vie publique. Chose promise, chose due. Le ministre des Habous et des Affaires islamiques, Ahmed Toufiq, avait bien promis, lors de sa première sortie il y a quelques mois, d'informer l'opinion publique sur les nouveautés concernant le ministère dont il a la charge. Une promesse tenue notamment à l'occasion de la conférence de presse tenue vendredi dernier au siège de ministère à Rabat et qui a porté sur les grandes lignes de la restructuration en cours du champ religieux. De nouveau, l'assistance, nettement plus nombreuse que la dernière fois, avec une présence remarquée des principaux médias étrangers accrédités au Maroc et celle des médias marocains francophones, a eu droit au désormais traditionnel tour de la salle du ministre. Ce dernier serre la main à toutes les personnes présentes avant de s'installer. Comme a son habitude et sans trop de salamalecs, M. Toufiq est d'emblée entré dans le vif du sujet. «La nouvelle politique en matière de gestion de la chose religieuse dans le pays est une politique opérationnelle, imaginée par S.M Mohammed VI et dont l'exécution revient au ministère des Habous et des Affaires islamiques. Elle entre dans le cadre de la nouvelle approche qui ne vise pas uniquement les affaires islamiques, mais de tout l'appareil étatique», a déclaré le ministre d'emblée. La stratégie intégrée, globale et multidimensionnelle visant la restructuration du champ religieux en conférant aux Ouléma et à la religion la place qui leur revient dans la vie publique.«La religion figure dans le sommet des responsabilités d'Amir Al Mouminine. Son renouveau ne date pas du 16 mai 2003 ni du 11 avril 2004. C'est une tradition séculaire qui trace chaque fois que le besoin s'en ressent, au travers des ‘'Lettres pastorales'' les lignes à suivre et les pratiques à éviter», a t-il affirmé. Une stratégie dont la particularité est qu'elle ouvre désormais la voie aux Ouléma pour qu'ils soient plus proches des réalités des citoyens. Le mot d'ordre n'est autre que la proximité. Une ligne directive qui s'inscrit dans le droit fil du rôle, dans son acceptation religieuse, que doivent jouer les Ouléma, à savoir répandre le bien et la justice parmi les membres de la société, mais aussi du choix démocratique du pays. Un choix dont l'un des éléments est celui de la spécialisation. « Le rôle des Ouléma, lié à l'orientation religieuse, à la sauvegarde de la foi musulmane et à la moralisation, ne doit pas empiéter sur les autres institutions, comme la justice». Le dispositif mis en place dans ce sens et les nouvelles installations ont pour objectif que les Conseils des Ouléma «ne deviennent pas des ilôts déserts» comme l'a souligné SM le Roi Mohammed VI dans le discours marquant la cérémonie de remise des Dahirs de nomination aux membres du Conseil supérieur, aux présidents des Conseils locaux des Ouléma, aux directeurs centraux du ministère des Habous et des Affaires islamiques et aux délégués régionaux des Affaires islamiques. Et le ministre de préciser à cet égard les critères de choix de ces membres, à savoir la proximité vis-à-vis des gens et la fidélité doctrinale au rite malékite. M. Toufiq n'a pas manqué à cette occasion de souligner que la qualité de Alem «ne s'acquiert pas du fait de l'obtention d'un diplôme supérieur des études islamiques, mais par la maîtrise de la science religieuse dans sa vaste acception et ce, dans la fidélité au rite et la conformité à la vertu basée sur la dévotion et le bon comportement, avec ce que cela lui vaut comme reconnaissance de la part des gens». En réponse à une question liée au degré d'indépendance des ces Ouléma vis-à-vis du «Makhzen», le ministre a écarté l'idée que la nouvelle restructuration puisse influencer cette indépendance, la référence étant le Saint Coran et la Sounna. Pour lui, il serait temps d'en finir avec cette logique de Ouléma de l'Etat et d'autres, du peuple, sachant les dérives que cette logique peut entraîner et sachant également que dans un Etat démocratique, toutes les institutions d'Etat, y compris les Conseils des Ouléma, sont et doivent être au service du peuple. Le principe même de la globalité de cette stratégie étant justement de n'écarter personne. Idem en matière d'enseignement religieux dont la réforme touchera toutes les institutions concernées du pays. Intégration avec limitation des spécialités de tout un chacun donc. Un moyen, et comme l'a bien souligné le ministre, de défendre l'Islam.