Quelque 850 familles vivent en danger permanent dans 300 bâtisses menaçant ruine dans les anciens quartiers de la Médina de Meknès. .--Par Nadia Abram--. Cette situation s'est aggravée, suite aux pluies abondantes qui se sont abattues durant les dernières années sur la région et qui ont provoqué l'effondrement d'un grand nombre de bâtisses et déclenché le délabrement de plusieurs autres, qui menacent ruine. Cette dégradation du tissu urbanistique de la Médina trouve son explication dans la vétusté des bâtisses, mais également dans la situation sociale et économique difficile de la majorité des familles qui résident encore dans ces maisons, notent nombre d'intervenants parmi les membres d'une Commission chargée du suivi de ces maisons durant la période des pluies. Selon M. Mohamed Tahiri, chef du service des monuments et maisons menaçant ruine à la commune urbaine de Meknès, quelque 30 maisons devenues inhabitables doivent être démolies avant leur effondrement, alors que d'autres doivent être restaurées. Mais ce qui complique davantage le travail des intervenants, c'est que nombre de ces maisons sont abandonnées par leurs propriétaires, a-t-il confié à la MAP. Plusieurs obstacles, a-t-il ajouté, entravent l'intervention des autorités en cas de démolition ou d'évacuation, qui se heurte le plus souvent au refus de la majorité des propriétaires qui affirment n'avoir pas les moyens financiers nécessaires pour accompagner cette action. Il a souligné, à ce propos, le bien fondé du programme de qualification urbaine en cours dans la ville en partenariat entre la municipalité et le Holding Al Omrane et qui devra traiter cette problématique, selon une approche tenant compte de la dimension sociale des bénéficiaires. Pour sa part, l'architecte Nabil Lahrache, du holding Al Omrane-Meknès, a fait savoir que les travaux de restauration, d'aménagement et d'entretien des monuments et bâtisses où résident quelque 850 familles devront prendre fin en décembre prochain, estimant que le coût global de l'opération s'élève à 48 millions de dirhams. Le projet a pour objectif principal, a-t-il dit, l'entretien des vestiges historiques de la Médina (portes et remparts qui remontent au règne du Sultan Moulay Ismaïl) et la restauration du tissu urbanistique de la Médina dans le but précisément d'en réduire les dangers sur la vie des habitants. Au cours de la deuxième phase de ce programme, les travaux vont être axés sur la qualification du tissu urbanistique de la Médina avant de se consacrer au cours de la troisième au renforcement des bâtisses menaçant ruine, a poursuivi M. Lahrache. Il s'est également attardé sur le bilan de cette action d'envergure, qui a permis jusqu'à présent à plusieurs familles d'être relogées dans les 40 maisons où les travaux d'entretien ont pris fin, ajoutant que 170 maisons seront bientôt disponibles, tandis que 30 autres bâtisses, devenues inhabitables seront démolies par les services de la commune urbaine. Il a, en outre, fait savoir que les travaux se déroulent dans des conditions difficiles, compte tenu de la vétusté et l'état de délabrement avancé des bâtisses, la proximité des eaux souterraines et le régime juridique de bon nombre des bâtisses qui sont le plus souvent la propriété de plusieurs héritiers. Mais ce qui complique davantage la situation à la Médina et rend difficile sa sauvegarde, c'est surtout son surpeuplement qui l'a transformé en "Fandaq", selon l'expression populaire. Dans une seule bâtisse, vivent dans certains cas jusqu'à 15 familles dont les membres sont obligés d'attendre leur tour pour aller dormir. En attendant, le Holding Al Omrane poursuit les travaux de qualification du tissu urbain de la Médina en coordination avec les habitants. Pour sa part, le ministère de l'Habitat a décidé d'accorder une subvention de 40.000 dirhams à toute famille désireuse d'acquérir un nouveau logement dont le prix ne dépasse pas 140.000 dirhams.