Tétouan, la Colombe blanche, capitale des arts classiques et des traditions culturelles arabo-andalouses, vit, à l'instar des autres villes du Royaume, le mois sacré du Ramadan dans la piété, le recueillement et bien évidemment la convivialité. Par Mustapha Kadaoui Une convivialité sans laquelle le Ramadan n'aurait pas de sens. Tétouan qui, à travers l'histoire, a connu une civilisation florissante et un mélange de cultures et de couleurs, s'est toujours enrichie par son contact permanent avec l'extérieur et a su garder ses traditions et conserver sa spécificité, notamment durant le mois du Ramadan et plus particulièrement au moment de la rupture du jeûne. Sobres, les tétouanais préférant ne pas sombrer dans l'excès se contentant de l'incontournable "Harira" accompagnée de la Baklaoua à base d'amendes, du Kouilech (chebbakiya) et de dattes, et pour certains, de lait et du fameux "jben" local dont raffole les populations de cette région du nord. Autrement dit, on mange léger. Pour le café accompagné de Sfouf ou autres délices, il faut attendre après le diner, servi aux environs de minuit. Quant au thé à la menthe, il n'est servi lui aussi qu'en cas de visite des parents, d'amis ou de voisins, c'est du moins ce qu'explique cette quadragénaire, tétouanaise pure souche qui cache mal son "incompréhension" à l'égard des tables un peu trop garnies et arrosées de toutes sortes de jus dans d'autres ville et régions du pays. En fait, le Ramadan dans cette ville, dont la culture est le produit de la rencontre de plusieurs peuples, religions et cultures- autant d'influences qui caractérisent l'originalité de Tétouan et son style de vie- est plutôt caractérisé par l'affluence en pareille période de Tétouanais sur les mosquées. Ces dernières, qui constituent la fierté des habitants de "Tittawen", comme par exemple Jamaa Al Kébir, construite par le Sultan Moulay Slimane au XVIIIè siècle, s'ajoutent aux "zaouïas" des "Raïssouni", "Harrakine", "Kettania" et autres. Autant d'endroits, la plupart située dans la Médina, qui invitent à la prière et au recueillement. Autre spécificité des Tétouanais, les soirées ramadanesques organisées, pour ceux qui peuvent se le permettre, par les Hadra Nissouiya, groupes de femmes qui, dans un rituel relevant du champ de la culture du soufisme, invoquent des louanges et des prières, à la gloire de Dieu de et son prophète Sidna Mohammed. Ces hadras se manifestent également à l'occasion des anniversaires, baptêmes, mariages, circoncisions et Moussem du Mouloud (Anniversaire de la naissance du Prophète Sidna Mohamed). Outre son cachet religieux, la ville de Tétouan s'enorgueillit également de sa position géographique à proximité de la Méditerranée et des stations balnéaires considérées comme les plus belles du pays, en l'occurrence Mdiq, Martil, Cabo Negro et Fnideq, prises d'assaut après la prière de Taraouih, par la population de Tétouan et des environs qui profite ainsi de la fraicheur de la brise marine et des promenades sur les corniches aussi belles les unes que les autres s'étalant à perte de vue au grand bonheur des promeneurs. Pour ceux qui s'adonnent à leur sport favori, comme le jogging ou tout simplement la marche avant la rupture du jeûne, ils n'ont que l'embarras du choix entre les plages au sable fin de Martil, Mdiq, Cabo Negro, Ristinga et Fnideq. Autant dire que le Ramadan dans cette partie nord du Royaume allie piété recueillement, convivialité et joie de vivre.