Moins de 12 heures après la clôture du scrutin référendaire de mercredi au Kenya, les résultats provisoires donnent une large victoire aux partisans de la nouvelle constitution qui propose, notamment, une décentralisation de certains pouvoirs présidentiels et davantage de libertés civiles comme elle ouvre une nouvelle ère pour le pays. - Par Hamid AQERROUT - Selon les résultats de la Commission électorale indépendante intérimaire (IIEC), le "Oui" l'a remporté par 4.164.434 de voix, soit 67 pour cent des voix exprimées contre 2.066.520 qui ont voté contre le nouveau texte. Les premiers résultats du scrutin ont commencé à affluer, depuis mercredi soir, au centre de dépouillement de la Commission à Bomas à Nairobi sous haute sécurité. Ainsi, avec une avance de plus de deux millions de voix, la nouvelle constitution est en passe d'être adoptée et seul un miracle pourrait tourner la marée en faveur du camp du "Non". En effet, la loi stipule que le projet de constitution doit obtenir le soutien de plus de 50 pour cent des électeurs pour qu'il soit adopté, condition actuellement remplie. La campagne des "Vert", couleur du "Oui" donnée par la Commission, a été dirigée par le Président Mwai Kibaki, 79 ans, et le Premier ministre Raila Odinga, 65 ans, alors que celle des "Rouge" (Non) a été conduite par plusieurs églises, quelques ministres dissidents, notamment celui de l'enseignement supérieur, William Ruto, et l'ancien président Daniel Arap Moï. Adopté en avril dernier par les députés, le projet de la nouvelle constitution vise à en finir avec une culture d'impunité caractérisée par une corruption rampante, le clientélisme politique, la saisie arbitraire des terres et la persistance des clivages tribaux qui minent le Kenya depuis son indépendance du Royaume-Uni, en 1963. Cette victoire permettra ainsi à M. Kibaki de mener à terme sa politique réformiste avant de partir en retraite en 2012, surtout après les élections controversées de 2007 qui ont reconduit le président au pouvoir et provoqué les pires violences politiques que le Kenya ait jamais connu depuis son indépendance. Plus de 1.133 personnes ont été tuées et 650.000 autres déplacées dans ces violences qui ont suivi le scrutin et entraîné le Kenya, la plus grande économie d'Afrique orientale, dans le doute et le désespoir. Déjà en 2005, une tentative d'adopter une nouvelle constitution avait échoué lorsque 57 pour cent des Kenyans avaient rejeté le projet, mais cette fois-ci, le référendum a suscité un grand intérêt national car les Kenyans ont pris conscience qu'ils ne votent pas uniquement pour eux mêmes, mais aussi pour l'avenir de leur pays devenu, en décembre 2002, le premier pays en Afrique de l'Est où une opposition a évincé, à la faveur d'élections démocratiques, une partie restée depuis longtemps au pouvoir.